Louis Pijourlet : « Mon tournoi le plus abouti »
Crédit photo Philippe Le Cocq - Les Photos de Phil
Louis Pijourlet continue sa collection de maillots bleu-blanc-rouge. Démarrée en 2018, elle s’est poursuivie ce samedi à Loudéac en finale de la poursuite individuelle. Le représentant du Track Team Arc Alpin a battu Erwan Besnier, le jour de l’anniversaire de Guillaume Mondon, le responsable du Team Piste Elite. Le recordman de France de l’heure s’impose donc pour la neuvième fois dans un Championnat de France sur piste.
DirectVelo : Quel est ton attachement à la poursuite ?
Louis Pijourlet : Quand j’étais petit, j’étais un peu nul, je passais mes courses à courir derrière le peloton et quand j’ai grandi, j’ai passé mes courses à courir devant le peloton, j’ai dit à mon père, j’adore cet effort. J’ai toujours bien aimé cet effort de la poursuite mais je n’ai jamais trop réussi. Mais cette fois, c’est mon tournoi le plus abouti.
« ON N’A PAS FORCÉMENT LE TEMPS DE SE PRÉPARER »
Pourquoi pas n’as-tu pas réussi plus tôt ?
Il faut se préparer, on n’a pas forcément le temps de le faire. J'en parlais avec Thomas Denis qui est plus talentueux que moi mais qui a pris les intensités plus tard. Sur deux fois 4 bornes, ça ne pardonne pas quand tu es seul face au chrono. C’est une épreuve qu’on ne court qu’une fois par an, c’est difficile d’acquérir de l’expérience et moi j’ai besoin d’expérience. Aujourd’hui je fais mon record de watts, mon chrono record (4’16’’546) et mon meilleur résultat en poursuite à 29 ans. J’ai pris du plaisir autant qu’on puisse en prendre seul face à soi-même, mais je commence à en prendre l’habitude (deux records de France de l’heure, NDLR).
Comment s’est passée ta finale ?
J’ai eu deux secondes d’avance assez vite et ensuite, ça a augmenté un tout petit peu, en tout cas, c’est ce que j’ai cru comprendre. Mon coach me disait « avance, avance ! ». Je ne savais plus où j’en étais, je regarde le compte-tour et c’est à ce moment-là que je le (Erwan Besnier) vois dans le virage. Il ne restait plus beaucoup de tours et il fallait que je craque fort pour qu’il me rattrape mais je ne me suis pas relâché, tant que le pétard n’a pas retenti, il faut rester concentré.
C’est ton neuvième titre...
Le premier était fort en émotion, à Hyères en 2018 dans la course aux points. Il était fort, il y avait de très bons coureurs au départ. Tous les titres sont un peu spéciaux. On minimise les titres de Champions de France quand on est entouré de Champions du Monde ou de Champions olympiques. Un titre de Champion de France n’est jamais anodin, on peut relativiser un titre mais pas neuf dans cinq différents en sept ans, ce n’est plus le hasard.
« C’EST TOUT PAR MES PROPRES MOYENS »
Est-ce que c’est important de ne pas rompre le fil avec le maillot de Champion de France ?
Hier soir, j’ai dit aux copains de la Track Team Arc Alpin que ça allait être la première année où j’allais repartir sans rien. Ça me travaillait un peu et, en rigolant, je disait Erwan (Besnier), il en aura d’autres des titres et moi c’est peut-être mon dernier. Le titre national, c’est le titre d’une des meilleures nations du monde sur la piste.
Comment as-tu trouvé le temps de le préparer cette fois-ci avec ton activité avec GCN ?
Avec GCN, j’ai dû couper fin juin-début juillet pour aller au Tour de France et à l’Eurobike. Je me suis régalé. J’ai pris ça comme ma coupure hivernale et ça m’a permis de ne pas recouper plus tard. Avec Marie (Le Net) qui a repris l’école et qui est aussi revenue de Paris avec un Covid olympique qui nous a empêché de sortir pendant quinze jours, de cette période moins drôle, ça m’a permis de travailler pendant que les autres avaient besoin de couper. C’est la première fois que je fais un cycle aussi complet de spécifique en poursuite individuelle.
Tu gagnes aussi sur un vélo qui n’est pas à toi, combien de temps te faut-il pour t’habituer ?
Je l’ai récupéré un peu plus tôt que d’habitude. Souvent, je le récupère deux-trois jours avant l’épreuve. Là, je l’ai récupéré un bon mois avant grâce à Vincent Martins (détenteur du record de France du 100 km, NDLR). Ce qui serait bien, c’est d’en posséder un mais ça coûte très cher d’avoir du matériel performant et, comme individuel, je n’ai pas le soutien d’une fédération ni d’une équipe pro. C’est tout par mes propres moyens, ça rajoute du relief au titre mais ça prend la tête...
Comment va se passer ta saison sur route ?
Je repars en N3 au CC Périgueux Dordogne, après deux belles saisons au Team Bricquebec Cotentin, dont je suis très fier humainement et sportivement. J’avais besoin de me rapprocher de la maison et de réduire les voyages qui m’épuisent depuis une dizaine d’années. Surtout qu’avec GCN, je dois être à Bayonne le lundi matin. Ça commence à tout gâcher de vouloir être partout. Je me focalise sur ce qui est important, c’est à dire se faire plaisir.