Laurens De Plus : « J'ai beaucoup appris »
Meilleur jeune de la Ronde de l'Isard, 2e du classement général (lire ici) et vainqueur du classement par points, Laurens De Plus (Lotto-Soudal U23) s'affirme désormais comme un chef de file et un grimpeur redoutable pour les courses à étapes. A retrouver sur le Tour des Pays de Savoie, le Tour du Val d'Aoste et probablement le Tour de l'Avenir. Confidences du coureur de 19 ans au lendemain de sa prestation dans les cols.
DirectVelo : Ta 2e place au classement général montre que tu avais raison de nourrir des ambitions pour la Ronde de l'Isard. Pourtant, avant le départ, tu manquais de références personnelles sur les courses par étapes. Qu'est-ce qui te rendait confiant ?
Laurens De Plus : L'an passé, j'ai beaucoup roulé pour Tiesj (Benoot) ou Louis (Vervaeke). Quand je terminais 15 minutes derrière eux, on ne se rendait pas compte du travail que j'avais accompli. Mais moi, je sentais bien que j'avais les jambes pour faire de bonnes choses en montagne. Sur la 2e étape de la Ronde de l'Isard 2014, quand j'ai chuté dans la descente du Menté, il ne restait plus que dix coureurs dans le groupe du maillot jaune. Donc, je savais que je pouvais jouer un Top 10 un jour, surtout si Louis passait pro et que je pouvais mener ma propre course.
Qu'as-tu appris de cette épreuve, pendant quatre jours, en montagne ?
Beaucoup de choses. Par exemple, que ce n'est jamais facile ! Tu peux avoir l'objectif de gagner, mais il y a beaucoup de bons coureurs qui espèrent la même chose que toi. Les circonstances peuvent tout faire dérailler. Par exemple ma crevaison au pied du Plateau de Beille. Quand on gagne, on a surmonté toutes les difficultés. C'est pour ça que j'ai du respect pour le vainqueur.
« MANQUE DE REUSSITE »
Tactiquement, qu'as-tu appris ?
Il vaut mieux être en position défensive, comme Simone Petilli, qui a pris le maillot jaune le premier jour. La place de 2e au classement général oblige à prendre des risques, qui ne marchent pas toujours. J'ai tenté de prendre ce maillot, sans réussir. Pourtant, nous avions un plan dans l'étape de Beille vendredi et dans l'étape des trois cols (Port, Agnes et la Core) dimanche...
En quoi consistait votre tactique ?
Avant la montée de Beille, nous voulions piéger le maillot jaune dans la descente placée juste avant. Nous avions reconnu le parcours avec Jean-Albert (Carnevali) quelques jours plus tôt et nous avions vu qu'il était possible de tenter un coup. La descente était assez dangereuse. Toute l'équipe a attaqué, Petilli s'est retrouvé seul. Tout fonctionnait bien jusqu'à ce que je crève au bas de la descente. J'ai entamé l'ascension du Plateau de Beille lâché du maillot jaune ! Tout le contraire du plan.
Et dimanche, vous pouviez renverser le classement ?
Nous le voulions. Dries (de Gestel) et Jean-Albert devaient aller dans des échappées et me servir de point d'appui dans la descente entre le sommet du dernier col et l'arrivée à Saint-Girons. Ensemble, nous aurions pu essayer de lâcher le maillot jaune et combler mes dix secondes de retard au classement général. Malheureusement, le vent soufflait de face toute la journée. Un foutu vent ! Je n'ai jamais pu sortir. C'est là que notre directeur sportif a dit à Dries, qui se trouvait en tête, de ne pas m'attendre et de jouer la victoire. Nos tactiques étaient bonnes. Walt de Winter, notre directeur sportif, a juste arrêté sa carrière cet hiver, il a toujours de bonnes idées. Mais nous avons manqué de réussite.
« UN PLAISIR D'ETRE LEADER POUR CETTE EQUIPE »
Désormais, te considères-tu comme un grimpeur ?
Oui. J'aimais déjà les bosses depuis le Tour du Valromey Juniors. Mais depuis l'étape du Plateau de Beille jeudi, je sais de quoi je suis capable. Il me faut un col long, que je peux monter à mon rythme. Je n'aime pas les à-coups contrairement à un coureur comme Guillaume Martin (4e du classement général, NDLR). Je ne suis pas non plus capable de creuser un écart de 150 m sur mon démarrage, comme Louis (Vervaeke) le faisait. Mais je peux rouler fort en tête de groupe, avec une cadence élevée, opérer la sélection et finir dans un mano a mano. C'est ma façon de grimper.
Le boulot de leader d'équipe, ça te convient ?
C'était la première fois sur la Ronde de l'Isard. J'ai essayé de chasser le stress. Quand tu es dans une équipe d'amis, c'est facile. J'ai eu des gars formidables autour de moi toute la semaine. C'était un plaisir d'être leader. Quand tu les as devant toi en file indienne, dans le peloton, tu ressens de la fierté. Ça vaut toutes les places d'honneur sur des étapes ! Dimanche, je les ai invités à manger et boire un coup au bar de l'aéroport de Toulouse. J'aurais bien voulu que nous fassions un McDonald's (rires) mais certains ont des rendez-vous importants prochainement !
Ce qui est ton cas : tu es engagé sur la Course de la Paix Espoirs, du 29 au 31 mai, en République Tchèque.
Oui, je suis très motivé par cette épreuve de la Coupe des Nations. Jean-Pierre Dubois (le sélectionneur national belge) m'a dit : « Avec la forme que tu as, tu es capable de faire un bon résultat ». Mais le leader, cette fois, sera Loïc Vliegen. Peut-être qu'on pourra jouer sur tous les tableaux : lui pour les victoires d'étapes, moi pour une bonne place au classement général.
Crédit photo : Freddy Guérin - www.directvelo.com