Audrey Cordon-Ragot : « Une saveur particulière »
Championne de France en titre, Audrey Cordon-Ragot a décroché son deuxième maillot tricolore consécutif dans l'épreuve du contre-la-montre. Malgré la chaleur, les deux côtes du parcours et une préparation axée sur les Jeux Olympiques de Rio, elle s’est imposée devant Edwige Pittel et Elise Delzenne. Pour DirectVelo.com, elle est revenue sur sa course, sa stratégie et un possible doublé samedi sur la course en ligne.
DirectVelo : Selon toi, où s'est faite la différence ce jeudi ?
Audrey Cordon-Ragot Ce qui rendait le parcours vraiment dur, c'est la chaleur. Sous le casque de chrono, c'est l'enfer. On est dans des positions pour aller vite, mais qui sont loin d'être idéales pour conserver une température supportable.
« JE SAVAIS QUE LA DEUXIEME PARTIE ME CORRESPONDAIT »
Tu avais établi ta tactique avant le départ ?
C'était vraiment un chrono de gestion, et ce n'est pas forcément ce que je préfère. J'ai tendance à partir lentement et à finir fort. Aujourd'hui, c'est ce que j'ai fait, mais le problème, c'est que dans les côtes comme on a eu, on ne peut pas partir lentement. On est forcément à bloc d'entrée de jeu. Du coup, l'enjeu pour moi était de me contenir dans la bosse, malgré la difficulté et le public qui pousse à aller toujours plus vite. Il fallait basculer au sommet de la deuxième bosse avec le moins de retard possible. Je savais que je ne pouvais pas être en tête au premier intermédiaire, compte tenu des qualités de grimpeuse de concurrentes comme Elise, par exemple. Il fallait donc limiter la casse au maximum sur le début, tout en restant dans la course pour la gagne. Je savais que la deuxième partie me convenait plus et que je pourrais refaire mon retard.
En étant 2e au second pointage, as-tu douté ?
J'ai vu que j'avais 10" de retard sur Edwige. Et c'est drôle, parce que l'an dernier, j'avais aussi 10" de retard sur Pauline au premier intermédiaire. Du coup, je ne me suis pas énervée, et je me suis dit que la deuxième partie était plus pour moi, que c'était à mon tour d'appuyer sur les pédales et de souffrir plus que les autres.
« J'AI BEAUCOUP SOUFFERT AVEC LA CHALEUR »
Le parcours semble t'avoir beaucoup inspiré...
C'est vrai que c'est un chrono qui me convenait très bien, je suis en bonne condition ces derniers temps, donc tous les éléments étaient réunis pour que tout se passe bien aujourd'hui. J'ai beaucoup souffert, je manque un peu de fraîcheur, et la température n'a pas arrangé les choses. Plus généralement, je sais que maintenant, je vais pouvoir dérouler jusqu'aux Jeux de Rio. Aujourd'hui c'était le test final avant le grand événement que sera le chrono des Jeux. Du coup, c'est un test réussi.
D'un point de vue personnel, quelle signification revêt ce maillot ?
Quand tu as la possibilité de porter le maillot bleu-blanc-rouge, c'est toujours particulier. Je suis très fière de mon pays, de mes racines, de ma région... Et d'un autre côté je suis la seule française dans une équipe étrangère, donc ce maillot tricolore a une saveur particulière pour moi. Il a une vraie signification. Je vais le porter dans les chronos avec Wiggle, sur le prochain Giro à deux reprises... J'ai vraiment hâte de courir avec !
« LE DOUBLE, J'Y PENSE »
Le fait d'avoir disputé une course aussi dure à deux jours de la course en ligne peut-elle devenir un désavantage ?
Pour samedi, c'est évident que toutes les filles qui n'ont pas fait le chrono seront plus fraîches que nous. Maintenant, nous sommes des professionnelles, et c'est à nous de réunir les conditions pour récupérer au mieux pour samedi. De toute façon, les favorites de samedi sont celles qui ont fait le chrono aujourd'hui, à l'exception de Pauline. Après, on ne sait pas vraiment où elle en est au niveau de sa forme. Si elle n'a pas fait le chrono, c'est aussi parce qu'elle a eu peu d'occasion de s'entraîner avec son vélo spécifique, à cause de ses soucis de santé. C'est probablement mieux pour elle qu'elle se soit réservée pour la route, et qu'elle essaie de faire la meilleure course possible. La bagarre n'en sera que plus belle. De toute façon, la stratégie pour samedi ne changera pas. Je ferai ma course, toujours dans l'optique de préparer les jeux. Je ne calque pas ma course sur les autres, et je me concentre sur ma propre stratégie. Pour moi, les filles à battre samedi sont les deux qui m'entourent sur le podium aujourd'hui.
Commences-tu à penser au doublé ?
Le doublé, j'y pense. Il faut que je récupère bien. Maintenant, ils prévoient un peu moins de chaleur, mais ce serait une bonne chose d'avoir un peu moins chaud sur un circuit dur comme celui-là. Je vais commencer par savourer, puis je prendrai les choses comme elles viennent. Samedi, la sélection se fera d'abord par l'arrière. Le parcours est très dur, je pense que peu de filles termineront la course... et ce sera pareil pour les garçons. Le fait d'être seule dans l'équipe me retire un peu de pression pour la mettre sur les grosses équipes comme Futuroscope. Il faudra attaquer au bon moment, mais ça se fera dans l'instant.