Hagens Berman-Axeon veut garder son indépendance
Après des années de galère au Tour d'Italie Espoirs, la formation Hagens Berman-Axeon a enfin vaincu le signe indien en remportant l'épreuve grâce à Leo Hayter. "Enfin, on laisse cette poisse derrière nous", s'exclame le manager de l'équipe Axel Merckx au micro de DirectVelo. "D'habitude, quand on venait ici, on perdait un gars dès le premier jour sur chute ou maladie", rappelle le directeur sportif Koos Moerenhout.
Dès le deuxième jour, la formation américaine a pris les commandes du général, pour ne plus lâcher ensuite la tunique rose. "On n'avait pas pensé à un tel résultat. L'objectif de base était une étape. Après la 2e étape, on s'était dit qu'on continuait de voir au jour le jour, mais quand tu te retrouves avec presque six minutes d'avance au général après trois jours, tu te dois de jouer le classement général", explique Axel Merckx. Finalement, le Britannique a géré son avance, malgré la pression des deux grosses équipes concurrentes, Groupama-FDJ et Lotto-Soudal DT. "Ils ont fait ce qu'il fallait, attaquer de loin, mais nous aussi. Contrôler la course avec cinq coureurs fut loin d'être évident", concède Axel Merckx.
LE GIRO ESPOIRS, LE GRAAL POUR UNE ÉQUIPE DE FORMATION
Koos Moerenhout estime que les circonstances de course ont également joué en leur faveur lors de la 5e et la 6e étape. "La concurrence entre Lotto-Soudal et Groupama-FDJ nous a aidés. Ils ont roulé l'un contre l'autre pour les places du podium. Le cinquième jour, quand Groupama-FDJ a attaqué à quatre, Lotto est venu nous aider et le lendemain, c'était l'inverse. On aurait pu être davantage en difficulté si les deux formations avaient accordé leurs violons et le fait d'avoir presque six minutes d'avance nous permettait aussi de voir venir". Avec 2'55" sur Lennert Van Eetvelt au départ de la dernière étape, la victoire semblait dans la poche. Cependant, Axel Merckx ne voulait pas fanfaronner à l'avance. "Avec notre passif ici ? Certainement pas", plaisante-t-il. "Leo Hayter ne voulait prendre aucun risque. Il a laissé Lennert Van Eetvelt attaquer. Il a demandé à ses coéquipiers de boucher le trou. Il a beaucoup appris sur un rôle de leader. Dans la voiture, c'était stressant."
Après deux saisons difficiles à cause du coronavirus, ce succès constitue un point d'orgue pour l'équipe américaine. "Quand je pense que je luttais encore pour trouver des sponsors durant l'hiver. De plus, au niveau sportif, 2021 n'a pas été bon et on s'est retroussé les manches. On gagne le Tour d'Istrie avec Matthew Riccitello, les Strade Bianche di Romagna avec Darren Rafferty, mais là, c'est encore autre chose. Bien sûr, il y a le Tour de l'Avenir et le Championnat du Monde, mais pour une équipe Continentale de développement, il n'y aura rien de plus beau que le Tour d'Italie Espoirs", considère Axel Merckx.
LES ESPOIRS, L'ÉCOLE DU CYCLISME
L'équipe d'Axel Merckx est donc à nouveau sur de bons rails. Les résultats reviennent et par conséquent, l'intérêt des structures WorldTour aussi. Ainsi, Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux leur fait les yeux doux et aimerait s'associer à leur projet. Des discussions sont en cours, mais Axel Merckx aimerait conserver l'indépendance de son "bébé. J'ai participé à la création de l'équipe il y a quatorze ans, elle fait partie de mon ADN. Ça fait un moment qu'on discute ensemble avec Wanty. On ne trouve pas vraiment de solution. Quand tu te lies à une WorldTeam, c'est du donnant-donnant et ça peut amener des problèmes. J'espère qu'une victoire comme ici va inciter des partenaires à s'engager avec nous. Le problème reste le retour sur investissement. Heureusement, on a un contrat de trois ans avec BMC. Berman a encore un engagement pour l'année prochaine."
Si le manque de visibilité pour les partenaires demeure un problème récurrent pour la catégorie, Koos Moerenhout et Axel Merckx restent unanimes sur l'importance de celle-ci. Les rumeurs d'un arrêt du Giro Espoirs l'an prochain ne vont pas les rassurer (lire ici). "Je vois des Juniors passer pro tout de suite. J'espère que ça ne va pas devenir la norme. Il ne faudrait pas qu'on arriver dans un système où si le gars n'est pas pro à 18 ans, il est fini. Il va se mettre une pression alors qu'il n'est pas adulte. Ce n'est pas sain, sans parler de l'obsession pour les données de puissance. La section des moins de 23 ans reste essentielle", souligne Koos Moerenhout. "C'est l'école du cyclisme. Ils apprennent en faisant des conneries. Si on commence à négliger la catégorie, ça va devenir compliqué pour nous, en tant qu'équipe U23, mais aussi pour un tas d'autres formations et de coureurs. Obliger les gars à être Espoirs au moins un an me semble indispensable", termine Axel Merckx.