Christophe Laporte : « Je ne savais pas trop où on était »
L'équipe de France s’en sort peut-être avec le meilleur des résultats possibles ce dimanche, au Championnat du Monde de Wollongong. Devant, Remco Evenepoel a marché sur l’eau, et a laissé la concurrence se débrouiller avec les deux dernières places sur le podium. Mais jusqu’aux trois derniers kilomètres, la France était bien mal en point pour espérer y monter. Jusqu’à ce que la meute surgisse dans le dernier kilomètre, avec Christophe Laporte en tête. L’habituel coureur de la Jumbo-Visma a permis aux siens de bien s’en sortir (voir classement). Et ce sans vraiment le savoir, puisqu’il n’avait aucune idée de la place pour laquelle il sprintait. Christophe Laporte est revenu avec DirectVelo sur cette journée achevée avec des sourires.
DirectVelo : Cette médaille d'argent paraissait inespérée avant les derniers instants !
Christophe Laporte : On ne s'attendait pas à ça dans le dernier tour. Les deux derniers tours étaient un peu étranges. La situation n'était pas si mauvaise au début, mais on a compris que ça allait être compliqué pour une médaille avec Romain (Bardet). Florian (Sénéchal) a roulé, on était déjà assez loin. Quand on a passé la cloche, on ne s'attendait pas à revenir, on ne roulait plus très vite, même si la bosse a été montée vite. On les reprend sur les derniers kilomètres. Quand j'ai passé la ligne, je ne savais pas trop où l'on était. J'ai vu qu'on avait passé beaucoup de gars aux 500 mètres, mais je ne savais pas combien ils étaient. Je savais qu'il y avait une place au bout, mais pas la 2e. C'est une bonne surprise.
Comment se sont passées les secondes qui ont suivi ?
On me l'a dit après la ligne. Je m'en doutais parce que je ne voyais pas grand monde après la ligne. On est revenu aux 300 mètres, j'étais concentré sur le sprint. Je me disais que j'allais peut-être faire un Top 10, je ne savais pas. Mais je n'ai vu que Remco (Evenepoel), personne d'autre. Je me suis dit « putain, c'est bizarre ». Et la bonne leçon à retenir c'est qu'une course n'est jamais terminée tant qu'on n'a pas passé la ligne.
« AUJOURD’HUI, AUCUN COUREUR N’ÉTAIT ASSEZ FORT POUR SUIVRE REMCO »
Vous saviez en revanche que Remco Evenepoel s'envolait en tête de course...
Pour Remco, oui. Mais aussi que Romain était dans un contre derrière, mais assez loin. Donc là-dessus on savait que c'était foutu pour le maillot. On ne savait plus trop quoi faire. On savait que ce n'était pas notre meilleure carte pour un sprint ou autre. Les gars n'étaient pas assez forts pour suivre Remco, mais je crois qu'aujourd'hui, aucun coureur n'était assez fort pour suivre Remco (sourire).
Quelle a été l'organisation derrière ?
Julian (Alaphilippe) nous a dit assez rapidement que ça allait mais pas comme d'habitude. On s'en doutait un peu. Il ne voulait pas prendre le risque, il voulait nous aider, il n'a pas arrêté de le dire. Il n'a rien caché, il n'était pas sûr de ses jambes et nous a aidés, et l'a très bien fait. Et si ça revenait, Benoit (Cosnefroy) devait sortir dans la dernière bosse, mais ça ne s'est pas passé comme ça.
Dans le peloton, vous avez continué d'y croire ?
C'était un peu compliqué, on savait qu'on avait Romain mais pas vraiment s'il jouait une médaille ou pas. À la fin on était loin, on avait l'impression de ne plus avoir grand chose à faire. Julian a roulé pour nous maintenir pas trop loin, puis ça a attaqué, ça a roulé... Finalement ça s'est beaucoup regardé devant j'imagine.
« TOUT FINIT BIEN FINALEMENT »
Mais derrière, comment se sont passés les derniers hectomètres ?
Benoit m'a dit qu'il allait attaquer au kilomètre. Je me suis mis dans sa roue. Et Valentin (Madouas) est arrivé comme une balle, Benoit a pris la roue et on a commencé à voir les groupes devant. Val est parti à fond, on a repris les mecs, c'était vraiment du slalom, on arrivait beaucoup plus vite. Un peu comme (Annemiek) van Vleuten mais en étant en groupe. J'avais envie de gagner ce sprint après l'effort qu'ils ont fait.
Et tu as donc conclu !
Tout finit bien finalement. Mon rôle était ce que j'ai fait aujourd'hui. On ne devait pas trop me voir, je devais suivre au maximum. La bosse était un peu dure pour moi. Je savais que si les Pogacar et van Aert attaquaient, j'allais avoir du mal. C'était un effort assez long, c'était quatre minutes avec la première montée juste avant, c'est un peu long pour moi. Mais je pouvais revenir avec la descente et les virages, et c'est ce qu'il s'est passé.
Y avait-il autre chose à faire aujourd'hui face à Remco Evenepoel ?
Je pense que la course a basculé en sa faveur parce qu'il était simplement très fort. Il n'y a pas forcément d'erreurs tactiques, c'est facile à dire après qu'il aurait fallu avoir Benoit ou Julian, mais est-ce qu'ils auraient réussi à suivre aussi... On ne sait pas. On avait un plan et on l'a suivi. Au final on peut être contents avec notre résultat. Toute l'équipe était contente, on venait pour l'arc-en-ciel mais on ne peut pas toujours gagner. Je pense que personne n'a de regrets, on a donné notre maximum. On va pouvoir profiter sans ronchonner.