Tour du Chablais : « Si on ne peut pas boire le café… »
Depuis le début de l'année, les annulations s'enchaînent. Faute d'accord du préfet, certaines épreuves disparaissent du calendrier au dernier moment. Le Tour du Chablais a lui annoncé son annulation plus de quatre mois avant sa date. C'est par un courriel que Thierry Lièvre a fait part de la nouvelle, le 15 avril dernier, à la Fédération Française de Cyclisme puis aux médias. “Par la présente, prenez note de l'annulation du Tour du Chablais 2021. Trop compliqué et démotivation en raison des mesures à tenir, nous préférons renoncer et se reporter en 2022 si tout redevient normal, impératif pour une réorganisation de cette épreuve. Étant navré d'en arriver à cette issue”, écrit l’organisateur dans son message.
« IL N’Y AVAIT PAS LA FLAMME... »
Deux semaines après avoir rendu public sa décision, Thierry Lièvre ne regrette pas son choix. “L'année passée, au moment du premier confinement, on avait de suite pris la décision d'annuler. On avait peur au niveau financier notamment. Aujourd'hui, on a le budget sur le compte. Mais on ne va pas prendre de risques. La situation sanitaire est la même que l'an passé, si ce n'est pire”, estime-t-il pour DirectVelo. Fin janvier, il avait réuni son équipe pour prendre le pouls. “Un ou deux ne voulaient pas repartir, d'autres n'étaient pas très chauds. Il n'y avait pas la flamme pour le faire”.
Organiser le 22 août prochain l'épreuve Élite Nationale dans les conditions actuelles n'intéresse pas le Haut-Savoyard. “Il faut que ce soit une belle course pour les coureurs et que ce soit festif à côté, avec des échanges, de l'amitié... J'ai des gens qui viennent de loin pour conduire une voiture. Et là, il faut porter le masque. Si on ne peut pas boire le café le matin, se faire la bise ou aller manger au bistrot, ce n'est pas pareil. Quand tu vois les annonces…”. L'équipe organisatrice n'a pas souhaité attendre de connaître l'évolution de la pandémie ces prochains mois. “J'espère que tout sera ouvert en août bien sûr”. Mais le comité d'organisation s'était donné jusqu'à fin mars pour prendre une décision. Et à ce moment-là, le gouvernement a serré les boulons. “Je ne sais pas si c'est la bonne décision d'annuler la course mais pour l'ambiance, je préfère ne pas la faire”.
TROUVER UN SUCCESSEUR
Thierry Lièvre tire son chapeau à ceux qui continuent d'organiser. “J'aurais pu le faire mais il n'y aurait pas eu le plaisir, insiste-t-il. Si tu es une boîte privée qui est dans l'événementiel, tu continues jusqu'au bout. Mais, je n'ai pas d'argent à gagner avec la course”. S’il veut bien faire les choses, c’est aussi car 2020 aurait dû être sa dernière année à la tête de l'épreuve montagneuse. “Je veux le faire une dernière fois mais dans de bonnes conditions, c'est-à-dire dans des conditions normales : sans les masques, avec les bistrots... Je ne veux pas le faire comme un zombie. Ça, ça ne m'intéresse pas”.
Alors qu'il va bientôt partir à la retraite, il espère l’organiser une 25e fois avant de confier un bébé qui a bien grandi. Cette mission ne s'annonce pas des plus simples. “S'il faut aider pendant un an mon successeur, je serai là. Mais je ne veux plus être le président de l'organisation. C'est lourd, c'est du boulot. On a toujours essayé de bien faire”. Il ne souhaite pas s'arrêter sur une double annulation. “On va voir l'évolution de la pandémie dans l'automne. Je ne suis pas médecin. J'ai une assemblée générale en fin d'année. On fera le bilan à ce moment-là”. Et pour l'après-Thierry Lièvre ? “Je reposerai la question. Et s'il n'y a personne pour reprendre les clés du camion, on arrêtera”. Ce qui ferait perdre au calendrier Élite l'une de ses rares courses montagneuses. Encore une mauvaise nouvelle pour le vélo amateur.