La veille du début du Championnat d'Europe sur piste, François Lamiraud a massé pendant une heure Mher Mkrtchyan, en musique. Au programme, Charles Aznavour et Edith Piaf. Le coureur arménien aime les deux chanteurs français que les moins de vingt ne connaissent pas beaucoup. "Ça aide pour apprendre le français", note le coureur polyglotte et globe-trotter. Quand on est Arménien et coureur cycliste, il ne faut pas avoir peur de quitter son pays. "J'ai beaucoup voyagé", rappelle-t-il à DirectVelo. Il faut aussi faire avec les moyens du bord.

Cette année, le coureur de 23 ans a donc posé ses valises à Charvieu-Chavagneux sur les conseils de Tigran Korkotyan, l'ancien coureur du Chambéry CF (lire ici). Arrivé depuis cet été (lire ici). Pour participer au Championnat d'Europe, il a reçu l'aide de sa fédération et de son club de Charvieu-Chavagneux IC. "C'est moitié-moitié".

Pour s'entraîner sur la piste, il va au vélodrome de la Tête d'Or à Lyon et sur l'anneau de Saint-Etienne. Michel Meunier, Marc Pacheco sur son derny et François Lamiraud l'entraînent et le conseillent. C'est d'ailleurs le recordman de France de l'Heure qui joue le rôle de chef d'équipe de l'Arménie sur ce Championnat. "Michel Meunier ne pouvait pas venir, alors je suis directeur sportif pour la semaine", sourit François Lamiraud. Directeur sportif mais aussi soigneur, mécano. Il bichonne le vélo et les jambes de son coureur. Il fait aussi attention à son estomac. "Mher a encore des progrès à faire sur l'alimentation comme par exemple sur le Nutella."

Mercredi soir pour sa première compétition à Saint-Quentin-en-Yvelines, Mher a longtemps bataillé pour prendre un tour sur le scratch. Un peu trop même au point de se retrouver en croustille, tout seul entre un attaquant et le peloton. Il aura une nouvelle chance sur la course aux points. C'est d'ailleurs sur ces deux disciplines qu'il a décroché deux médailles mondiales chez les Juniors en 2011.

Pour la suite, il cherche des mécènes pour l'aider à participer aux manches de Coupe du Monde l'année prochaine, "pour marquer des points pour participer aux Jeux olympiques", espère-t-il. "Le vélo n'est pas très populaire en Arménie. C'est à moi de me faire connaître des Arméniens en France ou dans les autres pays." S'il réussit il pourra faire tourner sur les pistes le maillot coloré de son pays : "Le rouge c'est pour le sang du génocide et de la Libération. Le bleu, pour le bleu du ciel et l'orange, pour l'abricot qui est originaire d'Arménie", explique-t-il. Et avec sa volonté de bien faire, "tout est possible, comme me dit François."