Tour d'Autriche : « Avec Aru ou Pinot au départ... »
Pour cette 70e édition, le Tour d'Autriche a vu la troisième victoire belge de son histoire avec Ben Hermans. Une moyenne de 11 ans s'installe puisque Stijn Devolder avait remporté l'épreuve en 2007 et Frank Vandenbroucke en 1996. "Un beau vainqueur et une édition 2018 spectaculaire à mon sens", déclare l'organisateur Frans Steinberger qui tire le bilan de sa course pour DirectVelo.
DirectVelo: Parlons d'abord du plateau. Pour une course 2.1, vous avez attiré quatre équipes WorldTour au départ, cela devient rare...
Frans Steinberger: Je suis satisfait de l'affiche proposée. Quand je pense que sur des épreuves Hors Catégorie comme le Tour de Luxembourg, il n'y a même pas une équipe de l'élite au départ. Je pense que nous n'avons pas à nous plaindre. Je ne me réjouis pas du malheur des autres. Attirer des équipes WorldTour devient de plus en plus difficile. Ce n'est une question qui se règle avec de l'argent. Nous avons proposé des sommes à certaines formations pour venir. Elles ont décliné l'offre car le Tour d'Autriche ne correspond à leur programme. Les équipes WorldTour suivent des plannings très précis. De plus, le calendrier du WorldTour est très étoffé et certains coureurs n'ont simplement pas besoin d'évoluer en Classe 1 pour avoir un nombre de jours de courses suffisants.
Que manque-t-il encore au Tour d'Autriche à l'heure actuelle pour attirer encore davantage l'attention des médias ?
Un grand nom au départ. Wout van Aert est une star en Belgique, mais il aurait peut-être fallu un coureur du genre Fabio Aru, Simon Yates ou Thibaut Pinot, reconnus à l'échelle internationale. Néanmoins, le palmarès de cette édition 2018 ne fait pas tâche avec trois étapes pour Giovanni Visconti, Alexey Lutsenko, Pieter Weening, Ben Hermans, Antonio Nibali et Matej Mohoric. Ce sont tous des noms connus dans le vélo.
« RIEN A ENVIER AU TOUR DE FRANCE AU NIVEAU DU SPECTACLE »
Avoir lieu en même temps que le Tour de France, est-ce un handicap ?
Non, ça renforce la qualité de notre travail. Nous ne nous occupons pas de la Grande Boucle, chacun sait qu'il s'agit de la plus grande course médiatique. Nous ne pouvons pas la concurrencer. En revanche, nous n'avons rien à envier par rapport à la qualité du spectacle. Sur notre course, il s'est passé tous les jours quelque chose. Prenons la dernière étape, l'échappée a été au bout sur une étape plate alors que certains désespèrent de voir ce jour arriver au Tour.
Le parcours du Tour d'Autriche propose plusieurs années les mêmes rendez-vous comme le Kitzbühuler Horn, le Grossglockner et le Sonntagberg. Une volonté de votre part ou faute de choix ?
Ce sont à mes yeux des classiques du Tour d'Autriche. Ce sont des arrivées qui donnent beaucoup d'argent pour accueillir notre épreuve. Avec les années, elles constituent l'âme du Tour d'Autriche. Nous continuerons de travailler avec eux pour les prochaines années. Néanmoins, nous adoptons un bon compromis entre tradition et modernisme. Cette année, Feldkirch et Wenigzell étaient des lieux d'arrivée inédits.
C'était quand même une course pour grimpeurs, avec deux arrivées en bosse et quatre au sommet. Un peu trop sur huit jours ?
Comment voulez-vous faire autrement en Autriche ? Il n'y a quasiment pas un mètre de plat. Néanmoins, je l'avoue, le parcours de cette 70e édition était vraiment très difficile. Avec les villes départ et d'arrivée de cette année, je ne pouvais pas faire autrement que de concevoir un tracé compliqué.
« RESTER A NOTRE NIVEAU »
Le Tour d'Autriche a t-il l'ambition de monter de catégorie, voire d'arriver dans le WorldTour ?
Non, nous n'avons pas les moyens d'arriver à ce niveau. Ce n'est pas réalisable, il nous faudrait 10 millions d'euros supplémentaires. L'Autriche n'est pas la nation numéro un du vélo. Nous préférons rester à notre niveau et offrir une course de grande qualité. L'Autriche peut se contenter du Tour d'Autriche sur la saison.
Pourtant, Innsbruck accueillera le Championnat du Monde, ce n'est pas rien.
Bien sûr, nous avons largement les possibilités pour accueillir un évènement ponctuel de ce niveau. Salzburg a été un succès en 2006. Je suis certain qu'Innsbruck sera une course mémorable.