Raphaël Taieb : « Ça ne me fait pas du tout peur »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Raphaël Taieb a le sourire d’un Cadet. Ce jeudi, le sociétaire de Corbas Lyon Métropole a disputé à l’âge de 35 ans son premier Championnat de France Elite du contre-la-montre. Partenaire majeur du club de N2 dont il prendra la présidence dans l’année, l’entrepreneur lyonnais - il a créé et dirige lelivrescolaire.fr - raconte son bonheur à DirectVelo et parle des ambitions pour le club rhodanien.

DirectVelo : Tu viens de participer à ton premier Championnat de France Elite du chrono. Qu’est-ce que ça représente ?
Raphaël Taieb : Pour moi, c’est presque un rêve de gamin. Il y a les professionnels qui courent avec nous, il y a la télévision, le public tout au long du parcours. Je vis de ma passion du vélo actuellement, c’est un peu à l’inverse du schéma habituel des coureurs qui eux vivent de leur passion et ensuite passent à autre chose. Moi, de 15 à 30 ans, j'ai bossé comme un malade. Maintenant, je suis à fond dans le vélo car j’ai la possibilité de le faire et je rattrape le temps perdu. Je m’éclate comme un gamin.

« L'ANNÉE OU JAMAIS  »

Et te voilà à Cholet...
J’en ai parlé à Denis (Repérant) en tout début de saison. Je vise le Championnat de France Master en juillet prochain. Je suis à 11 500 bornes cette saison et vu que je fais une année sérieuse, je me suis dit que c’est l’année ou jamais pour vivre une expérience comme celle-là. J’avais dit à Denis que je voulais vraiment venir. C’est pour ça que j’ai pris une licence en 1ère catégorie et je pense que je ne suis pas ridicule.

Quel était ton objectif au départ ?
C'était hyper dur de viser quelque chose de précis car je n’avais pas de repère. Je m’étais dit que faire 45 km/h de moyenne sur une heure, ce serait déjà bien et je fais 45 tout pile. Et j’ai trente gars derrière moi donc je suis vraiment très content. Je n’ai pas le gabarit d’un rouleur mais c’est vraiment un truc que j’aime bien. Avec le matériel, la vitesse puis l’effort je trouve que c’est de la performance pure. Il n’y a pas de chance ou de malchance, ce sont les jambes qui parlent.

On sent que tu te fais plaisir…
Je m’éclate, ça ne me pose aucune difficulté d’être à la fois partenaire, dirigeant et coureur. Pour moi, c’est un tout. Si j’avais que le côté partenaire, ça m'embêterait. J’attache de l’importance à être près des coureurs. J’étais en stage avec eux en début de saison, je les accompagne sur les courses. Quand je suis avec eux, je suis coureur.

« JE TRAVAILLE DÉJÀ SUR L'ÉTAPE D'APRÈS »

Et pour eux c’est facile de côtoyer le patron ?
Je me sens bien accepté. Avec Denis, on en a parlé plusieurs fois et il me dit que ça ne lui pose aucun problème. Ça tient à moi, à mon comportement. Il ne faut pas que sur les courses je tienne des remarques déplacées ou que j’abuse d’une supériorité hiérarchique. J’essaie de rester simple quand je suis avec eux. Mais avec Denis, c’est génial car on s’appelle pour parler du développement du club et le lendemain, je suis son coureur, il me dit ce que je dois faire et je suis aux ordres. Non seulement je n’ai pas de difficultés mais l’équipe non plus. Je veux avoir cette double casquette, partenaire et coureur. Je suis un entrepreneur donc j’aime bien avoir les mains dans le cambouis.

Quelles sont les prochaines étapes du club ?
J’ai beaucoup d’ambitions pour le club. L’idée est d’être chez les professionnels, en Conti et pourquoi pas plus. J’ai une ambition maximale pour le projet. J’ai créé une boite, j’avais 23 ans. Aujourd’hui, il y a 70 salariés et on fait une dizaine de millions de chiffre d’affaires. Créer une équipe de vélo, c’est comme créer une boîte. Il faut du financement, moi j’ai fait des levées des fonds avec des actionnaires. Là ce sont des sponsors, c’est différent mais en WorldTour, il y a 70 salariés. Ça ne me fait pas du tout peur. J’ai envie de le faire, c’est ma passion.

C’était le moment de te lancer dans ce projet ?
J’arrive à un moment de ma vie où j’ai envie de vivre plusieurs choses de front. J’ai encore ma boite mais je n’ai plus envie d’avoir que ça. Un projet dans le vélo, tout le monde autour de moi me disait que c’était une évidence. Quand j’ai rencontré Julien (Chave), Richard (Alandry) et le reste du staff, je me suis directement bien entendu avec eux, et j’ai dit on y va. Il y a des rencontres qu’il ne faut pas rater. Donc depuis un an, on a mis plusieurs choses en place mais il y a vraiment l’idée de faire un truc solide et ne pas griller les étapes. On va prendre notre temps mais ce n’est pas pour ça qu’on va mettre 20 ans. Ce qui serait bien, ce serait de passer en N1. On va postuler pour l’an prochain et déjà essayer de gagner la Coupe de France N2. On fait tout pour essayer de passer mais moi je travaille déjà sur l’étape d’après. La suite, c’est le professionnalisme, avec du budget et des sponsors. C’est autre chose mais il n’y a pas de raisons qu’on n’y arrive pas avec du travail et de la détermination.

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