Wanaka, île du sud de la Nouvelle-Zélande. C’est ici que Mikayla Harvey grandit et découvre le cyclisme. Dès les jeunes catégories, elle s’impose rapidement comme l’une des toutes meilleures de l’île, jusqu’à décrocher des titres nationaux et continentaux chez les Juniors. Grâce à la faible densité du peloton féminin néo-zélandais, elle se retrouve rapidement en tête de gondole et représente ainsi son pays aux Mondiaux de Richmond (Etats-Unis) puis de Doha (Qatar) pour ses deux saisons Juniors. Une fois chez les Espoirs, elle a besoin d’un temps d’adaptation pour trouver ses repères et commencer à performer. Après deux saisons et demi relativement discrètes, elle crée la surprise en remportant le contre-la-montre individuel du Tour de Bretagne 2019, à Plédran, devant les trois meilleures françaises de la discipline, Audrey Cordon-Ragot, Juliette Labous et Séverine Eraud.

Mais c’est bien cette saison, et plus particulièrement depuis la rentrée des classes début août, que Mikayla Harvey se fait une place parmi les grandes. 12e des Strade Bianche - meilleure jeune - dès son retour aux affaires, elle confirme fin août avec une 13e place sur le Grand Prix de Plouay puis une 12e place lors de la Course by le Tour (voir sa fiche DV). “J’ai pris conscience que j’en étais capable mais je ne m’y attendais pas du tout. Les Strade Bianche m’ont donné beaucoup de confiance, c’est à ce moment-là que j’ai compris qu’il était possible de titiller les meilleures mondiales. C’est d’ailleurs une course que j’ai adorée et sur laquelle j’ai déjà hâte de revenir”, sourit-elle auprès de DirectVelo. Une régularité nouvelle pour une fille qui n’avait, jusque-là, jamais décroché le moindre accessit sur une course WorldTour. Sa première moitié de Tour d’Italie est dans la continuité de ce qu’elle a démontré durant le reste de la période estivale. Présente dans le Top 15 de chacune des quatre premières étapes, la « Kiwi » caracole en tête du classement des meilleures jeunes et occupe la quatrième place actuelle du général à deux journées de la fin de la course, après l’abandon d’Annemiek Van Vleuten sur chute ce jeudi. “C’était vraiment chaotique, sur des routes dingues. Il y a eu une grosse chute, c’était assez effrayant mais par chance, j’ai pu l’éviter. Je souhaite vraiment le meilleur aux filles durement touchées car ce n’était pas beau à voir”.

CONFIANCE ET AMBITIONS

Placée à 1’18” de la Danoise Cecilie Uttrup Ludwig, la sociétaire de l’équipe Paule Ka peut même espérer monter sur le podium si elle réalise une grande performance ce vendredi, dans l’ascension finale de San Marco La Catola et ses 5,6 kilomètres à 8,1% de pente moyenne. “Je me sens capable de faire quelque chose de bien encore une fois. Au début, je me surprenais mais maintenant, je commence à m’y faire”, se marre celle qui promet se sentir forte et ne semble pas manquer de confiance. “C’est super excitant de sentir que tu fais partie des meilleures et que tu peux jouer les tous premiers rôles. C’est prometteur pour la suite”.

L’athlète de 22 ans est désormais très ambitieuse et a conscience que l’avenir est devant elle. “Je me suis battue pour ça, pour ce moment-là, depuis les jeunes catégories. J’aime les courses dures et longues, avec un enchaînement de montées. Je sens que je peux briller sur ces courses-là et voir les choses en grand”. À moyen terme, elle se rêve en lauréate sur les Strade Bianche ou sur les Ardennaises. “Ce sont des courses idéales pour moi, avec des petites montées sèches de moins de cinq kilomètres. C’est ce que je préfère”. En pleine bourre, Mikayla Harvey promet également être (très) ambitieuse pour les prochains Championnats du Monde, à Imola. En attendant, il reste deux journées à cette grande passionnée de naturopathie - qui a d'ailleurs consacré des années d'études au domaine de la nutrition et dit passer des heures en cuisine par semaine par passion des bonnes choses - pour confirmer toute l’étendue de son talent sur les routes du Tour d’Italie.