Il pourrait être l’une des révélations de la saison au plus haut niveau mondial. Débarqué chez les pros sur le tard via un parcours pas comme les autres, Luca Vergallito semble sauter les marches trois par trois depuis un peu plus d’un an et personne ne sait véritablement jusqu’où il pourrait aller à l’avenir, pas même le premier intéressé.

TRÈS PERFORMANT AVEC LA RÉSERVE L’AN PASSÉ

Tout a commencé dans la catégorie Juniors, lorsque l’Italien a découvert le cyclisme sur route. “J’ai bien commencé à ce moment-là. Je n’étais pas mauvais, j’ai même gagné. Mais l'arrivée chez les Espoirs m'a fait beaucoup de mal. Ça roulait très fort et le niveau était simplement trop élevé pour moi. J'étais à la rue. C'était trop nerveux, ça frottait trop, ça roulait à bloc d'entrée…”. Le Transalpin prend alors une décision radicale : il arrête la compétition pour se consacrer à ses études, alors qu’il n’a pas décroché le moindre Top 50 en Espoirs au niveau national. Il continue quand même de rouler pour le plaisir, à l’entraînement. Jusqu’à ce concours de la GoZwift Academy - cinq ans plus tard ! - qui offre une place dans la Continentale d'Alpecin-Deceuninck, liée à Zwift, pour la saison suivante. Et après Jay Vine - qui a explosé au plus haut niveau depuis -, puis Alex Bogna, toujours membre de l'équipe réserve, c’est Luca Vergallito qui a décroché le fameux sésame tant convoité. “À l'académie, je n'étais pas surpris du résultat car je savais que je pouvais le faire. Ça me convenait bien, ce n'était que sur la puissance et je me savais fort”.

C’est ainsi qu'il rejoint, à 25 ans, la réserve d’Alpecin-Deceuninck en 2023. Avec des données de puissance très intéressantes mais de grosses lacunes en peloton. “Je gardais de mauvais souvenirs de mes courses U23 en Italie. J'avais peur d'y retourner, j'avais toujours ce traumatisme. Mais je m'y suis fait, petit à petit, et j'ai réussi à performer”. Impressionnant tout au long de la saison, il remporte le Tour de Haute-Autriche (2.2) en se révélant très bon grimpeur, et s’impose également sur le Province Tour, en Belgique, et lors d’une étape du Tour du Frioul (2.2), le tout au milieu de multiples places d’honneur. “Je n’ai rien fait d’exceptionnel ou de fou non plus mais c’était encourageant”, lâche-t-il aujourd’hui avec modestie. “Apparemment, c’était en tout cas suffisant pour décrocher une place dans la WorldTeam”.

DANS L’OMBRE DES MEILLEURS SOUS LE SOLEIL AUSTRALIEN

Le voilà en effet au sein de l’équipe première cette saison. Et pour son baptême du feu dans le calendrier WorldTour, il a terminé 17e du Tour Down Under. “J'étais bien en Australie, c'était une bonne reprise pour moi. J'ai souffert de la chaleur sur l'étape la plus longue, c’est dommage. J'espérais être mieux mais le dernier kilomètre de montée était de trop pour moi, j'ai complètement explosé. Globalement, c'était quand même une belle expérience pour lancer ma saison”. Voilà qui annonce en effet de belles choses pour celui qui va enchaîner les courses prestigieuses puisqu’il sera aligné sur Tirreno-Adriatico et le Tour du Pays Basque prochainement. “Bien sûr, le niveau est super élevé mais j'y crois, j’aurai des ambitions sur ces courses-là”, assure-t-il pour DirectVelo.

Qu’en pense-t-on du côté du staff d’Alpecin-Deceuninck ? Présent à Bessèges cette semaine, le directeur sportif Preben Van Hecke a hâte de voir la suite. “Je pense qu'il a une grosse marge de progression. Il a besoin de prendre des repères dans le peloton. Il faut qu'il choisisse les bons moments pour y aller. Mais les jambes sont là”, synthétise le Flamand, qui souhaite “donner du temps” au Transalpin. “C'est un bon coureur. Plus il enchaînera, plus il aura d'expérience. Il n'est pas impossible qu'il gagne, un jour, ce genre de courses”, imagine-t-il en évoquant l’Etoile de Bessèges. “C'est un grimpeur. Je ne dis pas qu'il va gagner au Tourmalet mais il grimpe bien et pourrait devenir un maillon fort de l’équipe lorsque la route s’élève”. Luca Vergallito n’a sans doute pas fini son ascension vers les sommets.