Changement de cap pour Erwan Soulié

Crédit photo Julie Desanlis - DirectVelo

Crédit photo Julie Desanlis - DirectVelo

C’est la fin pour Erwan Soulié. Le coureur de 21 ans dit au revoir à la compétition après trois ans chez les Elites. Mais cela marque évidemment l’entrée dans une nouvelle vie pour l’actuel sociétaire du CC Etupes. Le Haut-Garonnais qui avait enchaîné les complications (voir ici) après un début de saison 2020 sur les chapeaux de roue revient pour DirectVelo sur ses années cyclistes et les raisons qui ont motivé ce choix.

DirectVelo : Pourquoi avoir décidé d’arrêter ?
Erwan Soulié : La raison principale c’est que le plaisir n’était plus assez présent face aux sacrifices qu’il faut faire dans ce sport. C’est une vie particulière. J’ai beaucoup pensé à la suite et je veux avancer. Je dois construire quelque chose. Jusque là, j’ai fait des études pour faire du vélo. J’étais en STAPS et pour autant je savais que ce n’était pas ça que j’allais faire de ma vie. Je ferai du vélo jusqu’à la fin de ma vie mais faire des séries pour être performant en compétition, ça ne me motivait plus trop.

Et que veux-tu faire de ta vie alors ?
J’ai toujours eu d’autres métiers en tête mais je ne pouvais pas m’y consacrer si je faisais du vélo. Depuis que je suis petit j’avais dans la tête d’être boulanger mais j’ai fait beaucoup d’années de sport et en discutant avec mes proches on s’est dit que mon corps me demanderait d’en faire encore sûrement. Je pense que le sport est un meilleur complément au métier de pompier que de boulanger. Je pense donc être pompier. Ça me permettrait peut-être même de faire de la compétition dans d’autres sports comme le triathlon. Ça fait un petit moment que j’y pense, j’aimerais commencer par faire des compétitions régionales.

« J’AI PASSÉ UN ÉTÉ COMME JE N’EN AVAIS JAMAIS PASSÉ AVANT » 

Cela fait donc longtemps que tu prévois une reconversion ?
Oui. Je me dis souvent que rien n’arrive par hasard. Durant l’été dernier, une petite graine a commencé à germer en moi alors que j’avais la mononucléose. J’ai passé un été comme je n’en avais jamais passé avant et je me sentais très bien même si le vélo me manquait, surtout en ayant fait le début de saison que j’avais fait. Il y a des périodes où on est très en forme mais où cela ne reflète pas notre niveau moyen. Je pense que c’était le cas en début 2020 pour moi. Je commence toujours très bien mes saisons et après j’ai tendance à me tasser. Ce ne sont pas des choses qui me chagrinent. C’est comme ça.

Est-ce à ce moment là que tu as décidé d’arrêter ?
C’était plus tard, sur la ligne de départ de la première étape du Val d’Aoste. J’ai pensé “tu n’as vraiment plus envie, c’est là que ça se finit”. Je me suis toujours dit que jamais je ne voudrais sacrifier ma vie pour le vélo. Sur l’Estivale Bretonne, ma dernière course, j’ai adoré être avec mes coéquipiers mais j’ai fait 40 kilomètres sur la première étape et après j’ai fait assistant. Je préfère retenir les bons moments et si je réussis ma vie sans le vélo j’aurai tout gagné.

« CE JOUR LÀ TOUT ALLAIT BIEN » 

Tu évoques “les bons moments”, y en a-t-il un qui sort du lot ?
La Coupe de France de chrono par équipe en 2019 avec l’Occitane, je pense que c’est mon meilleur souvenir. C’est la discipline que j’aime le plus dans le vélo. Il faut être homogène, aller vite ensemble. On avait fini 3e. On l’avait franchement travaillé en amont mais individuellement on n’était pas du tout 3e. On pensait finir dans le top 10. Mais ce jour là tout allait bien, tout était homogène et ça l’a fait. Le fait de faire cette performance en équipe, ça m’avait marqué. Je me suis toujours bien entendu avec les gars des équipes où je suis allé. C’est un des trucs qui va le plus me manquer.

Et si tu devais dresser un bilan de ces années vélo, quel serait-il ?
On dit souvent que le vélo c’est “l’école de la vie” et c’est vrai. C’est un sport où on laisse tout sur la route et on n’y gagne pas grand-chose, voire rien. C’est le don de soi pour le don de soi et c’est quelque chose qui me servira pour toute la vie. Mentalement cela demande beaucoup et c’est un sport d’équipe donc je pense que si je vais chez les pompiers ça me servira aussi. Mais il ne faut jamais dire jamais, quand j’aurai trouvé mon métier et que j’aurai une stabilité mentale et financière, ça reviendra peut-être. Je roule quand même avec mon père, avec ma famille. Je me fais plaisir.

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