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Loana Lecomte : « J'ai envie de prendre ma revanche »

Crédit photo Patrick Pichon/FFC

Crédit photo Patrick Pichon/FFC

La dernière image que Loana Lecomte a laissé en compétition, c’est sa lourde chute sur l’épreuve des Jeux olympiques , alors qu’elle était toujours en course pour une médaille. Depuis, un mois est passé, et la pilote du Team Canyon CLLCTV a pansé ses plaies. Quelques jours avant de prendre le départ du Championnat du Monde en Andorre, l’athlète de 25 ans s’est entretenue avec DirectVelo et revient sur cette séquence olympique.

DirectVelo : Comment s’est passé l’après Jeux olympiques pour toi ?
Loana Lecomte : Je pensais que ça allait être plus dur que ça, je suis agréablement surprise. Les quelques jours après étaient assez durs mentalement, mais j'ai été très bien entourée, j'ai su aussi me protéger de l'extérieur. J'ai pris mon temps, je me suis un peu coupée de tout et je me suis vite re-mobilisée. Le vélo, ça reste ma passion, c'est ce que j'aime faire. Mon objectif était de finir ces Jeux sans aucun regret, donc il y a eu de la frustration, mais j'ai beaucoup appris de Tokyo et là j'ai su rebondir. Tout ce que j'aime faire, c'est pédaler, donc je n’ai qu'à continuer à faire ça, c'est cool !

À propos de ta chute, le sélectionneur national Yvan Clolus a dit que c’était une faute d’engagement (voir article). Qu’en penses-tu ?
Je pense que c’est vrai. Aux JO, il faut y aller à fond, il faut tenter. Là, j'y suis allée et j'ai posé ma roue à 10 centimètres de là où je passais d'habitude. Je sais que je peux passer des marches comme ça, sauf que lorsqu’on ne l'anticipe pas, c'est un peu compliqué d'atterrir sur le vélo ou même d'atterrir correctement. Et là, j'ai tout de suite su que c'était fini. 

« ÇA M’A VRAIMENT TOUCHÉE »

De l’extérieur, ta chute et cette fin brutale a inquiété et attristé le public français. Comment as-tu accueilli cette compassion ?
En réalité, j'ai coupé depuis un moment les réseaux sociaux, je regarde un peu, mais je passe beaucoup moins de temps dessus. Mais j'ai l'impression que 95% de commentaires étaient bienveillants et positifs. Ça m'a vraiment touchée et c'est cool de voir que les gens ne s'intéressent pas qu’à la performance, mais aussi à l'athlète, ça fait du bien. Je me suis aussi protégée parce que j'ai appris à construire un cercle proche, stable et à être heureuse et épanouie dans ma vie personnelle et professionnelle. Je réalise qu'il y a d'autres choses plus importantes et plus graves que ça, donc ça m'a aidée à rebondir. 

As-tu réussi à profiter de l’ambiance et de la ferveur du public français, pendant la course ?
En tout cas, sur les 45 minutes de course que j'ai pu faire, c'était un truc de fou, ça donnait des ailes. Et même, au final, il y a eu une Française qui gagne, une autre qui chute, et qui alarme tout le monde. Je pense qu'on s'est bien fait remarquer (rires). 

« IL Y A TOUJOURS DU POSITIF »

Avec du recul, arrives-tu à tirer du positif de cette séquence olympique ? Que ce soit au niveau de la préparation, de cette course avec un tel enjeu à la maison ou même de la forme que tu affichais avant ta chute ?
Oui, parce qu’il y a toujours du positif. Parce que ce qu'on a construit là, tout le travail depuis trois ans, ça ne va pas servir à rien. Même si j’ai encore à apprendre, j'ai déjà dû apprendre à grandir, à gagner en maturité assez rapidement. Tout ce qu'on a mis en place pour arriver en forme le Jour-J, ça me servira parce que je suis arrivée au top physiquement, donc je sais comment me préparer pour être à 100% et c'est quelque chose d'hyper important. J'en parlais ces dernières années, car c'était vraiment ce que je voulais savoir faire et là, j'ai trouvé les clés, avec mes entraîneurs et tout mon entourage, pour y arriver. Il y a également beaucoup de positif d’avoir réussi à rebondir sans ressasser cette course et cet échec. 

À Marseille, en début d'année, tu expliquais avoir retardé ton pic de forme pour être à fond pour les Jeux olympiques, et cette situation te frustrait (voir article). Avoir vu que cette stratégie a payé t'a-t-il rassuré ?
J'aurais préféré que ça paye avec un beau résultat, mais oui, ça a payé, parce que j'étais au top du top. Je sais que je pourrai le refaire pour d'autres saisons, pour d'autres objectifs, peut-être pour les JO de Los Angeles. Cette année va m’aider pour construire la prochaine olympiade, parce qu’il y a toujours des points à améliorer. Et elle m'apprend aussi mentalement, parce que c'est difficile d’accepter certaines choses, mais il y aura d'autres expériences comme ça, et heureusement, parce que sinon, on s'ennuierait (rires). On va dire que 2024 a rajouté beaucoup d'outils dans ma caisse à outils. 

« J’AI ENCORE PLUS LA HARGNE »

Tu te projettes déjà sur Los Angeles 2028 ?
Oui, clairement. Dès que je suis partie de Paris, je me suis dit qu’il fallait déjà commencer à préparer Los Angeles. Et c’est normal, même s'il y a du temps, ça va très vite. Deux ans avant les Jeux, il faut avoir presque tout planifié parce que l’année d’avant c'est une répétition générale et l'année des Jeux, c’est déjà trop tard. J'irai là-bas pour ramener une médaille, voir le titre, et j'ai envie de construire ça sur les quatre prochaines années. 

Avant ça, la saison 2024 n’est pas finie. Tu vas participer au Championnat du Monde en Andorre, à la fin de la semaine, puis fin septembre-début octobre, tu iras sur les manches nord-américaines de la Coupe du Monde. Dans quel état d’esprit ?
Physiquement, je me sens en forme et mentalement, je suis hyper motivée. J'ai encore plus la hargne, j'ai vraiment envie de prendre ma revanche. J’ai vraiment hâte de courir, ça va être cool, j’espère que ce sera une belle fin de saison. Les deux dernières manches de Coupe du Monde, c'est toujours un moment sympa. Tout le team se retrouve au bout du Monde, c'est un peu plus détente, même s'il y a de grandes ambitions sur les deux courses. Je trouve que c'est une belle manière de finir la saison. 

« JE SUIS UNE ÉTERNELLE INSATISFAITE »

Hormis ces trois derniers rendez-vous, la grosse partie de ta saison est derrière toi. As-tu déjà fait un premier bilan ?
Non, je n'y ai pas encore trop pensé, mais justement, j'ai hâte de faire les bilans avec les entraîneurs, et tous ceux qui m'entourent au quotidien dans la performance. Je ne sais même pas dire si je suis satisfaite ou pas, mais je suis une éternelle insatisfaite envers moi-même, donc ça va être compliqué de voir beaucoup de positif. Pourtant, il y en a, notamment une victoire en Coupe du Monde, et surtout beaucoup d'enseignements.

Si tu es Championne du Monde et que tu gagnes les deux dernières manches de Coupe du Monde, tu changeras peut-être d’avis…
Oui, c’est sûr. Ça deviendra compliqué de ne pas être satisfaite (rires). Et je vais tout faire pour. 

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