Anthony Barle : « Je m'interdis de lâcher »

Crédit photo DR

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Manager général du VC Villefranche Beaujolais, Anthony Barle rêvait d’une saison 2020 aussi prolifique que l’exercice 2019. Champion de France DN1 en titre, le club rhodanien - essentiellement financé par des sponsors privés - pourrait payer l’addition à la sortie de la crise sanitaire. Pour DirectVelo, Anthony Barle fait un point complet sur la situation actuelle. Entre optimisme et inquiétude pour un club qu'il espère voir rester parmi les meilleurs de France. 

DirectVelo : Comment vis-tu la période actuelle ? 
Anthony Barle : On ne la vit pas, on la subit. Personnellement, je ne peux pas me plaindre mais certains coureurs sont en appartement, donc l’entraînement a été plus compliqué. Il n'y a pas de problème sur la partie sportive malgré tout. On les garde en régime, on travaille sans leur prendre la tète, sans les harceler. Dans cette période, on a aussi envie de se retrouver avec les gens avec qui on est confiné. On prend des nouvelles, il y a un aspect convivial, ce sont les valeurs du club. On travaille comme on sait le faire, avec l'affectif. Niveau entrainement, ils ont eu des choses à faire avec leurs coaches respectifs et les plateformes en ligne. Pour nous, l'important était de garder le contact et d'être là si besoin. Eux aussi savent qu'ils peuvent nous appeler. Mais c’est vrai que l’on n’a pas grand-chose à se dire, vu qu’on est dans le flou.

Est-ce d'autant plus frustrant après la grosse saison 2019 du club et suite au recrutement réalisé cet hiver ? 
C'est sûr que c'est hyper frustrant car on avait déjà une très bonne équipe en 2019 et je pense que c'est encore au-dessus cette année. On a beaucoup de leaders, des garçons qu'on a pu voir en stage d'avant-saison ; très sympas, faciles à diriger. Je pense qu'on a vraiment une équipe parfaite. On a eu notre temps où on se lamentait, où on voulait courir. Maintenant, on est déjà tourné vers autre chose. Vers la reprise en 2020, s'il y en a une, ou vers 2021. On se dit qu’on est capable de faire aussi bien.

« LE PROBLÈME, C'EST SURTOUT POUR 2021 »

En cette période, avez-vous réussi à maintenir un lien entre tous ceux qui œuvrent pour le club à l'année ? 

Les coaches ont fait le lien avec les coureurs. Ils ont fait des visioconférences avec leurs coureurs, pour pouvoir rester en contact, avec ces séances de home-trainer en caméra. Sur l'aspect du club, on devait proposer des choses à nos partenaires. Sébastien Hoareau a proposé des séances de préparation et de renforcement. On alternait pour garder une communauté toute la semaine et mettre en avant les partenaires. En interne, on a fait un peu plus de newsletters autour des partenaires, des restaurants, des traiteurs etc, pour leur faire profiter. C'est notre devoir d'être là dans cette période.

Le club est surtout aidé par des partenaires privés : n'est-ce pas un problème majeur dans la période actuelle ?

C'est un problème oui, car le budget n'est pas rentré entièrement. Chaque année, on échelonne les rentrées jusqu'à mai, on avait des arrangements. Certains partenaires n'ont pas réglé leur cotisation, mais je reste confiant. On a construit un réseau depuis dix ans, ce sont des entreprises solides et fidèles envers le club. C'est plus compliqué pour les restaurateurs. Mais je ne suis pas encore inquiet. On a aussi moins de sorties de frais fixes, via les déplacements, les hôtels... Par contre, l'argent restant devra rentrer. Sinon, on adaptera. Si on ne peut pas se déplacer partout jusqu'à la fin de l'année, on en fera un peu moins. Le problème, c'est surtout pour 2021, plus que pour la fin de saison. Car aujourd'hui, les gens sont engagés sur cette année. Même si c'est mieux de leur offrir ce pour quoi ils ont payé. Pour le reste, on a aussi des ressources pour le budget... On axera sur d'autres choses qu'uniquement sur la compétition, via des événements promotionnels, par exemple.

Comment imagines-tu la suite, et avec quelles adaptations ? 
On est conscient qu'il peut y avoir un problème. On serait fou de ne pas prévoir l'avenir, donc on doit commencer par des économies en interne. On pourrait par exemple limiter le nombre de coureurs Élites en 2021. Je me suis engagé à reprendre mes coureurs pour l'année prochaine. Mais si on redescend à douze unités, avec ceux qui arrêtent, je ne pense pas prendre de coureurs supplémentaires. On pourra miser sur les Espoirs aussi. Des économies peuvent se faire là-dessus.

« ON VA SE BATTRE »

As-tu d'autres pistes ? 

Les équipements, c'est un gros pôle. Peut-être qu'on fera attention à y avoir moins de dépenses. Cette année, on a acheté des roues, donc on n’aura pas besoin de le faire l'année prochaine. Les économies vont se faire naturellement. Je veux qu'on reste en National 1, avec une structure qui fait toujours envie aux jeunes coureurs qui veulent passer pro. Pour continuer à être un réservoir, je veux garder ça. L'année prochaine on aura une équipe de haut-niveau. On a été champion de France, les coureurs sont demandeurs, contrairement à l'époque... On a passé un palier. On va se battre pour garder les salariés, les DS notamment ; Aymeric Brunet et Sébastien Hoareau. Je veux continuer à travailler avec eux. On doit se battre pour rester en haut. On pourrait se morfondre et se dire que ça va être dur, mais moi je ne réfléchis pas comme ça. Je suis tourné vers 2021 et éventuellement vers la fin de saison. Aujourd'hui, il faut commencer à bosser sur l'avenir, savoir économiser là où on le peut, sans que l'équipe perde son niveau.

La pérennité du projet est-elle menacée ?
Si on est moins de douze, on comblera. Si tout le monde veut continuer, on continue. Mais certains coureurs m'ont déjà informé qu'ils souhaitaient arrêter pour bosser, ou pour d’autres motifs. Donc le nombre baissera. Des jeunes en Juniors veulent déjà venir au club. Les Espoirs 1 et 2, c'est l'avenir du club, donc c'est important qu'on puisse avoir des Espoirs de bon niveau en deuxième catégorie. Les économies seront faites ailleurs. Je suis de nature optimiste. C'est compliqué pour les entreprises avec les pertes d'argent, mais il y a des chefs d'entreprise attachés à ce club et je suis persuadé qu'ils joueront le jeu pour que le club continue d'être aussi fort dans les années à venir. Je veux rester dans la confiance, je ne veux pas voir tout noir.

Pour continuer d'avancer ensemble...
Ce serait trop facile de baisser les bras, que les partenaires nous laissent tomber et dire que c'est fini. On doit se battre pour notre sport, déjà. Évidemment que ce n’est pas facile, mais je m'interdis de lâcher. Si nous, les cadres, on est défaitistes, le bateau va couler. On doit le mener correctement pour pas qu'il ne coule, en étant optimistes et ambitieux. Mon objectif, c'est qu'on continue à faire les grandes courses, à faire des Classe 2. Il y a des courses qui nous ont déjà validés, donc je me dois d'y emmener une équipe qui tient la route. On doit garder le niveau de 2019 et on a plein de coureurs jeunes qui peuvent éclore.

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