Cinq questions à David Chopin

Sociétaire de la formation Hennebont Cyclisme, répertoriée en DN espoirs, David Chopin est le champion de Bretagne Espoir en titre. Il a cumulé trois victoires en 2009 qui s'ajoutent à un grand nombre de places d'honneur. Le Costarmoricain d'origine a semble-t-il trouvé la bonne carburation depuis qu'il évolue au sein du club hennebontais. Pour www.directvelo.com, il a accepté de se confier et analyse avec un oeil lucide sa passion de coureur cycliste.

DirectVélo : Tu entames ta deuxième saison au sein de la formation Hennebont Cyclisme, club dans lequel tu sembles t'épanouir pleinement…

David Chopin : Un coureur première catégorie, quel que soit son niveau, est un amateur, et par définition, court pour le plaisir. Même si, ne le cachons pas, les clubs de haut niveau lui demandent de faire le métier comme un pro, mais sans en avoir les avantages, notamment le salaire. Dans un club DN1 par exemple, où l’encadrement reste, et c’est une bonne chose, professionnel, avec des managers, des entraîneurs, mécaniciens, assistants salariés, il est quand même étonnant de laisser ceux qui pédalent, à quelques exceptions près, dans une situation précaire avec seuls salaires l’espoir d’intégrer un jour une équipe pro, ou des frais de route… Derrière la vitrine de la Coupe de France ou des classiques, toujours amateurs, de haut niveau, ce système place ses acteurs dans une situation sociale très peu enviable. Oui, dans ce cas-là, le cyclisme n’a rien à voir avec l’école de la vie et le sport ne contribue pas à l’épanouissement de l’homme. Pourquoi, en parallèle de la compétition, quand le coureur ne suit pas des études bien entendu, ne pas proposer au sein des clubs, une formation, un emploi à mi-temps. Un sportif ayant des résultats est avant tout un homme équilibré. C’est la raison pour laquelle je me sens on ne peut mieux à Hennebont Cyclisme. Même si nous nous sentons des obligations vis-à-vis des dirigeants bénévoles, il n’existe aucun lien de subordination. On ne marche qu’à la gratitude et au respect de chacun. Le président Cédric Le Ny, Georges Le Bourhis, Gaby Morantin ou Steven Martin, nous placent dans d’excellentes conditions. On sait où l’on est et, sans prétention, on fait avec nos moyens. Cela n’empêche pas d’avoir des ambitions. Cette année, le programme est encore très intéressant avec toutes les classiques bretonnes, l’Essor Breton, la Mi-Août, le KBE, les Deux-Sèvres ou encore le Nivernais-Morvan. Avec toutes les autres belles épreuves en Bretagne, franchement, on est occupé pour la saison.

Ta saison 2009 a été très bonne. Quel est ton meilleur souvenir hormis ce titre de champion de Bretagne Espoir ?
Les victoires sont forcément de bons souvenirs, d’autant plus quand il n’y en a que trois. Je ne suis pas aux treize de Laurent Pichon ! Mais je retiens surtout l’épreuve en ligne du Circuit du Méné où je méritais mieux que la deuxième place, Manche-Océan où le peloton revient dans le dernier tour, comme sur l’étape du KBE dans le Miniou… Mes quelques places sur les classiques bretonnes et les critériums où je prends vraiment mon pied. Gagner dans la côte de Cancale devant Guillaume Malle, qui reste à mes yeux l’un des meilleurs grimpeurs français, ou à Saint-Brieuc devant Ludovic Poilvet, ce dernier ratait de peu le titre de champion de Bretagne trois jours plus tard, n’a rien pour moi de dévalorisant. Et quand je me souviens d’un grand entraîneur, ou présumé tel, qui m’interdisait de faire, comme il dit, des « critos », je ne regrette pas aujourd’hui encore, d’avoir désobéi. Ce genre d’attitude, répandue chez les encadrants, est complètement désobligeante pour les organisateurs, surtout à notre niveau.

Tu côtoies cette saison Erwan Clément et Florian Auberger à Hennebont. Vous allez pouvoir reconstituer un "clan Super Sport"...
J’aime bien le mot clan quand il s’agit d’amitié. On partage une même conception, du sport, même de la vie. L’an passé, sur le Bretagne de Melrand, Florian n’a pensé qu’à moi dans le final, car il y croyait. Ca a failli marcher. Sans Vilchez, qui est hors-catégorie quand il nous domine, je pense que personne ne revenait quand j’ai attaqué dans la dernière bosse. C’est comme ça. Mais je peux quand même rouler avec le maillot à hermines des espoirs. Sincèrement, je ressens toujours au départ cette saine fierté de le porter. Quant à Erwan, si un jour quelqu’un pouvait exploiter tout son potentiel, il ne resterait pas longtemps chez les amateurs. Cette saison, avec toute l’équipe, on va tenter de se frayer de temps en temps un chemin entre les grosses écuries. Cela ne va pas être facile car tous les Bretons marchent fort depuis le coup d’envoi.

Relativises-tu ta passion de coureur cycliste et donnes-tu maintenant la priorité à ton métier de journaliste ?

Non, loin de là. Quoi qu’il arrive, la passion reste intacte. Je ferai toujours du vélo, et j’ai bien peur d’ailleurs de ne jamais raccrocher. Je crois que je suis « coureur cycliste dépendant », je n’arriverai jamais à décrocher, ce qui, au passage, a franchement tendance à agacer mon père, lequel, sans pour autant approuver mes choix, les accepte et continue de m’aider. La passion me rend tellement aveugle que je rêve toujours du Tour de France, c’est dire ! Quand j’étais stagiaire au Crédit Agricole, fin 2008, Jean-Jacques Henry était persuadé que mon rêve allait se réaliser. Le pire c’est qu’il le pense toujours et j’ai la faiblesse de le croire encore. En tout cas, lui et Serge Beucherie, et alors que l’équipe Crédit Agricole pouvait encore repartir, m’avaient dit qu’ils me faisaient signer mon contrat.

Que te reste-t-il de ce stage avec le Crédit Agricole ?

C’est du passé, cela n’a débouché sur rien, mais je leur suis tout même extrêmement reconnaissant d’avoir pris à l’époque cette décision. Il y a prescription maintenant, je peux en parler. Dans l’histoire, je n’oublie évidemment pas Roger Legeay dont je retiendrai les gestes humainement très honorables à mon égard. Cela restera assurément une belle rencontre. Malgré tout ça, et fort heureusement, un éclair de lucidité arrive parfois à percer ma passion. Plaisanterie mise à part, j’ai toujours aimé écrire et j’ai trouvé à Ouest-France de vrais professionnels avec qui j’essaie de progresser à chacun de mes papiers. C’est comme dans le vélo, on progresse avec des plus forts que soi. Là, oui, c’est l’école de la vie. En plus, j’ai la chance d’avoir un patron cycliste, Frédéric Barillé (un ancien coureur du BIC 2000) pour ne pas le citer, il est très indulgent avec moi. Alors quand on roule parfois ensemble le week-end, je le suis aussi avec lui, même si je dois rester vigilant quand on fait les pancartes.

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David Chopin analyse avec un oeil lucide sa passion de coureur cycliste /
Crédit Photo : www.velofotopro.com

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