Robin Meyer : « Je devais me bouger le cul »
Robin Meyer retrouve des couleurs. Après des débuts délicats dans sa nouvelle formation NIPPO-Provence PTS, la réserve d’EF Education - la faute notamment à un problème matériel handicapant -, l’ancien “aixois” a réalisé sa meilleure performance de la saison, la semaine passée, sur les routes du Tour d’Alentejo (2.2), au Portugal. Un pays où il pourrait prochainement retourner pour y disputer le Tour national. Entretien avec l’athlète de 25 ans depuis la région de Zürich, où il passe parfois quelques jours entre deux courses, avec certains de ses coéquipiers, au siège de l’équipe.
DirectVelo : Tu as pointé le bout de ton nez sur le Tour d’Alentejo avec deux Top 15 d’étapes…
Robin Meyer : J’ai enfin retrouvé une bonne condition. Je courais après depuis le début de la saison. J’ai répondu présent sur l’étape la plus dure de la course, même si ça roulait fort. Je suis un peu déçu de mon contre-la-montre, j’aurais sans doute pu faire mieux. Mais globalement, c’est plutôt encourageant pour la suite.
« J’AI RÉCUPÉRÉ UN VÉLO CASSÉ »
Que s’était-il passé jusque-là ?
Déjà, il m’a fallu le temps de m’adapter car je suis arrivé dans une toute nouvelle équipe. Mais surtout, je n’ai pas beaucoup couru en début de saison. On n’a pas été gâtés au niveau du matériel car on n’a reçu nos vélos qu’à la toute fin avril. C’était le cas d’autres équipes également mais la plupart ont pu courir avec leurs vélos de l’an passé. Le problème, c’est que lorsque je suis rentré de ma première course en Turquie, en début de saison, j’ai récupéré un vélo cassé à l’aéroport, à la descente de l’avion… J’ai donc dû passer un mois et demi à rouler sur mon vélo de contre-la-montre… Heureusement que j’aime bien rouler sur ce vélo mais sur des sorties de six ou sept heures, c’est quand même compliqué (sourire). Tu n’as pas le même confort que sur un vélo de route pour les longues sorties, c’est évident. J’ai pu courir en Croatie avec un vélo prêté par une autre équipe mais ensuite, je n’ai pas vraiment pu courir. C’était la galère et quand je suis enfin revenu à la compétition après avoir reçu mon vélo 2021, j’ai morflé. Je manquais clairement de rythme.
Tu évoques notamment le Tour d’Eure-et-Loir…
Oui, je venais de faire ma reprise en Suisse puis j’ai disputé le Tour d’Eure-et-Loir en n’étant pas trop en condition. En plus, je savais que c’est compliqué là-bas, avec souvent des conditions météo pourries, des bordures et des costauds qui roulent très vite. C’est une course pour hommes forts. J’ai dû serrer les fesses puis ça a commencé à aller un peu mieux à la Mirabelle. Puis j’ai une nouvelle fois été embêté à cause d’une sorte de virus que l’on a été plusieurs à choper dans l’équipe, mais ce n’était pas la Covid. Je me suis retrouvé enrhumé et j’ai eu des maux de tête. Il a encore fallu faire preuve de patience mais j’ai enfin retrouvé le bon coup de pédale depuis.
Et tu as d’ailleurs disputé ton premier Championnat de France professionnel il y a deux semaines !
Jonathan (Couanon) et moi avons dû bâcher à la cloche alors qu’on avait fait 230 km. C’est vraiment dommage. On a lâché un tour trop tôt et ils n’ont pas voulu que l’on aille jusqu’au bout. On nous a arrêtés. Mais c’était quand même une superbe expérience. Je n’avais jamais fait une telle distance, mis à part une fois en Chine (en 2018, sur le Tour d’Hainan, lorsqu’il était stagiaire chez Delko Marseille Provence KTM, NDLR). Cela dit, cette fois-là, ça n’avait rien à voir car le rythme n’était pas le même et c’était plat… Mais au Championnat de France, le parcours n’était vraiment pas cadeau et ça a roulé fort d’entrée. J’espérais prendre l’échappée mais c’était impossible. J’ai très vite compris que ça n’allait pas le faire. Alors je me suis accroché le plus longtemps possible.
« JE NE M’ATTENDAIS PAS À JOUER LA GAGNE TOUS LES WEEK-ENDS »
Mentalement, cette expérience sur le circuit accidenté d’Epinal puis le Tour d’Alentejo ont dû te faire du bien !
J’espérais mieux de mon début de saison puis de ma “reprise” mais je pense que mon entraîneur et moi nous sommes loupés à l’entraînement. On n’en a sûrement pas fait assez. On a mal géré mais c’est normal, on n’a pas l’habitude de gérer ce genre de situation, où je me suis retrouvé sans compétitions et sans vélo de route… J’ai fait beaucoup de fond à l’entraînement mais j’aurais sûrement dû faire plus d’exercices spécifiques, à bien taper dedans. J’ai senti qu’il m’en manquait en course. Je le saurai pour la prochaine fois.
Et maintenant ?
Je vais partir sur le Sibiu Tour (du 3 au 6 juillet, en Roumanie, NDLR). Il y aura encore un gros niveau. Mais de toute façon, depuis que je suis arrivé dans ma nouvelle équipe, ce n’est que ça. Les plus petites courses auxquelles je participe sont les plus grosses courses que je faisais avec l’AVC Aix. C’est dur de courir devant. Je ne m’attendais pas à jouer la gagne tous les week-ends mais ça ferait quand même plaisir de pouvoir courir devant.
Après ce début de saison décevant, as-tu le sentiment de devoir prouver des choses à ton équipe cet été ?
Le staff ne nous met pas la pression, il n’y a pas d’obligation de résultats. Ils savent que l’on fait le maximum mais cette expérience est nouvelle pour tout le groupe, il nous faut du temps pour que tout se mette bien en place. La pression, je me la mets tout seul, par contre. Au Tour d’Eure-et-Loir, je me suis dit qu’il était temps que je fasse quelque chose, que je devais me bouger le cul. C’est chose faite : ça va mieux et j’espère bien que ce n’est que le début. Surtout qu’il y a possiblement de gros rendez-vous qui m’attendent encore cet été, comme le Tour du Portugal. Ce n’est pas encore sûr à 100%, mais ce serait une sacrée expérience.