Emma Norsgaard : « J’ai cru qu’il se moquait de moi »
Elle l’avait annoncé et pourtant, elle ne parvient pas à y croire maintenant que c’est fait. Ce vendredi, Emma Norsgaard a remporté la sixième étape du Tour de France Femmes, disputée sous le chaud soleil occitan, entre Albi et Blagnac, en banlieue toulousaine. “Ce n’est pas tous les jours que j’annonce que je veux gagner en prenant l’échappée… Et que ça se réalise ! C’est vraiment extraordinaire que ça marche de cette façon”.
TROIS TASSES DE CAFÉ AU PETIT DÉJEUNER
La Danoise était pourtant dans une mauvaise spirale depuis le début du Tour de France. “Ce matin, j’étais encore dans le gaz… Psychologiquement, je n’étais pas au mieux… J’ai bu trois tasses de café (sourire). Puis le DS est venu me voir et il m’a parlé de la stratégie du jour, du fait qu’il m’imaginait dans l’échappée. Sur le coup, j’ai cru qu’il se moquait de moi, mais maintenant, je l’aime !”, s’amuse la solide rouleuse de la Movistar en conférence de presse.
Pour l’emporter, Emma Norsgaard a pris la fuite en compagnie d’Agnieszka Skalniak (Canyon//SRAM Racing) et de Sandra Alonso (Ceratizit-WNT). Et elle est parvenue à résister jusqu’au bout, sur le fil, au contraire de ses deux compagnons de fugue. “Les filles passaient de gros relais. Je les ai encouragées jusqu’au bout. Je n’ai pas les mots pour décrire ce qu’il vient de se passer. Je ne m’y attendais pas du tout. J’ai commencé à y croire à seulement cinq bornes de la ligne. Et à partir de là, j’ai roulé comme si c’était le dernier effort du Tour…”.
DEUX VICTOIRES D'ÉTAPES MAIS L’OBJECTIF PRINCIPAL EST AILLEURS
Il y a quelques années encore, celle que l’on considérait avant tout comme une sprinteuse serait restée sagement dans le peloton en tentant de régler le paquet au sprint sur une étape comme celle-ci. Mais plus maintenant. “J’essaie de devenir une chasseuse de Classiques. Il faut se faire une raison, je n’ai pas une aussi bonne pointe de vitesse que des (Lorena) Wiebes ou (Charlotte) Kool. Alors je m’adapte et ça a marché ici”. Bien lui en a pris, en effet, puisqu’elle a offert un deuxième succès à la Movistar sur ce Tour après la victoire de Liane Lippert à Mauriac (Cantal). “Son succès dès la deuxième étape nous a permis de lancer notre Tour de France de la meilleure des façons. J’étais très émue, j’en ai pleuré. Offrir une deuxième victoire à l’équipe, c’est top”.
Dans le final, l’athlète de 24 ans ne s’est pas posé la moindre question, une fois seule à l’avant. “Je n’avais aucune idée de ce qu’il se passait à l’arrière, de qui roulait, des chutes… Je n’ai plus rien entendu à la radio hormis des VAMOS. Je me suis juste concentrée sur mon effort à 100%”. Et dire que quelques jours avant le Tour, Emma Norsgaard n’était pas sûre d’y participer. “J’étais fiévreuse en fin de Tour de Belgique, j’avais peur de ne pas être sélectionnée…”. Mais elle est bien au rendez-vous et ne sera pas venue pour rien. Reste désormais à faire le boulot ce week-end lors des deux étapes reines de l’épreuve. “L’objectif principal reste la victoire finale avec Annemiek (van Vleuten)”.