100 Communes : Et pourtant, Halvor Dolven était cuit
Des conditions difficiles - pluie, vent, froid -, un peloton nerveux et déchaîné au milieu des chutes - 45 km/h de moyenne lors des deux premières heures de course - et une formation Soudal-Quick Step Development qui met le feu aux poudres à 80 bornes de l’arrivée : ce samedi, tous les ingrédients étaient réunis pour avoir une course de guerriers et des coureurs éparpillés un peu partout sur les routes du Pas-de-Calais. De fait, il n’est pas surprenant de voir des hommes du froid, les Norvégiens d’Uno-X, tirer leur épingle du jeu lors du Tour des 100 Communes (voir classement). Pourtant, à trois bornes de l’arrivée, qui aurait parié sur le succès d’Halvor Dolven ou de Daniel Arnes, les deux Norvégiens présents dans le bon groupe de sept sur l’épreuve de Classe 2 ? Pas grand-monde et pas même les premiers concernés, puisque les deux coureurs ont été distancés par la violente offensive d’Emmanuel Morin dans la dernière difficulté.
STEFFEN DE SCHUYTENEER SE VOYAIT GAGNER AU SPRINT
“On était les deux plus faibles du groupe dans la montée. Mais à deux, c’est toujours plus facile”, concède le lauréat pour DirectVelo. “Heureusement que les mecs n’ont pas trop collaboré devant. On a pu rentrer et là, on a brièvement échangé. J’ai dit à Daniel que j’allais attaquer et qu’il devait jouer sa carte au sprint. Lui m’a dit qu’on pouvait attaquer chacun notre tour. C’était le bon plan. Le mec de Lotto était super rapide, on le savait. Il ne valait mieux pas la jouer au sprint avec lui”. Le Lotto-Dstny en question n’était autre que Steffen De Schuyteneer et il avait, en effet, confiance en ses capacités à l’emporter au sprint. “Lorsque le gars de Roubaix a attaqué, j’ai sauté dans la roue avec (Thibaud) Gruel. Mais le Roubaix n’a plus voulu passer après la bascule. Je n’ai pas compris pourquoi, c’était frustrant. Si on avait collaboré, on assurait déjà le podium tous les trois. Finalement, on s’est retrouvé à sept mais ça m’allait encore. J’avais confiance en ma pointe de vitesse”.
Également présent à l’avant, Andrea Raccagni (Soudal-Quick Step DT) ne voulait, en revanche, pas d’une arrivée groupée entre les sept coureurs. “J’ai essayé dans le final car je savais qu’il y avait des mecs plus rapides que moi dans le groupe. Je n’avais plus grand-chose dans les jambes, j’ai fait comme j’ai pu avec ce qu’il me restait. J’en ai peut-être trop fait un peu plus tôt dans la course. J’ai trop attaqué, j’ai passé des relais trop appuyés et trop longs. C’est peut-être ce qu’il m’a manqué sur la fin”. Le Transalpin n’est pas le seul à avoir dû chercher au plus profond de lui-même les dernières forces qu’il lui restait dans les jambes, tant la course a été difficile. “Quand j’ai pris l’échappée, j’avais déjà la sensation d’être en bout de course. C’était dur”, synthétise Thibaud Gruel (Groupama-FDJ Conti), 4e à l’arrivée. “J’ai laissé beaucoup de cartouches sur la route, j’ai fait des efforts toute la journée et à la fin, c’est devenu dur”, enchaîne Emmanuel Morin (Van Rysel-Roubaix), à qui beaucoup ont laissé le poids de la course dans les dernières minutes de course. Et que dire de Joris Delbove, “tétanisé” par le froid en fin de course et contraint de laisser filer ses compagnons de fugue (lire ici).
ANDREA RACCAGNI PREND DATE
Le très gros coup a bien failli être réalisé par un coureur amateur, en la personne de Thomas Morichon. “Dans le dernier coup de cul, on s’est fait mal pour basculer. Il y a eu regroupement dans la descente puis j’ai contré. J’ai fait un petit trou de 20-30 mètres mais pas plus”. Le sociétaire du SCO Dijon a été repris puis c’est ensuite, donc, Halvor Dolven qui a placé la bonne, aux 700 mètres. “Leur surnombre a pesé dans la balance. Lorsqu’il a attaqué, j’étais un peu coincé à l’arrière. Je n’ai pas pu y aller de suite et après, c’était vite fini”, peste Steffen De Schuyteneer, 2e à l’arrivée. “J’ai voulu laisser faire (Emmanuel) Morin mais il était un peu en bout de course”, lâche pour sa part Thibaud Gruel.
Et c’est donc l’ancien spécialiste de ski de randonnée nordique, 19 ans, qui a eu le dernier mot. “C’est vraiment surprenant ! C’est un grand pas en avant dans ma jeune carrière, je ne m’attendais pas à ça”, se félicite le Scandinave. A ses côtés sur le podium, Andrea Raccagni prend date pour l’avenir, lui aussi. Déjà 3e à Bruxelles pour sa course de reprise, il décroche un deuxième podium en autant de courses cette saison. “Je ne suis pas vraiment surpris, j’ai beaucoup bossé pour ça. J’ai passé deux mois en Espagne à rouler au soleil… C’est dans la continuité de ma fin de saison 2023. Je suis très régulier mais maintenant, il va falloir gagner”, déclare celui qui a coché Gand-Wevelgem et Paris-Roubaix Espoirs à son calendrier. Place désormais au Grand Prix de Lillers, dans des conditions climatiques qui devraient, là aussi, être difficiles. Les Uno-X auront-ils encore le dernier mot ? Réponse dans l’après-midi.