Ils n’osaient même pas vraiment en rêver avant l’étape, et pourtant. Ce samedi, Fergus Browning a apporté une victoire de prestige à la formation Trinity Racing, avec en prime le premier maillot jaune du Tour de l’Ain (2.1). Le tout au terme d’un formidable numéro de l’Australien, qui a résisté de justesse au retour du peloton dans les rues de Bourg-en-Bresse (voir classement). “On voulait mettre quelqu’un dans l’échappée pour faire la course, avec l’espoir d’avoir une petite récompense à l’arrivée, comme le maillot de meilleur grimpeur. Mais de là à imaginer un truc pareil…”. Jon Mould, le directeur sportif de la structure britannique, avait du mal à réaliser au moment de voir son poulain monter sur le podium protocolaire.

Pour autant, il a vite senti que quelque chose de spécial pouvait arriver durant cette première journée de course, lors d’un Tour de l’Ain très particulier puisque seules 14 équipes sont en lice, pour un bien maigre peloton de 83 unités. “Les premières fois que je me suis porté à sa hauteur dans l’échappée, j’ai vite senti qu’il était dans une grande journée. On savait qu’il n’y aurait pas de vrais trains de sprinteurs”. Alors le DS a demandé à son coureur de gérer au mieux et de jouer avec le peloton autant que possible. Jusqu’à piéger tout le monde dans le final. “Le point clef, c’était le panneau des cinq derniers kilomètres. Là, on changeait de direction et on prenait de petites routes où le peloton n’allait quasiment plus rien reprendre. J’avais dit à Fergus que s’il avait encore quelques secondes d’avance à ce moment-là, il avait une grande chance de résister”.

Raison pour laquelle le garçon décide de s’employer à 100% à ce moment-là, jusqu’à faire craquer son compagnon de fugue, Robin Plamondon (CIC U Nantes Atlantiques). “C’est énorme ! Il a vraiment montré à tout le monde ce dont il était capable”, se félicite Jon Mould. Le Gallois est désormais convaincu que son coureur ne restera pas bien longtemps sous les couleurs de Trinity. “Ce n’est pas encore fait ! Mais une victoire comme celle-là pourrait tout changer pour lui. Le scénario est fou mais physiquement, il ne m’a pas surpris. Je le savais capable d’un tel numéro. C’est un gros bosseur, dans l’ombre, et c’est une juste récompense pour lui, ça fait plaisir. C’est sa course de reprise après une longue période sans compétitions et il a montré à tout le monde le talent qu’il a. Maintenant, c’est aux équipes de se manifester”.