Les Français peuvent-ils battre Evenepoel ?
Est-il possible de battre Remco Evenepoel, ce dimanche, au Championnat d’Europe Juniors sur route à Zlin, en République tchèque ? Voilà la question que se posent tous ses adversaires depuis des jours, à commencer par les membres de l'Équipe de France. “La seule grande question de la course, c’est de savoir à quel moment il va attaquer”, plaisante Valentin Paret-Peintre auprès de DirectVelo. Le sélectionneur national, Julien Thollet, est lui aussi très impressionné par le phénomène belge. “Ce n'est que ma cinquième saison dans le peloton international, mais je n'ai jamais vu un coureur dominer, écraser, les autres concurrents, comme il le fait. On a vu Adrien Costa, Brandon McNulty ou même Alexys Brunel dans une moindre mesure, tenir un peloton en respect sur certaines courses, en Juniors. Mais Evenepoel, les seuls pronostics que l'on peut faire par rapport à lui c'est à quel kilomètre il part, et combien de temps il va leur mettre... Il est épatant”. Et semble (très) au-dessus du lot. “Il gagne des courses, mais pas seulement. Au Patton il fait aussi tous les grimpeurs, prend tous les maillots, gagne toutes les étapes... Il donne l'impression d'un mec ultra-dominateur”, enchaîne Thollet.
« SI TU ESSAIES DE PRENDRE SA ROUE, TU TE FAIS PÉTER LA CAISSE... »
Difficile, donc, de ne pas penser à Remco Evenepoel au moment du briefing d’avant-course. “Quand il est là, ça change la physionomie de la course. Enfin, il n’a pas gagné toutes les courses cette année, c’est possible de le battre”, nuance Valentin Paret-Peintre. Du côté du sélectionneur, on ne veut pas faire une fixation sur le récent Champion d’Europe Juniors contre-la-montre. “Forcément, les coureurs en parlent, mais on essaie de dé-dramatiser la situation en se disant que même si on a l'impression de courir pour la deuxième place, il peut toujours avoir une défaillance. On sait quand même qu'il sera très difficile à battre. Surtout au vu du profil, qui va rendre la course assez peu tactique”.
Surtout, il semble interdit de laisser le Belge filer seul, sous peine de ne plus jamais le revoir. “Une fois qu’il est devant, c’est fini. Il fait tout péter et derrière, on n’a plus trop de chance”, ajoute Aloïs Charrin. “En même temps, si tu essaies de prendre sa roue, tu te fais péter le caisson. Du coup, courir en équipe, ce sera la base”. Valentin Retailleau a lui aussi bien conscience que suivre Evenepoel le plus longtemps possible pourrait éventuellement être un gage de résultat. “Si on arrive à le tenir jusque dans le dernier tour, ça peut permettre d’assurer un bon résultat, quand même… Si on tient deux-trois tours dans sa roue, je pense qu’on a le temps de creuser l’écart avec les autres. Derrière Evenepoel, ça peut vite se retrouver assez loin. Mais une fois qu’il nous lâche, il faut avoir encore des forces pour tenir et garder une place, quand même…”.
« LES COUREURS SONT LUCIDES, MAIS... »
Cette situation s’est présentée récemment, lorsqu’Aloïs Charrin a pris la roue de l’ancien footballeur au GP Général Patton, au Luxembourg. “En le suivant, il a battu tous ses records de puissance”, s’amuse Julien Thollet, qui voit en la montée en pavés du circuit tchèque une lueur d’espoir. “C'est un phénomène, certes. Les coureurs sont lucides, ils voient bien la situation… Mais il y a une section de pavés sur le circuit de ce Championnat, et sur les pavés de Gand-Wevelgem, Evenepoel n'a pas écrasé la course, tout comme à Roubaix. On se dit que ça va peut-être le gêner un peu. On en discute un peu avec les collègues des autres nations. Tactiquement, on ne peut rien faire contre, mais on espère…”.
Bien que tout le monde donne le lauréat du Trophée Centre Morbihan et de la Course de la Paix vainqueur, on n’en oublie pas pour autant qu’ils seront nombreux à viser le titre ce dimanche. Et que se concentrer sur le seul Evenepoel pourrait également être une erreur. “Tout le monde parle de lui, mais il y aura aussi les Italiens, qui devraient être forts. Il y aura d’autres nations pour jouer la gagne”, conclut Valentin Retailleau.