La FFC veut remettre les pendules à l’heure

Crédit photo Www.velofotopro.com

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La formation française a-t-elle un problème avec le contre-la-montre ? Pour trouver le dernier coureur français Champion du Monde du contre-la-montre il faut remonter à Laurent Jalabert en 1997 (Jérôme Coppel a pris la médaille de bronze à Richmond en 2015). Pire encore, pour trouver la dernière victoire française sur un contre-la-montre du Tour de France il faut remonter à Jean-François Bernard en 1987. Christophe Moreau s’était lui imposé sur le prologue du Tour à Dunkerque en 2001.

« JE NE VAIS PAS INVENTER UN ROULEUR »

Cette disette coïncide avec l’absence des coureurs tricolores au palmarès des Grands Tours. Ces dernières saisons, le chrono a même privé certains des meilleurs Français d’une victoire sur un classement général qu’il s’agisse de Tony Gallopin sur Paris-Nice en 2015 , de Thibaut Pinot et Warren Barguil sur le Tour de Suisse ou plus récemment, le même Thibaut Pinot éjecté du podium du Giro suite au contre-la-montre final.

La question des performances françaises sur l'épreuve de vérité a donc été posée au sélectionneur de l’Equipe de France Elites, Cyrille Guimard qui a fait du Guimard. “Je ne vais pas inventer un coureur qui a une VO2 max énorme et un gros moteur. On ne le créera pas d’un coup mais il faudra engager un travail de fond, prévient-il. Nous avons depuis quelques années une carence en ce qui concerne les grands rouleurs”.

La Fédération veut faire du contre-la-montre un objectif dans les prochaines années. “Nous voulons mettre en place un système de détection dans les clubs pour pouvoir détecter les potentiels rouleurs”, assure le nouveau DTN Christophe Manin (lire ici). Le Président de la FFC confirme cette piste. “Je veux que les recherches du pôle performance à Saint-Quentin descendent vers les clubs. Il faut que ces expertises aident les entraîneurs dans leur travail quotidien ”, ajoute Michel Callot.

Mais réduire le problème à la formation paraît injuste comme le prouvent les derniers résultats dans les catégories de jeunes. Aux derniers Championnats d’Europe Alexys Brunel a remporté le titre Juniors et Rémi Cavagna, la médaille de bronze des Espoirs. “Il a fait de belles performances notamment sur le Tour de Belgique (5e de la 3e étape, clm). Il est passé au travers de ce championnat (retrouvez sa réaction). Mais c’est quelqu’un qu’il faut surveiller”, dit-il au sujet du coureur de Quick Step Floors. De même les résultats des poursuiteurs peuvent aussi laisser penser que la France a aussi des “gros moteurs” dans son vivier. C’est une fois chez les pros que cela devient plus difficile. Dernier exemple avec Yoann Paillot (Champion d’Europe Espoirs en 2011, vice-champion du Monde en 2013). “On ne m'a pas assez fait confiance. J'avais la sensation d'avoir perdu de la crédibilité aux yeux de l'entraîneur ; du coup, je n'ai quasiment pas eu la possibilité de faire de chrono”, déclarait-il à son retour à l’Océane Top 16 au début de la saison dernière (lire ici). Matériels, tests en soufflerie, reconnaissance : le contre-la-montre est autant une affaire de spécialistes que d'équipes.

« NOTRE TRAVAIL SERA DE PROPOSER DES ÉPREUVES »

Le problème sur lequel tout le monde s'accorde c'est l'organisation de courses contre-la-montre. Les coureurs Amateurs ou Juniors n’ont que très peu d’occasion de se tester contre le chronomètre.  En dehors des Championnats les occasions sont rares : Chrono des Nations aux Herbiers et le Chrono de Touraine-Tauxigny en Elites. Les coureurs le répètent, ce n’est pas assez pour avoir des références. Les autres chronos ont lieu lors des courses à étapes. Ils sont pour la plupart des efforts entre 15 et 20 minutes.

Difficile de jeter la pierre aux organisateurs. Organiser un chrono est compliqué (fermeture de la route, bénévoles en nombre) et a souvent un coût supplémentaire si une journée lui est dédiée sur une course à étapes. “On sait qu’il y a un lien entre la proposition de compétition et ce que l’on formera comme coureurs. Le problème est identifié. A nous de réfléchir pour répondre à cette demande. On doit travailler avec la Ligue pour être capable de former des coureurs bons dans tous les domaines. La formation n’évoluera pas en deux ans mais sur des décennies oui. On fera notre travail du côté de la Fédération pour proposer un nombre d’épreuve”, promet Michel Callot.

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