Julian Alaphilippe : « C’était la course de mes rêves »
Il l'a fait ! Après en avoir rêvé pendant des années, Julian Alaphilippe a décroché, ce dimanche, le titre de Champion du Monde sur route sur le circuit automobile d'Imola, en Italie. Le Français est parti seul dans la dernière difficulté du jour, la Cima Gallisterna et n'a pas été revu par le groupe de poursuite (voir classement), décrochant ainsi le premier titre pour les Bleus depuis Laurent Brochard en 1997. Toujours pas remis de ses émotions après le podium protocolaire, il est revenu sur ce sacre mondial auprès de DirectVelo.
DirectVelo : Tu es Champion du Monde !
Julian Alaphilippe : C’est une émotion difficile à décrire. C’était la course de mes rêves, je ne vais pas le cacher. C’est ma plus belle victoire. Ce maillot arc-en-ciel m’a toujours fait rêver. J’avais à cœur d’y arriver, je me l’étais promis et je l’avais promis à mon père avant qu’il parte. Aujourd’hui (dimanche), j’ai pensé à lui. Je tiens vraiment sincèrement à remercier l’Équipe de France toute entière et particulièrement mes coéquipiers qui ont fait un très gros travail aujourd’hui. On a couru à la perfection collectivement. Je savais ce que j’avais à faire et ça l’a fait. Je n’ai pas les mots, c’est difficile de réaliser.
« J'AI TOUT FAIT À BLOC »
L'ensemble de l'équipe et toi-même avez semblé courir à la perfection sur ce Mondial...
L’équipe a fait un très gros travail avant la dernière ascension. Je me sentais bien, j’étais bien placé et j’ai décidé de faire l’effort maximum jusqu’au sommet pour voir si je pouvais faire la différence. Quand j’ai vu qu’il y avait un petit écart, je ne me suis plus posé de questions, j’ai tout fait à bloc jusqu’à la ligne. C’était un peu difficile de rester autant de kilomètres avec une dizaine de secondes d’avance.
As-tu douté ?
Je me suis juste concentré sur le fait de me faire le plus mal possible. J’ai réalisé que je gagnais quand j’ai vu la ligne. C’est un aboutissement. Ce n’est pas du jour au lendemain que l’on gagne une course comme ça. C’était le rêve de ma carrière. Je suis tellement heureux d’y être arrivé... Gagner le Mondial était le plus grand objectif de ma carrière.
L'offensive de Tadej Pogacar dès l'avant-dernier tour t'avait-elle inquiété, ou avait-elle changé les plans de l'équipe ?
Auparavant, on avait déjà décidé de durcir la course (Quentin Pacher et Nans Peters se sont mis à la planche à quelques 70 kilomètres de l'arrivée, NDLR). Lorsque Pogacar a attaqué, on a vu que les Belges roulaient, les Suisses aussi. C'était un bon scénario pour nous. Il fallait rester super concentré. Sur la fin de course, je me sentais super bien et je savais ce que j'avais à faire.
« IL FAUT TOUJOURS TROUVER LA FORCE D'AVANCER »
Tu ne sembles toujours pas réaliser...
C'est le sommet ! Comme je l'ai déjà dit, je le répète, c'est la course de mes rêves. J'ai déjà pu gagner de très belles courses et à chaque fois, ce sont des émotions incroyables et différentes. Gagner sur le Tour, porter le maillot jaune, gagner un Monument... Mais le maillot arc-en-ciel, c'est le plus beau de tout !
On imagine cette victoire d'autant plus savoureuse que tu es passé par des moments particulièrement difficiles ces derniers mois...
C'est une émotion qui fait beaucoup de bien dans une année avec beaucoup de hauts et de bas. Je vais m'arrêter sur le fait que c'est l'aboutissement de beaucoup de travail. Dans la vie, tout le monde traverse des moments difficiles. Je n'ai pas été épargné. Il faut toujours trouver la force d'avancer, se relever quand on prend des claques. J'ai toujours eu cette force en moi de continuer même quand rien n'allait. Souvent, on ne retient que les victoires mais les moments plus durs m'ont aussi servi pour atteindre ce sommet aujourd'hui.
Tu vas désormais disputer les Ardennaises avec le maillot arc-en-ciel sur le dos...
C'est un rêve. Mais j'ai déjà envie de prendre le temps de réaliser ce que je viens d'accomplir. J'ai tellement rêvé de ça que c'est un sentiment vraiment spécial.