Victor Lafay : « Rendre fiers mes proches »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Victor Lafay revient de loin. Après deux années galères, où il a très peu couru, le Haut-Savoyard s'est offert ce dimanche le Championnat de France Espoirs (voir classement). Le coureur âgé de 21 ans, licencié au Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme, avait un seul regret à l'arrivée, l'absence de contrôle antidopage. "Ça fait chier", lâche-t-il à ce sujet avant de raconter son bonheur à DirectVelo. 

DirectVelo : As-tu réalisé la course parfaite ?
Victor Lafay : C'est parti très fort. J'ai utilisé quelques cartouches car je voulais courir devant et ne pas manquer les coups. Sur les 50 premiers kilomètres, j'étais bien placé. Mais à un moment, j'ai un peu accusé le coup. J'avais souvent du retard. J'ai été piégé avec Benoît (Cosnefroy). Deux gars de l'équipe ont roulé, ce qui a permis de rentrer. C'est ressorti de suite, c'était la bonne. Seul Benoît est rentré plus tard, en costaud. Nous étions quatre de l'équipe sur neuf. Max (Roger) a fait un travail magnifique. On a joué sa carte à bloc car nous n'étions pas sûrs de nous imposer, Benoît et moi. Les autres ont bien collaboré et c'est rentré. Je n'étais pas super bien mais vu tout le travail de l'équipe, j'ai choisi d'attaquer. J'étais à la limite des crampes. J'ai vite pris 20''. Je devais arriver seul pour espérer m'imposer... J'ai essayé de gérer l'écart. Les mecs ne pouvaient pas tout donner car Benoît les aurait allumés au sprint. C'était vraiment long mais avec le titre au bout, on se surpasse. C'est magnifique. 

Tu avais pris le départ dans quel état d'esprit ?
C'était une course bonus. J'ai dit à Benoît que si j'emmenais avec moi un coureur plus rapide, je ne roulerais pas. Je ne voulais pas faire deuxième. Je voulais que le comité s'impose.

« ETIENNE FABRE CROYAIT BEAUCOUP EN MOI »

C'est ton premier titre de Champion de France...
Je ne gagne pas beaucoup de courses. C'est magique... Je ne réalise pas encore. Je vais vraiment savourer dans les prochaines semaines. Il faut que je parle de Rémi (Aubert, CC Etupes), qui est mon meilleur pote... Nous avons été pendant trois ans ensemble à l'IUT. Il m'a dit "bonne chance pour le Championnat, moi je vais au Tour Alsace". Je lui ai répondu que j'avais alors une chance de gagner. Il m'a dit "Tu diras à DirectVelo, en cas de victoire, que c'est normal car il n'y avait pas de niveau". 

A qui penses-tu ?
A l'équipe, qui a fait un super travail. Mais aussi aux gens qui me soutiennent : ma famille, mon club, mon papy qui doit être super fier de moi, ma mamie qui est partie l'an dernier. Je pense à Etienne (Fabre). Nous avions beaucoup discuté l'an dernier. Il croyait en moi, et c'est ce qui fait aussi que j'arrive à me surpasser autant. Il y a de l'émotion... Je vais avoir du mal à réaliser ça.

Que dois-tu à Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme ?
Le club fait tout pour que je sois au top. Je suis mis dans les meilleures conditions. Le président m'a emmené ici... Certains ont dû prendre leur voiture, venir tout seul. Je suis chouchouté à Bourg, et par tout le monde. J'en veux presque à Fred (Brun) de m'avoir autant aidé au Tour d'Auvergne, la semaine dernière. Il a fait des efforts énormes pour moi. Il veut que je réussisse. Si je suis là aujourd'hui, c'est grâce à eux. Ça me porte. Quand tu as plein de gens autour de toi, tu as envie de donner le maximum. Tu ne veux pas les décevoir.

C'est la preuve qu'il y a aussi des bons coureurs en DN2...
Oui... Je savais que ça pouvait être bien de rejoindre ce club. Bourg a un effectif meilleur que certaines DN1. J'ai un rôle de leader que je n'aurais pas forcément ailleurs. Je suis protégé. Je ne me connais pas encore trop. Je me surprends...  

« C'EST L'AMBIANCE DU CLUB QUI FAIT CA... »

Tu n'as jamais l'air stressé...
C'est l'ambiance du club qui fait ça. Tout le monde est cool avec moi. On ne se prend jamais la tête... Si je ne fais pas le job avant une course, je ne me fais pas défoncer par mon entraîneur. C'est moi qui me punit tout seul... Je suis ainsi plus autonome, et je pense que c'est bien. Ça me fait prendre conscience de la chance que j'ai de faire du vélo.

Quelle est ta principale force ?
Je ne lâche rien. J'ai beaucoup d'envie... J'ai fait deux ans pratiquement à vide à cause de ma blessure au genou. Il y a beaucoup de gens derrière moi. Je veux tout faire pour les rendre fiers. J'aime me faire mal, faire mal aux autres... C'est vraiment du plaisir.

Tu montres sur ce Championnat que tu es aussi un puncheur.
Nous n'avions pas aujourd'hui (samedi) des bosses de grimpeurs. C'est marrant car cette année, j'ai pris de la force et je me sens parfois plus à l'aise dans les côtes de puncheurs que de grimpeurs. Je trouve les cols parfois un peu longs. Je me suis senti à l'aise sur ce parcours.

« JE PENSE BEAUCOUP AU MONDIAL »

Penses-tu au Championnat du Monde ?
Oui, beaucoup. Je pense au Tour de l'Avenir mais j'ai vu que j'étais un peu en-dessous des grimpeurs étrangers. Je pense pouvoir y viser un bon résultat. La gagne ? On essaiera mais je sais que ça sera compliqué. Le Mondial sera plus ouvert, et c'est un titre qui fait rêver.

Seras-tu professionnel au 1er janvier 2018 ?
Je dois encore apprendre et prendre de la force musculaire. Je ne veux pas griller les étapes. Aujourd'hui, c'est comme si j'étais Espoir 1 ou 2 en raison de mes deux années quasi-blanches. Il est important que je refasse au moins une demi-saison en amateur. Ça me permettrait de me faire plaisir plutôt que de me faire « ramasser la gueule » tous les week-ends. Je suis stagiaire chez Cofidis mais il n'y a rien de signé pour la suite. Je suis ouvert à toute proposition. Je signerai le contrat qui me permettra d'être le mieux chez les pros. Avec l'équipe qui a un vrai projet pour moi et qui ne veut pas me transformer en numéro. Pour l'instant, ce que me propose Cofidis est honnête. Mais je ne suis fermé à rien. 

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