Lewis Askey et la montagne, je t’aime moi non plus
Drôle de Ronde de l’Isard (2.2U) pour Lewis Askey. Jeudi dernier, après sa remarquable victoire d’étape à Lannemezan (Hautes-Pyrénées), le Britannique expliquait avoir réussi son coup, lui qui s’était promis de décrocher un succès avant de rejoindre la WorldTeam de la Groupama-FDJ en 2022 (lire ici). Ses ambitions personnelles devaient alors s’arrêter en même temps que cette deuxième étape de l’épreuve Espoirs. “La montagne, ce n’est pas pour moi, je vais simplement aider du mieux possible nos leaders, dont bien sûr Reuben Thompson, pour les trois jours à venir”, expliquait-il en substance. Mais vendredi, le garçon a pris la grosse échappée de la journée et s’est montré l’un des plus solides dans les longues ascensions de la Hourquette d’Ancizan puis du Col d’Aspin. “C’était pour prendre un coup d’avance et aider l’équipe. J’avais aussi l’ambition de prendre quelques points sur les sprints intermédiaires mais rien de plus”, assurait-il encore.
Sauf que l’habituel sprinteur-puncheur, intenable tout au long de l’épreuve, a remis le couvert le lendemain, samedi. Une fois encore présent dans l’échappée sur une étape de montagne, il a réalisé une montée solide du Plateau de Beille durant de longs kilomètres, dans le groupe de contre, maillot vert des points chauds sur le dos. Sans jamais totalement fléchir, il a finalement décroché la 11e place au sommet du mythique col pyrénéen. Alors, n’aurait-il pas tout de même quelques qualités de grimpeur ? “Cette fois, c’était vraiment la dernière fois que je faisais un petit truc en montagne !”, rigolait-il auprès de DirectVelo samedi. Il révèle alors une anecdote qui justifiait sa présence dans l’échappée. “En début de course, il y avait beaucoup de mouvements et j’y contribuais. Mais un des mecs de la Jumbo est venu à ma hauteur et m’a dit que ce n’était pas la peine que j’insiste car de toute façon, je n’allais pas être dans l’échappée. Et là, dans ma tête, je me suis dit que c'était ce qu’on allait voir ! Et j’étais bien content de le revoir à l’arrivée pour lui dire : « alors, je croyais que je n’allais pas être devant aujourd’hui ? ».
IL N’AIME PAS ÇA, MAIS IL Y VA QUAND MÊME
Lewis Askey révèle cette anecdote avec le sourire. Mais voilà qui démontre une fois de plus un sacré tempérament. Cela tombe bien : il vaut mieux avoir un caractère bien trempé et une grande confiance en soi pour espérer faire carrière chez les pros. “Dans le Plateau de Beille, j’ai fait ce que j’ai pu mais ce n’était pas très marrant”. Une fois de plus, le coureur de 20 ans promet qu’il n’a pas pris de plaisir en montagne et pourtant, il semblait relativement bien maîtriser son sujet. “Si ça avait été un peu plus court de quelques kilomètres, j’aurais peut-être apprécié mais là, ça m’a semblé interminable. Cela dit, le fait de courir devant aide quand même à mieux vivre la montée. Si t’es derrière, c’est pire. Franchement, je ne suis pas fait pour ce genre d’efforts”.
Il concède cependant que ses performances de la semaine pourraient l’aider et lui donner des idées à terme. Non pas pour devenir un grimpeur, mais pour prendre conscience que ces étapes-là ne seront pas toujours nécessairement un frein à ses ambitions. D’ailleurs, Lewis Askey s’est forcé à prendre des coups sur des étapes lors desquelles il ne semblait pas pouvoir espérer jouer la victoire d’étape. Preuve s’il en est qu’il a eu l’envie de se faire violence. Là aussi, une qualité indéniable et prometteuse. “Je ne m’attendais pas à avoir ces jambes-là en montagne. Encore une fois, ça ne fait pas et ça ne fera sans doute pas de moi un grimpeur, mais j’ai vu qu’en anticipant un peu, je peux espérer des petits trucs. Mais ça ne m’amuse pas trop… J’insiste ! Je vais continuer de cibler les Classiques (rires)”. Entre Lewis Askey et la montagne, c'est un peu « je t'aime moi non plus ». Voilà en tout cas un athlète qui est capable de hisser un maillot vert dans les premières positions lors d'arrivées au sommet.