Thomas Peyroton-Dartet : « C'est dur de réaliser »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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A la fin du mois, Thomas Peyroton-Dartet sera au départ du Grand Prix d’ouverture Pierre Pinel à Montastruc. Et même si ce sera "pour le symbole", cela veut dire beaucoup pour celui qui a vu son pronostic vital engagé après une terrible chute fin septembre 2017 au Tour de Tahiti.

UN SCOOTER DE PLEIN FOUET

Pour conclure une saison qu’il juge "en demi-teinte, car souvent bien mais rarement à la conclusion", le sociétaire de Team Peltrax s’envole pour le Tour de Tahiti, préparation avant le Taiwan KOM Challenge, son objectif de l’année qui se disputait le 20 octobre suivant. Courir dans ces territoires n’est pas nouveau pour lui. "Plus jeune, j’ai fait le Tour de la Réunion, la Martinique ou encore le Tour du Maroc. L’année dernière, j’étais au Tour de Nouvelle-Calédonie : j’aime découvrir de nouveaux horizons", explique-t-il.  Très affuté et en pic de forme, le coureur prend le maillot de leader après un bon chrono et une victoire d’étape.

Dans la 4e étape, c’est l'accident. "Apparemment, j’ai attaqué à l’entrée d’un virage et je me suis pris un scooter de plein fouet, raconte-t-il. Je dis apparemment car je ne me souviens pas des minutes qui ont précédé le choc, ni les cinq jours qui ont suivi. C’est donc les autres qui m’ont raconté les évènements".

Après cinq jours de coma, Thomas Peyroton-Dartet revient à lui mais ne réalise pas la gravité de son état. "Ma copine m’a rejoint à Tahiti et m’a dit qu’elle avait annulé mes réservations pour la course de Taiwan. Je ne comprenais pas pourquoi. J’étais persuadé que je pourrais reprendre la compétition la semaine suivante. J’étais complètement en décalage avec la réalité ! Je suis revenu à la raison progressivement. Au début, c’est dur de réaliser".

« LA TETE A TOUT PRIS »

Et pourtant, la liste des traumatismes semble sans fin. "C’est la tête qui a tout pris. Yeux gonflés, hématomes, fracture du rocher (fracture du crane, NDLR), perte de l’audition côté droit. De ce côté (droit), mon visage a reculé de 2mn. Par ailleurs, les médecins m’ont changé un disque intervétébral et j’ai des épines fissurées ou fracturées", énumère t-il.

Après plus d’un mois chez l'organisateur de la Ronde Tahitienne Benoit Rivals "qui m’a soutenu tout le temps,  très présent à mes côtés", le cycliste revient en métropole commencer sa ré-éducation. "Il m’a fallu un mois pour réussir à parcourir 100m de suite. Je passais le reste du temps en chaise roulante". Mais la progression est fulgurante. "Petit à petit, j’ai marché jusqu'à 10km. Et début décembre, j’ai eu l’autorisation de rouler sur home-trainer. Dans le même temps, j’ai attaqué la kiné vestibulaire pour récupérer l’équilibre en ré-éduquant mon oreille interne". En guise de cadeau de Noël, Thomas Peyroton-Dartet s’offre même quelques sorties sur route.

Mais il est aussitôt freiné dans son élan. Alors qu’il commence à rouler, le coureur prend douze kilos en deux semaines et se sent excessivement fatigué en raison d’un nouveau traitement antiépileptique. "J’ai exigé du neurochirurgien qu’il change la molécule. Et depuis, ça va beaucoup mieux". Le 11 janvier dernier, il refait un séjour à l’hôpital pour une opération de la mâchoire : "Je n’arrivais pas à mâcher correctement. Cela s’est bien passé. Visuellement, on ne voit rien : c’est juste à l’intérieur que j’ai des vis et des plaques !", précise t-il.

« UN CHALLENGE DE POUVOIR REVENIR A MON NIVEAU »

Hélas, ce long chapitre médical ne se refermera jamais complètement. "J’ai des risques à vie de méningite. Je ne dois plus subir de fort changement de pression: je ne peux plus faire de plongée alors que c’était une passion", déplore t-il.

Dans ces longs mois d’épreuve, Thomas Peyroton-Dartet n’a jamais renoncé à reprendre le cyclisme de compétition. "C’est très long, mais je n’ai jamais songé à arrêter le cyclisme. Au grand dam de mes parents et de ma copine qui ont été très marqués, même plus que moi, par cet accident. C'est peu de dire qu'ils ne sont pas très chauds pour que je reprenne. Mais j’en ai trop besoin. C’est un challenge de pouvoir revenir à mon niveau".

Avec son équipe du Team Peltrax toujours à ses côtés, -"on s’appelle régulièrement. José (Gouère) est venu me voir plusieurs fois à Toulouse"-, le cycliste qui fêtera ses 33 ans en juillet ambitionne même de gagner cette année "Et pourquoi pas l'édition 2018 du Taiwan Kom Challenge en fin de saison ? Là encore, ce serait un beau symbole !".

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Portrait de Thomas PEYROTON-DARTET