Le meilleur et le pire de... Mélissandre Pain
Joie, déception et tristesse se côtoient souvent au cours d’une saison. Des heures d'entraînement, des galères oubliées pendant un court instant : le frisson de la victoire. Vous les avez suivis toute l’année sur DirectVelo et ils vous offrent leur meilleur et leur pire souvenir de cette saison 2017. Pour Melissandre Pain (US Créteil), l’année a été marquée par une mononucléose décelée en février, quelques jours avant les deux dernières manches de Coupe du Monde sur piste. Affaiblie quasiment toute l’année par cette maladie, la Championne du Monde Juniors 2015 de Keirin trouvera toutefois les ressources pour arracher deux médailles aux Championnats d’Europe Espoirs sur piste en juillet.
LE PIRE...
« C’était début février, quand on m’a diagnostiqué une mononucléose. Cette maladie a été le cauchemar de mon année. J’ai commencé à sentir que quelque chose n’allait pas deux semaines avant : je n’arrivais pas à enchainer les entrainements. Au lendemain du dernier stage de préparation de Coupe du Monde, je me suis réveillée avec tous les symptômes d’une grippe, avec en plus une perte d’appétit. Au départ, le médecin pensait que c’était une simple angine. Sauf que ça ne passait pas. J’ai fait des prises de sang et le verdict est tombé : mononucléose. Cinq jours avant la Coupe du Monde, c’était sans appel : impossible d’y aller. Ce jour-là débute un long tunnel de deux mois et demi, et même plus, puisque je ne suis toujours pas totalement remise aujourd’hui.
J’ai passé les deux premières semaines dans mon lit. Après, j’allais en cours en semaine et quand je rentrais chez mes parents pour me ressourcer, c’était avec l’impression d’être un zombi, de marcher au ralenti. D’ailleurs, ce n’était pas qu’une impression… Malgré des prises de sang qui continuaient à ne pas être bonnes, avec notamment mon foie et mon rein qui n’allaient pas bien, j’ai repris le vélo début avril. Mais c’était difficile. J’ai réussi à tenir jusqu’au Championnat d’Europe fin juillet, mais j’ai eu ensuite un moment de grosse fatigue. Les analyses de sang montraient que les anticorps n’étaient toujours pas remontés à ce moment-là. Il a fallu attendre novembre pour que ce soit le cas.
Encore aujourd’hui, j’ai l’impression de ne pas être la même sur le vélo. Moins de nervosité, moins explosive qu’avant, moins de force : bref, on ne se remet pas physiquement d’une mononucléose si facilement : il va falloir du travail pour revenir à mon meilleur niveau. Si je devais tirer quelque chose de positif à cette expérience, c'est qu'elle m’a certainement endurci mentalement. Mais elle m’a surtout gâché toute mon année ! Enfin presque toute…
… ET LE MEILLEUR
Au cours de cette année noire, j’ai quand même participé aux Championnats d’Europe Espoirs en juillet au Portugal. Malgré les suites de ma mononucléose, j’y récolte deux médailles : une d’argent en vitesse par équipe (avec Mathilde Gros, NDLR) et une de bronze au Keirin. Cette médaille, vu l’année passée, c’est comme si j’avais gagné ! Et pourtant, je ne partais pas très confiante. A l’entraînement, je ne faisais pas les temps des années précédentes. Physiquement, j’étais moins bien. Mais j’essayais de me motiver, de ne rien lâcher.
Le Championnat a très mal commencé. Physiquement, sur la vitesse et au 500m, je ne pouvais pas rivaliser. Tellement pas qu’après l’épreuve, je voulais rentrer chez moi. Psychologiquement, j’étais au plus bas, exaspérée de ne pas retrouver mon niveau. Mais mes parents m’ont convaincu de rester. Et ils avaient raison : après tout, je n’avais plus rien à perdre. Et si il y a bien une course qui m’a toujours souri, c’est le keirin. Alors, pourquoi pas ?
C'était donc parti pour le keirin. En série, j'ai bien souffert et j’ai dû passer par les repêchages pour aller en demi-finale. Du coup, en demi, je suis tombée sur les cinq filles qui avaient fait les meilleurs temps du 200m. J’ai réussi à faire troisième en courant à l’économie, ce qui est contre-nature pour moi. En finale, c’est pareil, j’ai couru différemment de d’habitude. Alors que je suis plutôt impatiente et à l’attaque, j’ai joué l’attente pour m’économiser. A l'arrivée, je fais 3ème. C’était inespéré, comme si j’avais gagné ! Quelques jours après ce moment de joie, en revoyant ma course, je me suis dit que si j’avais couru avec toutes mes armes, j’aurais peut-être pu finir avec le maillot sur les épaules. Mais on ne saura jamais, alors autant ne rien regretter.
Après cette compétition, j’ai fait un stage qui m’a vite remise en face des réalités de la mononucléose : grosse fatigue, prise de sang qui ont montré que je n’étais toujours pas à 100% de mes capacités. Du coup, avec le recul, ce championnat reste non seulement le meilleur mais surtout le seul bon souvenir de l’année ! »