Thomas Boudat refait le sprint de Ponferrada avant de dormir
A 20 ans, Thomas Boudat vient de vivre une saison de très haut niveau : Champion du Monde de l'Omnium, vainqueur du ZLM Tour sur la Coupe des Nations, 4e du Championnat d'Europe sur route, triple Champion de France sur piste. Mais le néo-pro du Team Europcar a encore du mal à digérer son sprint raté du Championnat du Monde Espoirs de Ponferrada. Il répond aux questions de DirectVelo.com.
DirectVelo : En début de saison, t'attendais-tu à gagner une classique comme le ZLM Tour ?
Thomas Boudat : Non, pas du tout. Je ne m'attendais déjà pas à être Champion du Monde de l'Omnium. Ce titre a déclenché pas mal de choses. Je n'avais plus de complexes après cela. Il faut dire aussi que la bonne ambiance en équipe de France, piste ou route, a facilité les choses. Si on va en sélection sans l'envie d'y aller, cela joue sur les performances.
Le Championnat d'Europe (4e) et le Championnat du Monde Espoirs (lire ici) sont-ils des déceptions pour toi ?
Le Championnat d'Europe, non. J'étais présent. Même si je gagne le sprint du paquet pour la 4e place, ce n'est pas une déception. Nous avions un coureur devant (Anthony Turgis 3e NDLR), c'est la course d'équipe.
En revanche, le Championnat du Monde reste un regret immense. J'y pense souvent le soir avant de m'endormir. On a des vélos à "15 000 euros" et ça déraille...
« J'AI PRIS DU VOLUME »
Comment avais-tu préparé le Championnat du Monde sur piste à Cali ?
J'ai fait un bon hiver. Quand je suis arrivé sur les Courses au Soleil en février, j'ai senti que j'avais passé un cap. J'ai fait plus de courses sur piste, au niveau international avec les trois Coupe du Monde, le Championnat de France, alors qu'avant je ne courais que sur le vélodrome de Bordeaux. L'Omnium fait travailler toutes les fibres. De plus, avec le Vendée U j'ai fait de gros stages sur route, tout ça aide à prendre du volume.
Comment as-tu géré ta saison avec tous ces objectifs sur piste et sur route ?
Il y avait un accord entre mes Directeurs sportifs et Hervé Dagorne [l'entraîneur des pistards endurance de l'équipe de France jusqu'à cette saison, NDLR]. Hervé savait que je devais faire du haut niveau sur route pour progresser sur la piste et inversement, la piste aide pour la route. Je respectais des micro-coupures de trois-quatre jours après chaque gros objectif : les Championnats du Monde, les Coupes des Nations. Après le Championnat d'Europe Espoirs sur piste, j'ai pris une semaine de vacances avant de préparer le Championnat du Monde sur route car je sentais que j'en avais besoin.
« JE DOIS MON TITRE A HERVE DAGORNE »
Que t'a apporté Hervé Dagorne ?
Un titre de Champion du Monde. Je pense que les deux manches du maillot arc-en-ciel sont pour lui. Il m'a beaucoup apporté sur l'aspect psychologique de l'Omnium. Il a déjà eu la médaille d'argent aux JO sur l'Omnium avec Bryan Coquard, l'or sur l'Américaine. Il a l'habitude des grands rendez-vous.
Son départ va-t-il t'être préjudiciable ?
Depuis le Championnat du Monde, on est dans le flou. Vincent Jacquet [le DTN, NDLR] et Steven Henry [le nouvel entraîneur de l'endurance sur piste] reconstruisent un environnement plus serein. Tout le monde a envie que ça marche pour les Championnats du Monde à Saint-Quentin. En ce moment, c'est Gaël Le Glédic qui me fait mes plans d'entraînement pour la musculation à Bordeaux. J'espère que Benoît Génauzeau [directeur sportif chez Europcar, NDLR] va pouvoir me suivre sur piste et sur route.
LE VELODROME DE BORDEAUX A LA BASE DE TOUT
S'il n'y avait pas de vélodrome à Bordeaux serais-tu à ce niveau ?
Sans le vélodrome de Bordeaux je n'aurais jamais fait autant de piste. On m'a proposé de partir à Paris pour m'entraîner. J'ai refusé. Mes racines et mes repères sont ici.
Après les JO de Rio, continueras-tu à courir l'Omnium ?
Après 2016, peut être pas. L'Omnium est une discipline très dure physiquement et moralement. Un Omnium demande beaucoup de concentration sur deux jours. Mais je reviendrai sur la piste.
MARQUAGE SUR LA COURSE AUX POINTS
Avec le recul de plusieurs compétitions, que penses-tu du nouveau règlement de l'Omnium (lire ici) ?
Ce n'est plus du tout pareil. La stratégie a changé. Avant, la course aux points placée en 2e épreuve était ouverte avec beaucoup d'attaques. Maintenant il y a plus de marquage avant les sprints. En Coupe du Monde, il faut être plusieurs à vouloir dynamiter la course.
Actuellement tu t'entraînes comme un routier ou comme un pistard qui prépare le Championnat du Monde ?
Comme un routier-pistard. Je travaille à la fois les très hautes intensités et j'accumule un gros foncier. Je ferai mes débuts sur route avec Europcar au Challenge de Majorque fin janvier avant l'Etoile de Bessèges et un stage piste avant les Championnats du Monde (18-22 février).
Crédit photo : Nicolas Gachet - DirectVelo.com