Martial Roman : « Je retrouve mon niveau »
Enfin des points pour le Team Probikeshop Saint-Etienne Loire. Avec Martial Roman (8e) et Guillaume Bonnet (23e) dans les vingt-cinq premiers à l'arrivée, le club ligérien a obtenu 52 unités alors qu'il n'en comptait que trois après trois manches. Pour Martial Roman il y a forcément du soulagement, mais le coureur de 28 ans sait que son équipe n'est pas encore à l'abri comme il le confie à DirectVelo.
DirectVelo : Deux coureurs dans les points au Tour du Lot-et-Garonne, ça doit vous faire du bien...
Martial Roman : C'est pas mal mais avec un peu plus de réussite on aurait pu faire mieux. Nous étions trois à être protégés au départ : Clément (Russo), Guillaume (Bonnet) et moi. Nous avions pour consigne de ne pas bouger et d'attendre le final en espérant échapper aux crevaisons. Malheureusement c'est ce qui est arrivé à Clément qui a percé dans le dernier chemin. C'est dommage parce qu'il avait l'air d'avoir de bonnes jambes et je pense qu'il aurait facilement pu rentrer dans les points au sprint. Guillaume a lui manqué de fraîcheur sur la fin, il fait toujours beaucoup d'efforts pendant la course.
Dans quel état d'esprit étiez-vous au départ ?
Le club vit mal la situation actuelle, le staff voulait absolument éviter de revivre ce qu'il a connu cet hiver (lire ici). Nous avions un peu de pression mais Cyril (Dessel) a beaucoup pris sur lui. Nous avons couru après les points mais on n'oublie pas pour autant la victoire, quand on est cycliste on espère toujours lever les bras. On est remonté au classement mais nous ne sommes pas sortis d'affaire et il faudra continuer sur cette lancée lors des prochaines manches.
« JE NE REGRETTE PAS MON CHOIX »
A titre personnel, quel bilan fais-tu ?
La course s'est bien passée pour moi, j'ai géré mes efforts. C'est une satisfaction d'accrocher un Top 10 en Coupe de France après avoir connu un début de saison plus que compliqué. J'ai été malade mi-février et j'ai eu du mal à m'en remettre. Ça va seulement faire trois semaines que je retrouve mon niveau. En fait mes sensations sont plutôt bonnes depuis le GP de Saint-Etienne. J'avais une grosse motivation là-bas, parce que c'était une course importante pour le club mais aussi parce que mon père l'a disputée quand il était coureur et qu'elle lui plaisait. J'avais les jambes pour terminer sur le podium mais je manquais cruellement de confiance et quand Maxime Le Lavandier et Etienne Fabre ont attaqué, je ne les ai pas suivis alors que j'en avais les moyens. Ça m'a quand même mis du baume au cœur parce que j'ai traversé une période de doutes au cours de laquelle je me suis beaucoup remis en question. J'arrive à enchaîner les Tops 10 depuis trois semaines, c'est bon pour la confiance. Maintenant j'espère confirmer dans les semaines à venir et gagner rapidement.
Pourquoi avoir rejoint le Team Probikeshop Saint-Etienne Loire cet hiver ?
J'avais plusieurs choix possibles à la fin de la saison dernière et j'ai opté pour Saint-Étienne pour plusieurs raisons. J'avais toujours eu de bons rapports avec Maxime Larue (directeur sportif) et j'ai eu un super feeling avec Cyril Dessel (coordinateur sportif) qui commence à prendre une place importante dans la gestion du groupe. Je voulais me rapprocher de ma famille qui vit dans la région de Périgueux. Mais ce qui a fait une grosse différence par rapport à certains club du sud, c'est le programme de course qui me plaisait beaucoup. Le groupe vit très très bien ensemble et il monte en pression de week-end en week-end, j'espère que ça va durer.
« UN VRAI MANQUE DE RESPECT »
Comment s'est passée ton adaptation ?
C'était la première fois que j'arrivais dans un club où je ne connaissais les coureurs que de nom. J'ai été très bien accueilli et j'ai découvert des mecs simples et super sympas. A chaque fois que je pars sur une course je suis content, vraiment. L'adaptation en DN1 a par contre été difficile. J'ai été choqué pour l'attitude de nombreux coureurs. Certains se prennent déjà pour des champions, d'autres frottent beaucoup trop, il y a un vrai manque de respect. Quand je suis arrivé en Elite il y a dix ans, personne ne traversait la route devant le peloton à l'approche d'un sprint... Aujourd'hui, on ne se pose plus la question de savoir si le gars qui est derrière va pouvoir réagir à temps. Et puis beaucoup se mettent un pression terrible en Coupe de France ce qui provoque une grande tension dans le peloton et fatalement des chutes.
Tu ne sembles pas apprécier le format actuel de la Coupe de France...
Quand j'étais plus jeune il n'y avait pas ce système de montées-descentes. Cela met trop de pression sur les clubs et par ricochet, sur les coureurs. Je ne suis pas sûr que ce soit formateur pour les jeunes, ni que ça reflète vraiment le niveau des effectifs. Les courses ressemblent à celles qu'on trouve chez les pros mais elles ne permettent pas de s'aguerrir au combat. Si ça ne tenait qu'à moi j'arrêterais tout ce qui est limitation d'âge, parce qu'il faut savoir que les clubs de DN1 n'ont droit qu'à deux coureurs de plus de 25 ans dans l'effectif. Le niveau amateur est en train de baisser, on a des anciens qui sont relégués en DN2 ou DN3 alors qu'ils ont parfaitement le niveau pour courir en première division, ça ne fait pas bon effet. Au lieu de ça, on se retrouve avec des gamins qui n'ont pas un niveau suffisant pour être alignés en Coupe de France... On axe trop sur la formation alors que ce qu'on fait en France au niveau des Espoirs est déjà très bien. En Rhône-Alpes par exemple il y a beaucoup de clubs de DN1 et DN2, ce qui fait que ce n'est pas évident de dénicher des bons jeunes. D'autant qu'il y en a de moins en moins sur le vélo...