L’arc-en-ciel à six couleurs de Blaak

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

Au maillot arc-en-ciel, Chantal Blaak a ajouté une couleur. Le teint rosé du sang a percé le tissus orange de sa combinaison des Pays-Bas. La Néerlandaise n’a jamais osé en rêver, et pourtant elle l’a fait ! Une chute à la mi-course a bien contrarié ses ambitions, mais elle s’est relevée. "C’était un drame", décrit-elle. "Une fille devant moi s’est retournée, a fait un écart, puis je me suis retrouvée au sol. Je pensais vraiment que ma course était terminée. J’étais assise là, et la douleur me prenait. J’aurais pu redresser mon vélo moi-même, mais j’ai attendu le mécano. Ca a duré un petit temps. Je me suis dit « Come on Chantal, c’est la dernière course de la saison, t’as bossé pour ce jour, l’équipe compte sur toi ». Alors j’ai tout donné pour rentrer. Les filles savaient que j’étais tombée, mais dans la radio j’ai dit qu’on s’en tient à notre plan prévu le matin".

FIERE

Le plan fut respecté, puisque c’est bien une combinaison orange qui a coupé la ligne du Championnat du Monde Dames Elites de Bergen (Norvège) en premier. Mais pas celle d’Anna Van der Breggen, Annemiek Van Vleuten, Marianne Vos ou Ellen Van Dijk. Au prix d’un sacrifice collectif exemplaire, c’est Chantal Blaak, habituée aux rôles de l’ombre et capitaine de route du jour, qui s’est drapée de l’arc-en-ciel. "Je n’ai jamais vu un tel état d’esprit", estime la représentante de Boels-Dolmans. "Toute l’équipe ici au départ a les capacités pour remporter un Championnat du Monde. Mais chacune a attaqué à son tour, senti les bons mouvements. Ca me rend vraiment fière".

Capitaine de route désignée par le sélectionneur national néerlandais, Chantal Blaak devait guider ses troupes durant toute la journée. C’est finalement elle qui a pris l’initiative décisive peu avant le dernier passage de la ligne. "J’ai immédiatement demandé au coach si je pouvais aussi attaquer, et il m’avait dit que oui. Que chacune pouvait attaquer. Mon rôle consistait simplement à centraliser les envies de chacune, de calmer l’équipe. Si chacune commence à aller parler à une équipière dans son coin, ça devient le bordel. Ici, tout s’est bien passé. Il fallait faire une course agressive, et chacune a attaqué à son tour".

PAS CERTAINE

En tête avec Hannah Barnes et Audrey Cordon Ragot à la cloche, Blaak a pourtant autorisé ses coéquipières à attaquer au peloton pour assurer la victoire néerlandaise. "Je savais que je ne me ferais pas lâcher dans la côte", assure-t-elle à DirectVelo. "Mais je n’étais pas certaine de ma pointe de vitesse face à Barnes. Alors j’ai dit : « les filles, faites comme vous le sentez ». Je voulais défendre les intérêts de l’équipe, pour la victoire. Car si je perdais au sprint, ça ne valait pas la peine. J’étais donc contente de voir Annemiek et Anna revenir sur le sommet. Une fois à trois, on pouvait recommencer à attaquer !".

Comme prévu, les Néerlandaises ont donc dynamité le groupe de tête, également composé de Niewadoma, Cordon, Barnes et Garfoot. Van Vleuten a ouvert le feu, Blaak a saisi la bonne opportunité. "Je pensais avoir peu de chances de résister", avoue l'athlète de 27 ans. "Ce matin, quand je me suis réveillée, j’étais très motivée pour durcir la course. Mais je n’ai jamais pensé que ce serait moi qui couperait la ligne en premier ! J’ai senti le bon mouvement même si je n’étais sûrement pas la plus forte du groupe".

« NE VOUS ATTENDEZ PAS A ME VOIR GAGNER »

Habituée aux seconds rôles, à se dévouer pour le collectif, la lauréate de Gand-Wevelgem 2016 décroche ici le plus prestigieux bouquet de sa carrière. "Ca ne va pas changer mon statut ou ma personnalité", assure-t-elle. "Cela montre que tout est possible. Ce n’est pas toujours simple d’être dans une grosse génération, car il faut se battre pour chaque sélection. Mais cela ouvre d’autres opportunités. Aujourd’hui, si je n’étais pas néerlandaise, je n’aurais jamais gagné !".

L’émotion fut encore accrue par la présence de sa Maman, à qui Blaak a immédiatement lancé le bouquet reçu sur le podium. "Ma mère était là avec mon frère, ma soeur et mon cousin. C’était la première fois qu’ils venaient à un Mondial", sourit-elle avec émotion. " Je leur avais dit de profiter du voyage, que le pays était magnifique mais qu’ils ne devaient surtout pas s’attendre à me voir gagner, car c’était trop dur pour moi !". 

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Portrait de Chantal VAN DEN BROEK-BLAAK