Derrière un Romain Grégoire impérial, qui vient de passer les 1000 points au Challenge Morphologics-DirectVelo, un Breton est en train de s’affirmer comme le plus régulier du peloton Juniors dans l’Hexagone. Pierre Thierry, 18 ans, a vécu un dernier week-end très riche en émotions en prenant la 4e place du Grand Prix de Plouay, samedi, avant de remporter le KBA-Grand Prix Vérandaline le lendemain. Deux résultats qui viennent confirmer les excellentes prestations réalisées depuis le début de saison par celui qui totalise pas moins de onze podiums au niveau national en quatre mois. “Je suis content d’être aussi régulier. J’ai bien géré ma saison jusque-là. La semaine, je ne me mets pas de trop grosses charges à l’entraînement. Je fais juste ce qu’il faut et ça me permet d’avoir de la fraîcheur le week-end”. Son seul regret, pendant plusieurs semaines : accumuler les places de 2e. “Il me manquait une victoire mais c’est chose faite depuis juillet et j’ai même pu remettre ça le week-end dernier, c’est super”. 

Sur le Grand Prix de Plouay, dont il avait fait l’un de ses grands objectifs de l’été, le Rennais de naissance - qui réside désormais à Sérent (Morbihan) - a tenté son va-tout en fin de course en sortant seul du groupe de tête. Sans être récompensé. “J’ai passé deux kilomètres à bloc devant, mais avec quinze mètres d’avance sur le groupe... Je pensais que ça allait ressortir mais non, on m’a juste cueilli comme ça… Quand c’est ressorti dans la bosse suivante, je n’avais plus la force d’y aller, j’avais déjà mis une grosse cartouche”. Pas de quoi avoir de regrets cependant, puisque sa performance n'est visiblement pas passée inaperçue auprès du sélectionneur national. “Julien (Thollet) a vu ce que j'ai fait et je pense que ça m'a aidé. J’avais deux grands objectifs cette saison : faire un gros truc sur le Championnat de France chrono et obtenir une sélection avec l’équipe de France. Les deux se réalisent, je suis très satisfait”. 

« JE ME SUIS IMMÉDIATEMENT PROMIS DE FINIR SUR LE PODIUM »

Car Pierre Thierry défendra en effet le maillot des Bleus à Trente, lors du Championnat d’Europe contre-la-montre Juniors. Un objectif majeur de plus pour celui qui a décidé de travailler très dur dans l’exercice spécifique du chrono depuis de nombreux mois. “L’an passé, j’ai terminé 16e du Championnat de France chrono et après ça, je me suis dit que j’allais le bosser à fond en 2021. Je me suis immédiatement promis de finir sur le podium cette année. J’ai senti que j’avais des qualités pour cette discipline et je voulais absolument en profiter pour voir jusqu’où je peux aller”. Avec succès puisqu’il a décroché la médaille d’argent en Seine-et-Marne, sur le circuit de Lorrez-le-Bocage-Préaux. “J’avais tout fait pour arriver à mon pic de forme au moment du Championnat. J’avais perdu du poids et je n’avais jamais envoyé autant de watts”. Depuis, le niveau de performance et de forme physique du J2 sont légèrement retombés, à la suite d’une petite coupure. Mais le voilà une nouvelle fois sur la pente ascendante. “Idéalement, j’aimerais pouvoir me présenter au Championnat d’Europe dans la même condition qu’au Championnat de France”. Pour ce faire, il compte enchaîner les séances spécifiques sur sa machine, ainsi qu’un travail rigoureux de PPG, notamment de gainage. 

Sur ce Championnat d’Europe, le garçon ne sait pas véritablement ce qu’il pourrait viser, car il n’a été confronté qu’une fois au niveau international jusque-là, lors de la Ronde des Vallées. “Mais il n’y avait pas tout le monde, loin de là. J’aimerais bien faire un Top 10, mais c’est dur de savoir si c’est faisable”. Passionné de vélo depuis tout petit, dès les Pupilles, Pierre Thierry découvre le monde du cyclisme, ses spécificités et ses exigences étape par étape, en même temps que ses proches. “Je suis le premier de la famille à faire de la compétition. C’est nouveau pour tout le monde à la maison. Ce n’est pas comme ceux qui sont fils de coureur par exemple. Je découvre les bons côtés, et les moins bons, au fur et à mesure”. 

« J’AI PAS MAL DE POSSIBILITÉS »

Alors qu’il s’apprête à faire sa rentrée scolaire pour sa première année de BTS en Conception et réalisation de systèmes automatiques (CRSA), le Morbihannais admet avoir surtout la tête au cyclisme en ce moment. Il faut dire que les résultats des derniers mois lui donnent des idées pour l’avenir. “Je me projette sur trois-quatre ans. L’idée, maintenant, ce serait de pouvoir passer pro”. Pierre Thierry est d’ailleurs en pleine réflexion quant à sa future destination, pour 2022, lui qui rejoindra alors les rangs Élite. “J’avoue que j’ai pas mal de possibilités (sourire) mais je n’ai pas encore pris ma décision. Je me donne jusqu’à la fin du mois pour choisir. J’ai envie de me lancer dans un projet avec des perspectives d’avenir. Je veux penser à moyen et long terme”.

À plus court terme, il va continuer d’enchaîner les montées de la côte de Cadoudal, qu’il connaît par cœur et où il adore travailler son punch. “J’aime les petites ascensions raides, les efforts au lactique. Avant Plouay, j’avais fait plein d’exercices spécifiques dans Cadoudal. Une fois, je l’ai montée six fois dans la journée”, s’amuse-t-il. Sa rigueur et son sérieux ont payé. “Je suis un gros travailleur, je ne lâche jamais rien. Et je vois que je suis récompensé alors ça donne envie de continuer dans le même sens”. Très bon rouleur et puncheur, il s’imagine essayer de progresser en montagne l’année prochaine. “Pour l’instant, je n’ai pas encore eu l’occasion d’enchaîner beaucoup de cols. Et je sais que je n’ai pas le gabarit pour gagner le Tour de France un jour. Mais si je veux être un bon pro un jour, il faut au moins être capable de ne pas être mauvais en montagne”. Là encore, Pierre Thierry anticipe sur un avenir qu’il espère radieux.