Romain Grégoire : « Je ne me donne pas de limites »
Romain Grégoire s'apprête à disputer son premier Tour de l’Avenir. Mais le Franc-Comtois a déjà mis les pieds sur l’épreuve réservée aux meilleurs Espoirs mondiaux. “L'un de mes premiers souvenirs est d'avoir vu un départ à Saint-Gervais Mont-Blanc avec mes grands-parents. J'avais 8-9 ans, c'était vraiment flou. Je n'étais pas du tout dans le vélo à cette époque-là”, se souvenait-il pour DirectVelo, début août, depuis Saint-François-Longchamp (Savoie) où l’équipe de France était alors en stage de reconnaissance.
Le coureur de la Conti Groupama-FDJ reconnaît s'intéresser vraiment à l’épreuve depuis peu. Et pour sa première année chez les moins de 23 ans, il a forcément coché ce rendez-vous. “Il est présenté comme le Tour de France Espoirs. En arrivant dans la catégorie en début d'année, c'était un point important de ma saison. J'avais vraiment envie d'y participer. Maintenant, on y est, il n'y a plus qu'à”.
« IL FAUT ÊTRE LUCIDE »
Vainqueur à cinq reprises cette saison, 2e de l’Alpes Isère Tour (2.2) ou déjà à l’aise quand il a côtoyé des coureurs du WorldTour, que peut espérer ces prochains jours l’ancien Champion d’Europe Juniors ? “J'ai d'abord envie d'apprendre à gérer une course par étapes sur dix jours. Par ailleurs, c'est bien qu'il y ait un chrono par équipes, ça va être une super expérience pour le futur”. Peut-il rêver de la victoire finale ? Le Bisontin le sait, il n’est pas le meilleur grimpeur du peloton Espoirs. Le Tour d’Italie a été contrasté pour lui quand la route se cabrait. “Je ne m'estime pas pur grimpeur. Au Giro, il y avait deux étapes de montagne : celle du Mortirolo avec 5000 mètres de dénivelé où je peux m'en estimer super satisfait car je termine 2e derrière Leo Hayter qui était intouchable ce jour-là et il y a celle de la Fauniera où j'ai pété. C'est du 50-50 sur mon niveau en montagne”.
Pour lui, il devra être à 100% sur ce Tour de l’Avenir pour être performant en haute-montagne. “Si je suis en dessous, c'est foutu”. Mais son rôle sera déterminant dans le collectif tricolore. “Il y a des grimpeurs largement meilleurs que moi dans l'équipe. Il faut être lucide là-dessus. Mon rôle sera plutôt d'être équipier concernant le classement général. On va essayer d'accompagner le plus longtemps possible les leaders en montagne. On verra ce que ça donne. Je ne me donne pas de limites. Vu le groupe France qu'on a, il y a moyen de faire de belles choses”. Début août, Romain Grégoire n’avait encore pas pris le temps de s’intéresser aux premières étapes qui semblent promises aux coureurs rapides. En revanche, il avait déjà en tête l’étape d’Oyonnax (Ain) qui semble lui aller comme un gant. “Ce n’est un secret pour personne”, sourit-il.
« POURQUOI CHANGER UNE ÉQUIPE QUI GAGNE »
Romain Grégoire va être très attendu pendant dix jours sur la course la plus médiatisée et suivie du calendrier Espoirs. Il a pris l’habitude d’être très sollicité et le vit plutôt bien. “Je prends du plaisir à essayer de communiquer et à répondre aux interviews. Ce n'est pas une contrainte, ça me permet de faire mon métier correctement même si j'ai du mal à l'appeler mon métier”. Le coureur formé à l’AC Bisontine sait également prendre le recul nécessaire. “Je ne lis jamais les articles de presse, ni les interviews. Je ne m'amuse surtout pas à regarder les commentaires sur les réseaux sociaux. J'essaye de rester dans ce que je fais avec mon entourage qui me conseille bien”. Ses proches lui ont d’ailleurs conseillé de rester fidèle à la Groupama-FDJ la saison prochaine, pour ses grands débuts dans le WorldTour.
Dès la mi-avril, il s’est dit qu’il était prêt à franchir le pas. “Ce n'est pas parce que je me sentais au-dessus sur les courses mais je sentais avec mes expériences à Classic Loire Atlantique, à Cholet-Pays de la Loire ou aux Boucles Drôme Ardèche, que je pouvais aller sur ces épreuves-là sans me faire écraser. Du coup, j'allais ainsi progresser plus rapidement. J'ai donc fait mon choix assez vite”. Ses trois victoires en l’espace de quatre jours en avril, à Liège-Bastogne-Liège Espoirs, au Tour du Belvédère et au GP Palio del Recioto, ont encore un peu plus attiré les convoitises. “J’ai eu pas mal de contacts, avec des quatre-cinq équipes extérieures. J'ai écouté les projets de chacun. Ils avaient tous de beaux projets. Mais je me sentais tellement bien ici… J'ai trouvé un environnement qui me correspondait. J'avais les résultats qui allaient avec. Je me suis dit pourquoi changer une équipe qui gagne… J'étais en confiance, l'équipe me faisait confiance. Le choix de rester ici m'a semblé logique”. Avant de faire le saut, un Tour de l'Avenir réussi lui permettrait d'améliorer encore un peu plus le bilan d'une saison 2022 déjà réussie.