Sandrine Bideau : « J’ai essayé de profiter au maximum »
Il est temps de dire stop pour Sandrine Bideau. À 34 ans, la Francilienne a décidé de poser le vélo, elle qui évoluait au sein de la formation St-Michel-Mavic-Auber 93 depuis six saisons. Jusqu’au bout, elle aura pleinement profité de l’aventure en s’offrant une année sabbatique pour ne faire que du cyclisme en 2023. L’occasion pour elle de découvrir une autre facette de cette pratique du sport cycliste et de disputer un second Tour de France, avant de tourner la page. Entretien.
DirectVelo : Tu as décidé de mettre un terme à ta carrière de cycliste en cette fin de saison 2023… Était-ce une décision prise de longue date ?
Sandrine Bideau : J’ai toujours cumulé les deux activités : vélo et boulot. L’année 2023 était particulière, j’avais pris une année sabbatique pour essayer de ne faire que du vélo, rien qu’une fois, mais je savais que j’allais reprendre le boulot en 2024. Dans ma tête, c’était la dernière saison. Je voulais prendre un maximum de plaisir et ne pas avoir de regrets. J’ai vécu le truc à fond, c’est bien de finir de cette façon-là.
« J’AI TROUVÉ CETTE SAISON PLUS DIFFICILE QUE LES AUTRES »
Cette année 2023 n’était donc pas comme les autres pour toi, à double titre !
Forcément, c’était différent. J’ai vraiment pu me concentrer à fond sur les courses sans m’éparpiller dans tous les sens. J’ai pu me préparer comme il le fallait avant les grands rendez-vous, faire des stages perso, partir en vacances car avant, ce n’était jamais possible… Les autres années, je prenais des congés pour aller sur les courses ou les stages collectifs. C’est un autre rythme, une autre organisation. Mais paradoxalement, j’ai trouvé cette saison plus difficile que les autres.
Pourquoi ?
C’était plus psychologique que physique. Je ne faisais que du vélo et j’étais plus stressée que les autres années. J’avais envie de faire les choses correctement, je me suis mis beaucoup de pression. Je me sentais obligée de performer, ce qui n’était pas le cas les années précédentes car j’avais mon métier à côté. Je me sentais redevable de quelque chose vis-à-vis de l’équipe. Je me suis rendu compte qu’il n’est pas facile d’être sportif de haut niveau avec toute la pression que ça peut générer.
C’était tout de même une belle fin ?
Bien sûr. J’ai couru en Australie en tout début de saison, c’était un truc de fou. Partir en Australie, c’est tellement d’argent… Je n’aurais jamais fait ça sans le vélo. J’ai essayé de profiter au maximum de chaque moment, de chaque course. J’ai bien kiffé mon année.
« L'ÉVOLUTION A ÉTÉ RAPIDE »
Contrairement à beaucoup de sportifs qui ne savent pas vraiment ce qu’ils vont faire au moment d’arrêter le vélo, tu ne vas pas avoir le temps de cogiter !
Beaucoup de gens m’ont demandé ce que j’allais faire car ils ne savent pas trop que j’ai toujours ma place au boulot à côté. C’est sûr que je suis sereine (elle travaille pour l’entreprise OCTO Technology, à Paris, depuis 2013, NDLR). Je ne reprendrai que le 1er janvier alors j’ai encore un peu de temps, mais je suis déjà passée à la boîte plusieurs fois pour revoir les collègues, histoire de me remettre dedans. Niveau sport, j’essaie de ne pas lâcher complètement en faisant du VTT et un peu de course à pied, mais je n’ai pas touché au vélo de route depuis ma dernière course au Grand Prix d’Isbergues.
Depuis ton arrivée à Auber en 2018, tu as connu toute l’évolution de l’équipe…
C’est impressionnant. J’ai commencé dans la DN, puis on a rejoint le niveau UCI, pour finir sur les routes du Tour de France. L’évolution a été rapide, c’est vraiment chouette. Je souhaite à l’équipe que ce ne soit que le début.
Que retiendras-tu de toutes ces années sur le vélo ?
Beaucoup de choses. J’ai eu la chance de connaître toute cette évolution de l’équipe et du vélo féminin. J’ai pu faire deux fois le Tour de France. Cette année, j’y ai vraiment galéré du premier au dernier jour mais je me suis accrochée. J’ai disputé un Championnat du Monde (à Valkenburg en 2012, NDLR) et c’était un truc de fou pour moi. Mais le moment le plus marquant restera à coup sûr le Tour de France de l’an passé. C’était tellement spécial, il y avait un engouement de fou autour de l’événement. C’était énormément d’émotions d’en faire partie.