Paul Sauvage : « C'est un métier incroyable »
Depuis le début de l’année, Paul Sauvage n’a pas l'impression de travailler. Et pourtant le Rhodanien ne chôme pas. Ce dimanche matin, à l’aube, il se trouvait dans l’aire de départ du Grand Prix L’Echappée, disputé à Martigny (Suisse). “J'adore ma vie en ce moment. C'est un métier incroyable. C'est hyper plaisant. J'essaye de pousser au maximum ce qu'on peut faire. Ce n'est jamais une contrainte. C'est le meilleur choix que j'ai pu faire”, assure celui qui occupe aux côtés de Hugues Thomas le poste de directeur sportif à Charvieu-Chavagneux IC.
« À AUCUN MOMENT, JE N'ÉTAIS PAS BIEN EN ARRÊTANT »
Tout lui plaît dans cette nouvelle mission. La semaine, il bosse notamment sur le parcours de la course du week-end. “C'est un truc que je faisais avant pour moi, maintenant je le fais pour l'équipe. Je partage mon travail”, dit-il. En revanche, le jeune encadrant découvre la partie logistique d’un déplacement. “Il y a le petit stress qui te bouffe le jus. Pour venir à Martigny, tu passes la frontière suisse. Un coup, il faut les tests PCR. Le lendemain, il ne les faut plus. On te dit que la course est annulée. Puis tu ne sais pas si les Juniors peuvent courir. Il faut appeler l'hôtel 17 fois pour dire qu'on est 25 et puis finalement qu’on n’est que 6. Mais ça fait partie du boulot. C'est de l'adaptation”. Il reconnaît tout de même s’endormir parfois avec le poing serré. “Tu te dis : « J'espère que ça va passer ». C'est la période qui veut ça. Moi, j'adore”.
Si Paul Sauvage aime son nouveau rôle, c’est qu’il a fait le deuil de sa carrière cycliste. “Il a été très vite fait. Personne ne m'a obligé à arrêter, c'était un choix personnel. À aucun moment, je n'étais pas bien en arrêtant”. Il a passé ses deux dernières années de coureur à Charvieu-Chavagneux IC, et dirige aujourd’hui d’anciens coéquipiers. “C'est un peu spécial de faire des briefings avec les mecs avec qui j'étais. Mais tous les gars sont matures. Je ne me prends pas pour un autre non plus. J'étais à leur place l'année dernière. Je ne vais pas leur dire « vous faites comme ça… ». Les Juniors et les 2e caté sont hyper à l'écoute. J'ai pas mal de chance”.
« ON SE SENT UN PEU IMPUISSANT »
Il n’a pas encore vécu la victoire d’un de ses coureurs depuis la voiture. “J'ai eu une 2e place à Pelousey, sourit-il en référence au résultat de Giacomo Ballabio. Le stress de la victoire, c'est hyper intéressant. On se sent un peu impuissant. Ce n'est pas aussi fort que de le vivre sur le vélo, mais c'est quand même très intense comme les chutes”. De ce côté-là, il ne cache pas une part d’égoïsme. “Quand tu entends chute dans le peloton, c'est un peu bâtard, mais tu t'en moques des autres. Tu espères juste que la voix de radio-tour ne dise pas Charvieu ou un de tes dossards. C’est un peu la loi”.
L’ancien membre de l'Équipe de France Espoirs assure ne pas avoir de plan de carrière. “Pour être honnête, je ne sais même pas où je serai l'année prochaine. Je suis stagiaire”, rappelle-t-il. Si tout va bien, il obtiendra son DEJEPS au début de l'automne prochain. “On verra si je trouve un poste de DS ou si je vais plus dans l'entraînement”. À ce jour, il accompagne Anthony Baudis, membre de la N1 de Charvieu-Chavagneux IC, Thomas Husni et Dorian Oubrier, Juniors au sein du club isérois, Arthur Pauchard (Corbas Isatis Cycling Team) et Samuel Gabaix, un coureur sur Tarbes en Pass-Open. “Je l’ai rencontré il y a deux ans, en pleine coupure à Hossegor en sortie de boîte. On commence à parler et c’était improbable. Il me dit : « je fais du vélo, je n'ai pas d'entraîneur…». Je lui ai dit « si tu veux je peux t'aider, je connais un peu le vélo ». Mais c'était bien avant que je passe le diplôme”. Et même après avoir récupéré de sa soirée, Paul Sauvage a tenu sa promesse. Sa voie était tracée.