Lotto-Soudal construit déjà pour 2023
La formation WorldTour Lotto-Soudal a déjà recruté sept coureurs pour la saison prochaine. Particularité : ils ont tous moins de 23 ans. Quatre d'entre eux proviennent de l'équipe de formation : Sébastien Grignard, Xandres Vervloesem, Harry Sweeny et Viktor Verschaeve. S'ajoutent à cela les transferts de Sylvain Moniquet (Continental Groupama-FDJ), Filippo Conca (Biesse Arvedi) et Andreas Kron (Riwal Securitas CT) (lire ici). Un hasard ? Certainement pas. "Nous sommes en plein rajeunissement. C'est le bon moment, je pense. Nous aurons un bon équilibre avec les élements d'expérience comme John Degenkolb, Caleb Ewan, Tim Wellens et Philippe Gilbert", explique le manager John Lelangue à DirectVelo.
Ce jeunisme est la deuxième étape de son plan. La première était de retrouver des leaders. Arrivé en novembre 2018, le Belge n'a pas encore pu réellement influencer le recrutement de son équipe car la plupart des contrats pour 2019 et 2020 étaient déjà signés. "Ma marge de manoeuvre se situait en fin 2019 pour 2020 de retrouver certains leaders comme Philippe Gilbert ou John Degenkolb, de faire resigner des hommes forts comme Thomas De Gendt, Tim Wellens ainsi que les membres du train de Caleb Ewan. Et maintenant, je travaille sur le deuxième aspect, la relève. Ils sont actuellement sept à avoir signer et d'autres arrivent", avertit John Lelangue. Ce qui signifie que beaucoup d'élements comme Sander Armée, Tomas Marczinski, Nikolas Maes, Jelle Wallays, Brian Van Goethem, Rémy Mertz, Adam Hansen, Jonathan Dibben, Tosh Van der Sande et Rasmus Iversen vont quitter le navire à l'issue de la saison et permettre de petites économies (la crise du coronavirus a un impact négatif sur le budget de l'an prochain). "L'important est de pouvoir conserver une structure. Le but est d'anticiper ce que sera Lotto-Soudal en 2022 et 2023", affirme-t-il.
PAS L'AMBITION D'ALLER CHERCHER UN LEADER POUR LA MONTAGNE
Cette cure de jeunesse fait donc partie d'une stratégie, à long terme, jusque 2023. "C'est important d'investir sur un groupe de jeunes qu'on va former dans le WorldTour dès l'année prochaine, comme nous le faisons actuellement avec un Florian Vermeersch, Brent Van Moer ou Stefano Oldani pour 2022. Il faut préparer maintenant dans le WorldTour pour qu'ils soient prêts deux ans plus tard, pour arriver à leur pic de maturité." A l'exception d'Harry Sweeny (lire ici) et de Sébastien Grignard, la majorité des coureurs recrutés ont un profil pour les courses accidentées, voire même de grimpeur en ce qui concerne Xandres Vervloesem et Sylvain Moniquet.
"Contrairement au sprint et aux classiques, nous n'avons pas de leader pour la montagne et nous n'avons pas l'ambition d'aller en chercher un. Nous voulons faire cela avec un groupe de courses accidentées : Conca, Kron, Vervloesem. C'est le registre dans lequel on peut se développer et leur donner des opportunités." Cette philosophie s'applique moins pour un sprinteur ou un coureur de classiques. "A moins qu'il soit vraiment très bon, c'est le cas de Vermeersch ou Van Moer, car le compartiment du sprint et des classiques est déjà bien fourni avec John Degenkolb, Gerben Thijssen, Caleb Ewan, Philippe Gilbert et Tim Wellens". Ce qui veut dire qu'un profil comme Arne Marit ne signera pas chez Lotto-Soudal. "C'est un super coureur. Chez nous, il n'aurait pas sa place. Avec Caleb Ewan et John Degenkolb, nous ne sommes pas sur un troisième programme de courses 1.1 où il pourrait avoir sa chance. Je préfère lui laisser le temps de monter en puissance et peut-être le récupérer dans deux ans."
« LES GARS QUI VONT PASSER ONT LES MOYENS DE S'ADAPTER »
Ce recrutement basé sur les jeunes comporte toujours le risque de les faire monter trop tôt chez les pros. "Parfois, cela m'inquiète car il y a des jeunes qui sont devenus pros trop tôt par le passé, mais les gars qui vont passer ont les moyens de s'adapter", met en garde le directeur sportif Kurt Van de Wouwer. Le vainqueur de la Ronde de l'Isard Xandres Vervloesem a disputé 11 épreuves UCI en deux ans et le voilà déjà professionnel. "Mais il avait déjà fait de belles choses chez les Espoirs", dit Kurt Van de Wouwer. L'an dernier, il a eu des problèmes. Cette saison, il a été pénalisé avec le coronavirus. Mais ses tests sont plus que concluants. "Je m'attendais à ce qu'il fasse quelque chose de bien à la Ronde de l'Isard", explique John Lelangue qui n'est pas inquiet sur les capacités d'adaptation des nouveaux coureurs. "Ils sont arrivés à un stade où ils apprendront plus vite chez nous que de faire une année chez les Espoirs. Nous faisons confiance à notre flair et pour cela, je compte beaucoup sur le point de vue de Kurt Van de Wouwer. Et parfois, nous jugeons bon qu'il est mieux qu'un coureur fasse une année supplémentaire chez les Espoirs comme nous l'avions défini avec Viktor Verschaeve. Le but était qu'il fasse des courses comme le Giro, le Tour de l'Avenir, et les courses avec l'équipe nationale."
Cette cure de jeunesse n'est pas simplement propre à l'équipe Lotto-Soudal. Des équipes comme UAE-Team Emirates, Jumbo-Visma ou Sunweb investissent beaucoup sur des jeunes coureurs. "Et regardez ce que cela a donné sur le Tour de France, mais je ne dis pas que j'attends la même chose, il est possible que cela prenne du temps avant d'avoir des résultats".