Tour de France : Sur les traces de Louis Meintjes

Crédit photo Renaud Collette / DirectVelo

Crédit photo Renaud Collette / DirectVelo

A l'occasion du Tour de France 2017, DirectVelo repart « Sur les traces de... ». L'objectif ? Mieux connaître un coureur présent sur le Tour de France, grâce à un équipier, adversaire ou dirigeant qui l'a connu chez les Amateurs. Rendez-vous aujourd'hui avec Louis Meintjes (25 ans), l'actuel huitième du classement général, également à la lutte pour le maillot blanc de meilleur jeune. Le témoin ? Joseph Boulton, son directeur sportif à son arrivée en Belgique en 2011 à l'UC Seraing. Toujours en contact avec le grimpeur sud-africain, il raconte ses souvenirs de son passage chez les Espoirs.

« Louis Meintjes est venu en Belgique grâce à Jo Van Gossum, en 2011. Il était Espoir première année. Il venait pour trois mois uniquement car son Visa était valable pour une durée limitée. Pour lui, la Belgique était un échappatoire et une rampe de lancement. Il ne venait pas pour plaisanter. Pour sa première course, le Triptyque Ardennais, qui est quand même bien réputé en Belgique, il avait remporté la dernière étape. Il était sorti avec un coureur néerlandais de Lotto-Soudal, Brian Bulgac, qui jouait le général et Louis la victoire d'étape. Ils ont directement collaboré. Sur le final, Louis Meintjes l'a déposé dans la côte menant au Stade de Bielmont à Verviers. Il avait directement fait sensation. Pour nous à l'époque, une équipe de club, c'était la consécration. On parlait de l'UC Seraing dans les journaux.

« HUMBLE SUR UN VÉLO ET DANS LA VIE »

Ce jour-là, je me suis dit, voilà un tout fin, pas plus gros que moi, qui a du potentiel. Cela se voyait à sa musculature. Jean Mathy, qui le massait sur cette épreuve partageait également le même avis. Il me disait : "on voit la peau se décoller du muscle, on dirait une feuille de papier". On voyait toutes les veines à travers. Nous avons tout de suite compris que ce garçon pouvait aller loin.

Pourtant, il n'avait pas l'âme d'un leader. Il a toujours été humble dans la vie et sur un vélo car c'est un garçon qui n'oublie pas d'où il vient. D'ailleurs, je me rappelle d'une anecdote. J'avais des boyaux qui traînaient dans la cave depuis dix ans vu que je ne roulais plus avec et pour le récompenser de ses efforts, je les lui ai offerts. Pour lui, c'était comme si je lui donnais la lune car il faut aussi préciser qu'il n'avait pas un vélo extraordinaire. Au quotidien, c'était une crème. Il était poli avec tout le monde. Il ne se disputait avec personne. D'ailleurs, je me rappelle de la seule altercation qu'il a eu avec un coureur, c'était sur Romsée-Stavelot-Romsée. Hophra Gérard lui avait reproché d'avoir sucé sa roue trop longtemps. Le petit, tout désarçonné, se demandait ce qu'il lui arrivait. Sa mimique était mémorable.

ATTENTISTE, DEPUIS SES DÉBUTS

Aujourd'hui, je suis fier de voir son parcours car nous avons le sentiment d'avoir contribué à son développement. Il s'est construit par étapes. Après être passé par chez nous, il a été chez Lotto-Soudal Espoirs puis il a fait le bond. Beaucoup de coureurs se précipitent de nos jours sur le moindre contrat professionnel sans réfléchir aux bonnes étapes à franchir dans leur carrière alors que lui a pris son temps. C'est génial de le retrouver avec les meilleurs grimpeurs de ce Tour de France même si je le trouve assez attentiste et calculateur. Je retrouve le même coureur qu'à l'époque de l'UC Seraing. Son talent naturel le propulsait à l'avant de la course, sans prendre d'initiatives. J'ai envie de lui crier dessus quand je le vois à la télé. Il a selon moi le potentiel pour un jour viser le Top 5 sur un Grand Tour mais il payera toujours le prix fort sur un contre-la-montre car il a clairement un déficit de puissance de par son gabarit de gringalet. » 

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