Franck Renimel : « Sortir de nos acquis »
Ancien entraîneur de la formation masculine d’Arkéa-Samsic, Franck Renimel évolue toujours dans la structure… mais avec la version féminine du sponsor breton. À peine lancée, l’équipe voit ses objectifs pour 2020 tomber à l’eau. "La Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège étaient deux courses phare, c’est super frustrant, reconnait-il. Il y avait le Tour de Bretagne et Plumelec en mai, en plus des Championnats de France qui ont lieu chez nous mais qui sont incertains". D’autant que la découverte du haut niveau avait bien démarré avec une 12e place pour Lucie Jounier au Samyn des Dames (voir sa réaction d'après-course).
Qui dit situation exceptionnelle dit préparation exceptionnelle. "Il faut sortir de nos acquis avec de nouvelles stratégies, en faisant des choses qui nous semblaient invraisemblables avant", s’amuse Franck Renimel. Et ce dernier insiste sur la diversité des exercices : "se prendre au jeu des plateformes en ligne, pourquoi pas, mais avec parcimonie, alerte-t-il. On peut faire d’autres choses. La plupart des filles sont en campagne et ont des jardins pour faire de la course à pied, de la préparation physique. Lucie (Jounier) arrive même à faire du vélo dans sa prairie". Tout cela en gardant une alimentation saine pour limiter la prise de poids.
LE CYCLISME FÉMININ ÉPARGNÉ ?
Pour le moment, les athlètes ne semblent pas s’inquiéter de la situation. "On s’appelle pour les entraînements, pour s'assurer qu’elles gardent une activité quotidienne. Leurs questions tournent autour de ça. En parallèle, on met à jour le programme de courses et d’hypothétiques stages". Franck Renimel ne ressent pas non plus de lassitude dans les troupes. Si Charlotte Becker et Fatima Zahra El Hayani ne sont pas concernées par les sorties restreintes, "les Françaises sont prêtes à rester confinées. À l’image de Typhaine (Laurance) qui semble avoir trouvé son rythme".
Sur le plan économique, l’heure n’est pas non plus à la panique. "Je n’ai pas entendu parler de quelconques inquiétudes. Arkéa veut investir dans les féminines, comme l’UCI et les entreprises. Je ne pense pas qu’ils reverront leur copie". D’autant que les masses salariales entre hommes et femmes sont largement espacées, "donc en cas de grosse coupe budgétaire, les femmes ne devraient pas en pâtir", rassure Franck Renimel. Mais le directeur sportif reconnaît que l’économie reviendra sur la table une fois la pandémie passée. "On sait qu’il y aura un impact. Aujourd’hui, priorité à la pandémie, mais l’économie sera aussi endommagée une fois la crise sanitaire passée".