Pau Vélo 64, un bonheur éphémère
La progression est rapide pour Pau Vélo 64. Encore récents au haut niveau amateur, les Palois ont remporté la Coupe de France N3. "On est quand même un petit club qui est né il y a seulement trois ans. C'est une bande de copains qui a évolué au fil des années et qui a fait beaucoup de sacrifices. Avec un petit budget, l'envie et aussi avec les moyens mis par le président", se réjouit Mathis Fédrigo, directeur sportif. Son président, Nicolas Launay ne peut qu’exprimer la même joie. "Gagner la Coupe de France, ça fait toujours plaisir. C'est la concrétisation d'une saison bien aboutie avec de nombreuses victoires. On en est très heureux". Et pourtant, que cette dernière manche disputée à Avranches a été dure pour les Pyrénéens. Seul Luca De Vincenzi a terminé la course, parmi les cinq coureurs au départ, et un zéro pointé pour finir.
« ON EST ENCORE UN PEU DANS LE FLOU »
Forcément, dans la voiture, la sérénité n’était pas vraiment le mot d’ordre. "C'était stressant. C'était une manche assez loin de chez nous donc il y avait peut-être aussi un peu de fatigue, surtout en fin de saison comme ça. C'est une course qui était très, très usante. On a serré les fesses jusqu'à la fin. On était peut-être un peu trop actif en début de course, mais c'est la loi du sport. Finalement, le résultat est là parce qu'on avait bien assuré sur deux autres manches. Ce n'est que du positif", positive le technicien. Emmenés par Dorian Carreau et donc Luca De Vincenzi, tout est bien qui finit bien pour eux. "On a un effectif réduit. On est un club en formation. Pour cette finale, on s'est un peu retrouvé avec les moyens du bord. Ça fait partie des aléas et ça ne rend la victoire que plus belle".
Et lorsqu’une équipe remporte une Coupe de France, la question de la suite à donner est inévitable. D’autant que Pau Vélo 64 est dans la bonne locomotive pour accéder à la N2. "Ça aurait pu être un objectif, mais il faudrait encore régler quelques problèmes en interne, comme le budget. On est encore un peu dans le flou. Mais le président travaille d'arrache-pied pour voir ce que ça donnera dans le futur". C’est donc Nicolas Launay qui est le plus à-même de faire le détail de la situation. "Bien sûr, l'ambition était de monter en N2. Quand on aime gagner, ce n'est pas pour régresser ou pour rester sur une situation stable. Surtout qu'au niveau des points, avec le nouveau règlement, aujourd'hui sur le papier on est en N2. En plus, on avait de nombreux coureurs de N1 qui voulaient venir au club parce qu'on a une ambiance un peu familiale et très sympa. Principalement des coureurs du Sud-Ouest qui courent en N1 mais qui ne trouvent pas leur place".
« BEAUCOUP DE FRUSTRATION, ET UNE TRISTESSE ÉNORME »
Et pourtant, le président du club de N3 évoque "une grosse frustration". Car si son avenir personnel est a priori déjà décidé, l’avenir du club est lui incertain. "Aujourd'hui, on ne sait pas trop quel sera l'avenir du club. Malheureusement, on n'a pas forcément de nombreuses aides de la mairie de Pau. Ça fait cinq ans que ça dure. On a essayé de taper à toutes les portes, personne ne répond. Moi, je poserai ma démission samedi prochain, à la suite de cette victoire parce que je voulais aller au bout de l'idée. On verra plus tard, sur un projet peut-être différent... mais le bénévolat a ses limites. Si on n'est pas aidé par les collectivités locales, c'est très compliqué". Ces problèmes financiers lui torturent l’esprit. "J'ai passé des nuits à réfléchir pour trouver des solutions. Maintenant, ça reste du bénévolat. On devrait être aidé par les collectivités locales. On voit bien Pau en gros sur les voitures, sur les camions, sur les maillots etc... C'était une volonté de tout le monde à la base, mais ce n'est pas avec 6000 euros qu'on va faire une saison, pourtant c'est ce qu'on a aujourd'hui".
Du fait de ces questions qui vont se poser dans les prochaines semaines, cette victoire en Coupe de France n’éclipse pas les problèmes qui arrivent. "Ce sont des coureurs qui ont fait les directeurs sportifs et qui ont accompagné nos jeunes du même âge. C'est vraiment super. On gagne aujourd'hui sur l'ensemble de la saison, mais on est quand même triste au final". Même au plus jeune âge, Pau Vélo 64 éprouve des difficultés car il n'y a pas réellement de locaux aménagés. "C'est beaucoup de frustration, et une tristesse énorme. On va essayer d'aider tous les gamins. Et puis on a Bernard Tomczyk qui est le responsable des petits qui risque de prendre ma succession", anticipe Nicolas Launay. Mathis Fédrigo ne désespère pas d’avoir un bel effectif encore l’année prochaine. "Aller chercher un résultat comme ça, ça peut servir de rampe de lancement pour le faire grandir. Et je pense que quelques coureurs ont envie d'y venir. C'est un club où il y a une bonne ambiance et de bons résultats". La Coupe de France N3 l’a montré.