Onze ans jour pour jour. Le 30 janvier 2011, Francis Mourey terminait 4^e au Championnat du Monde de cyclo-cross. Depuis, jamais aucun Français n’était rentré dans le Top 5 d'un Mondial dans la catégorie Élites. Ce dimanche, à Fayetteville, Clément Venturini a réussi cette performance, en ayant très longtemps joué pour le podium, avant que Lars van der Haar et Eli Iserbyt ne portent le coup de grâce. Mais l’habituel coureur d’AG2R Citroën Team a regardé ses adversaires les yeux dans les yeux (voir classement). Quelques heures après en avoir terminé, Clément Venturini revient avec DirectVelo sur cette course qui a fait vibrer à distance le public français pendant une heure. 

DirectVelo : Que t’inspire cette 5e place ?
Clément Venturini : J’ai encore du mal à l'analyser. Dimanche dernier, à Hoogerheide, j’avais dit que si je finissais dans le Top 5 du Mondial, ça serait fabuleux. Je fais 5e… C’est sûr qu’à un moment, j’ai rêvé d’une médaille. Tom Pidcock était au-dessus du lot pour le titre. Je ne pouvais pas donner plus. Sur le plan technique, ça fait plaisir car j’étais plus relâché, notamment grâce aux différentes reconnaissances que nous avons faites avec l’équipe de France et aux conseils de part et d’autres. Je n’avais repris les cyclo-cross internationaux que le 2 janvier… C’est ce dont il faut se souvenir. 

En voyant les autres courses, on pouvait se dire que c’était un circuit pour routiers, qui allait t’avantager…
C’est un peu rapide comme analyse, ça restait un circuit de cyclo-cross avec ses quelques virages, des endroits où il faut faire des efforts de cyclo-crossman… Chaque parcours a ses particularités. Sans faire offense à qui que ce soit, on ne s’en rend pas forcément compte dans son canapé. On pouvait vite perdre du temps à quelques endroits, comme dans la descente, même si c’était sec. Chaque circuit a son charme. 

« JE N’AI PEUT-ÊTRE PAS ÉTÉ FIN TACTICIEN »

C’était grisant de faire la course à l’avant avec un tel public ?
J’en ai discuté avec les autres coureurs français après la course. Ceux qui ont couru samedi ont pu profiter de l’ambiance aujourd’hui. Nous (les Élites, NDLR), on courait en fin de programme. Avant ma course, je suis dans ma bulle, j’ai des œillères. Pendant la course, j’entendais surtout François (Trarieux) et des membres du staff. C’était prévisible qu’il y aurait de l’ambiance ici. Les Américains encouragent autant le dernier que le premier, si ce n’est plus. Si on fait le show, on est d’autant plus encouragé. Ce qui est bien en venant courir aussi loin, c’est qu’on sort des sentiers battus. Nous étions tous sur le même pied d’égalité. Même si certains avaient plus de vélos que d’autres, on perd nos repères. C’était à notre avantage car on se déplace souvent, contrairement à nos adversaires.  

Tu n'as pas compté tes efforts !
Je n’ai peut-être pas été fin tacticien. Lars Van der Haar n’a pas pris un relais de la course et quand il a mis une cacahuète, c’était fini pour moi. Il roulait 5 km/h plus vite que moi. C’était l'accélération type du crossman. J’ai essayé de m’accrocher, mais j’avais besoin de temporiser. Il faut pratiquer souvent pour faire ce type d’accélération. Encore une fois, j’ai repris le 2 janvier. Je n’ai pas fait beaucoup de cyclo-cross. 

« J’AI MONTRÉ QUE CLÉMENT VENTURINI SAVAIT ENCORE FAIRE DU CYCLO-CROSS »

Quel bilan fais-tu de ce mois de janvier ?
Je n’ai plus le maillot de Champion de France. Comme je l’ai dit à Liévin après la course, on ne peut pas le gagner tous les ans. C’est bien que ce soit Joshua (Dubau) qui l’ait sur les épaules, il l'a largement mérité. Même si j’étais déçu de le ranger, ce n’est pas plus mal que ce soit lui qui le porte. Ça montre aussi que c’est une discipline à part entière. Si j’avais eu une médaille sur ce Championnat du Monde, j'aurais dit que je m’en “fichais” du maillot. Là, c’est différent. Mais je pense que j’ai montré en tout cas que Clément Venturini savait encore faire du cyclo-cross (sourire). 

Quelle sera la suite pour toi désormais ?
Je vais me reposer une semaine, passer du temps avec ma compagne et ma famille, en profiter. Puis il y aura le retour à la compétition fin février, à la Drôme-Ardèche. Autant j’étais hyper excité de retourner faire du cyclo-cross cet hiver, autant je suis hyper content de reprendre bientôt les courses sur route. J’ai un programme alléchant qui m’attend avec mon équipe. La saison dernière a été un tournant, je suis content de remonter la pente.