Marion Sicot explique pourquoi elle s'est dopée
Marion Sicot reconnaît avoir pris de l'EPO avant le Championnat de France en juin dernier, dans une interview réalisée par Thierry Vildary et mise en ligne sur le site sport.francetvinfo.fr. Dans un premier temps, après l'annonce de son contrôle positif en septembre, elle avait nié la prise de cette hormone (lire ici). "J'ai essayé de me protéger en mentant (...). Mais une fois que tu dis la vérité, tu vas beaucoup mieux, tu arrives à mieux dormir et à te lever le matin en étant un peu plus fière de ce que tu as fait".
La femme de 27 ans retrace le contexte qui l'a menée, selon elle, à s'injecter de l'EPO, commandée sur Internet, le jour de son 27e anniversaire. "Peut être que si j'arrive à obtenir une performance, mon directeur sportif m'accordera autant d'importance dans l'équipe, me gardera dans l'équipe et me laissera tranquille".
En effet, dans la deuxième partie de l'entretien, Marion Sicot décrit son quotidien pendant deux saisons dans son équipe UCI. Pour renouveler son "contrat" à la fin 2018, son directeur sportif pose une condition : "si je veux rester dans l'équipe, il faut que je vende deux vélos à 1250 euros chacun", affirme-t-elle. Elle doit d'ailleurs verser une somme de 1500 euros en caution de son propre vélo de service.
Toujours selon la cycliste, son équipe ne lui payait pas ses frais de déplacement contrairement à ce qui est stipulé dans le règlement de l'UCI : "Dans le cas où un salaire est prévu, son montant doit être stipulé ; sinon, le remboursement des frais résultant de l’activité du coureur pour l’équipe continentale UCI ou équipe continentale femme UCI doit être prévu" (article 2.17.030). Elle parle d'un contrat secret que son équipe lui a fait signer pour renoncer à ces frais de déplacement. Son ancienne formation réfute cette affirmation.
DES PHOTOS EN SOUS-VÊTEMENTS
Marion Sicot parle aussi de dénigrement de la part de son ancien DS : "[il me dit que] je suis trop grosse, je ne marche pas, il est déçu de m'avoir gardée dans l'équipe, je vais avoir les roues les plus merdiques, je vais faire l'assistante pour aller chercher les filles au train (...) Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?" .
C'est justement pour contrôler son poids que son directeur sportif lui a demandé " à partir de novembre 2018 des photos où je dois me prendre en sous-vêtements devant et derrière tous les lundi matin. (...) au début je lui demande si « c'est la balance que tu veux voir ? », il me dit non c'est moi en sous-vêtements". Elle accepte "pour pouvoir participer aux courses. Il me dit qu'il les efface après mais ça, je ne peux pas le savoir". Interrogé par le journaliste, le directeur sportif parle de "pratique courante autrefois".
Marion Sicot sait qu'elle sera suspendue. "Je mérite d'avoir une sanction mais j'aimerais avoir une peine allégée en raison des circonstances avec mon directeur sportif. Ce n'était pas la vraie Marion qui a fait ça". Sur les conseils de l'AFLD, elle a déjà dénoncé le comportement de son DS à l'UCI dont la commission d'éthique a ouvert une enquête sur le groupe sportif.
Passionnée de vélo, Marion Sicot doit "apprendre à vivre à côté du vélo (...). Le vélo c'est comme un livre, j'en suis à une page, je ne sais pas si c'est la dernière mais j'ai envie d'y revenir".