Léo Vincent : « Besoin de souffler »
Léo Vincent a décidé de mettre un terme à sa carrière de cycliste de haut niveau. Redescendu chez les amateurs cette année après quatre saisons à la Groupama-FDJ, le Franc-Comtois de 25 ans explique son choix à DirectVelo.
DirectVelo : Pourquoi as-tu décidé d’arrêter en cours de saison ?
Léo Vincent : L’objectif était de repasser chez les pros le plus rapidement possible. Je voyais que ça commençait à être de plus en plus compliqué. Le Championnat de France était décisif et le Tour de Saône-et-Loire, prévu la semaine suivante, a été annulé. Je préfère arrêter de courir que de continuer en faisant les choses à moitié. Je dois penser à mon avenir professionnel. L’année dernière, ça s’est arrêté brutalement chez les pros. Ensuite, avec les courses au CC Etupes, ce n’était pas évident de se projeter. J’ai besoin de souffler. Il est possible que je recoure de temps en temps quand j’aurai de nouveau envie. Je ne raccroche pas le vélo définitivement.
« ON EN EST ARRIVÉ À LA MÊME CONLUSION »
Que s’est-il passé au Championnat de France où tu as abandonné ?
Je savais que c’était une course décisive pour moi. Je me suis mis la pression. J’avais vraiment à cœur de me venger de l’année dernière et de montrer ce que j’étais capable de faire. Il ne fallait pas se louper. Mais quand on part comme ça… Ça a un peu déraillé dans la tête. Il valait mieux arriver décontracté et serein. Chez les pros, j’avais l’habitude d’avoir des leaders. Là, j'étais très attendu. Entre les conditions climatiques dures et la pression que je me suis mise, ça n’a pas été facile à gérer. À la mi-course, quand j’ai commencé à lâcher prise, tout est un peu retombé. Physiquement, je n’étais vraiment pas bien. J’ai senti que la course m’échappait. C’était fini.
Est-ce que ça a été l’élément déclencheur de ta décision ?
Quand j’ai bâché au France, je savais que le retour chez les pros était impossible. Mon entraîneur Jacques Decrion m’a parlé juste après, il sait comment ça se passe chez les pros. Je gardais espoir avec le Saône-et-Loire mais il a été annulé. Il fallait prendre une décision. J’ai consulté mon entourage, on en est arrivé à la même conclusion. Je me suis décidé il y a une dizaine de jours. La décision a été dure à prendre et à annoncer comme c’est ma vie depuis les Cadets.
« ÇA NE M’A PAS MANQUÉ »
Qu’as-tu fait entre le Championnat de France et ta dernière compétition ce mercredi avec le Chrono 47 ?
J’avais prévu de couper après le Saône-et-Loire. Je suis parti en vacances avec ma compagne. Je n’ai pas trop touché au vélo pendant deux semaines et ça ne m’a pas manqué. Je me suis quand même un peu entretenu car je savais qu’il y avait cet enjeu pour le club avec la Coupe de France. Je devais respecter ce qu’on avait convenu avec Boris (Zimine, le directeur sportif du CC Etupes, NDLR).
Est-ce que vous en aviez déjà parlé avec Boris Zimine au début de la saison ?
On s’était fixé une « deadline » au bout de six-sept mois. On s’y est tenu. Quand on redescend de chez les pros, il faut être performant tous les week-ends. La façon de courir est totalement différente surtout en comparaison avec le WorldTour où c’est très linéaire et clair à lire. Chez les amateurs, c’est assez fou, ça a tendance à se jouer à d’autres endroits. En début de saison, mon gros problème a été de ne pas vraiment courir juste.
« JE REMERCIE ÉTUPES DE M’AVOIR LAISSÉ CETTE CHANCE »
As-tu ressenti une émotion particulière en accrochant ton dernier dossard ?
Ça fait quand même quelque chose. On avait tous envie de bien faire. On a été déçus de notre performance (20e équipe sur 27 à l’arrivée, NDLR). C’était difficile de savourer. En plus, on est vite reparti, on avait beaucoup de trajet. On n’a pas pu forcément fêter ça. Comme j’ai dit au reste du groupe, je reviendrai en assistant si ce n’est pas trop loin. Je continuerai à parler avec eux et on fera une fête en fin de saison. Je veux remercier le CC Etupes qui m’a fait confiance et qui m’a permis de mettre un terme à ma carrière en milieu de saison. Ce n’est pas facile pour un club amateur. Je les remercie de m’avoir laissé cette chance. J’espère que les jeunes auront l’opportunité de passer chez les pros. Ce sont tous de bons « petiots », j’ai passé six bons mois avec eux.
Quels sont les plus beaux souvenirs de ta carrière ?
Je dirais la Vuelta et le Dauphiné. Sur le Tour d’Espagne, en 2018, Rudy (Molard) avait le maillot rouge. Il y avait aussi Thibaut (Pinot). On rigolait dans l’équipe, on s’est bien amusé, on était une bande de potes.