Christophe Laporte : « J'arrive dans mes plus belles années »

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

En 2025, Christophe Laporte aura une petite revanche à prendre. Au printemps 2024, le coureur de Visma-Lease a Bike a enchainé maladies, blessures, chutes, et opérations. En conséquence, la période des Classiques qu'il aime tant a tourné court, bien trop court pour un tel coureur qui aime s'exprimer dans ce type de courses mouvementées où il faut avoir les cuisses solides. Heureusement, avec peu de jours de course dans les pattes, il avait bien fini son année avec une médaille de bronze aux Jeux Olympiques puis une victoire sur Paris-Tours. Mais l'ancien vainqueur d'A Travers la Flandre et de Gand-Wevelgem en 2023 espère maintenant retrouver son terrain de jeu en 2025, dans un collectif toujours redoutable. Christophe Laporte s'est confié à DirectVelo.

DirectVelo : Comment vas-tu après une saison faite de hauts et de bas ?
Christophe Laporte : Il y a quand même eu de belles satisfactions même si je n’ai pas pu faire les Classiques la saison passée, ce sont des courses qui me tiennent à cœur. Pour l’instant, tout va bien, ma préparation s’est bien passée jusqu’à présent. J’ai dans la tête les Classiques. J’avais un peu mal au dos mais rien de très grave, peut-être que l’âge se fait sentir.

Du fait des Classiques manquées, s'agissait-il pour toi d'une mauvaise saison ?
J’ai quand même une médaille olympique en 2024 et la victoire à Paris-Tours. On ne peut pas dire que c’était une saison noire car elle aurait été vide sinon. L’équipe a eu des saisons avec plus de chance et de réussite. En 2024, on en a eu un peu moins. Les deux précédentes années étaient fantastiques. Parfois, tout se passe bien, parfois un peu moins. Il faut faire avec. Chaque année, on repart à zéro. Je ne pense pas à l’année passée, je pense juste à cette année et à ce que je peux faire pour que ce soit le mieux possible. On fait notre maximum. Il y a eu beaucoup de chutes dans l’équipe l'an passé, on essaie de comprendre et d’améliorer les choses. 

« LE STATUT RESTE LE MÊME »

Ta médaille olympique a changé quelque chose ?
Avec la médaille olympique, ça n’a pas forcément changé au niveau du cyclisme mais plutôt au niveau régional avec les comités olympiques. On est invité par le président de région ou autre. Je reste distant avec tous ces trucs. Déjà, on a peu de temps pour nous alors que j’aime bien passer le temps qu’il me reste - hors vélo - chez moi. On a quelques petites obligations qu’il faut prendre en compte. 

As-tu changé de statut au sein du collectif Visma-Lease a Bike ?
Publiquement, mon statut a peut-être un peu changé. Mais au sein de l’équipe, ça a toujours été le même. Depuis que je suis arrivé, le leader a toujours été Wout (van Aert). Mais ce sont des courses très ouvertes. Je fais partie des coureurs qui ont un « free role » tout en épaulant Wout. Le fait qu’on fasse la course, ça l’avantage et vice versa. L’équipe a plus confiance en moi c’est sûr, mais le statut reste le même.

Tu as un nouveau compatriote dans l'équipe, en la personne d'Axel Zingle...
Je le laisse un peu faire, il est assez mature pour prendre ses marques lui-même. C’est mieux comme ça. Quand je suis arrivé, je n’avais pas de chaperon au-dessus de moi. Bien sûr, je suis là s’il a besoin de moi et il le sait. On vient du même pays, on a vécu le même début de carrière chez Cofidis. C’est un grand changement. Il s’intègre très bien, ça fait beaucoup d’informations d’un coup pour lui mais je pense qu’il va arriver à gérer ça et à comprendre comment l’équipe fonctionne. Je ne suis pas inquiet pour lui.

« LE LEADER, C'EST WOUT (VAN AERT) »

Comment se passe ta préparation ?
Ma prépa a été à peu près similaire aux précédentes. Personnellement, je fais un peu plus de travail sur mon corps en général pour ne pas avoir de soucis avec mon dos ou autre. J’ai 32 ans maintenant, je dois prendre un peu plus soin de moi. Avant le vélo, je passe plus de temps à effectuer des exercices de renforcement ou de stretching pour essayer de diminuer les blessures ou des douleurs.

Quel va être ton programme ?
Premièrement, ce sont les Classiques en ligne de mire : Omloop Nieuwsblad, Kuurne, Strade Bianche, Mila-San Remo, les Classiques belges et Paris-Roubaix. 

Comment va s'articuler ta collaboration avec Wout van Aert ?
On fait quasiment les mêmes courses. Ses objectifs sont bien sûr le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Ce sont des courses où je serai aussi là. Le leader, c'est Wout. À la pédale, c'est lui le plus fort dans l'équipe pour aller remporter une de ces courses. Comme on le sait, les Classiques sont aussi tactiques, ce n'est pas toujours le plus fort qui gagne. Il aura aussi certainement besoin de coureurs comme moi pour anticiper et mettre en difficulté ses adversaires, les faire travailler plus que lui. Le but est plus que ça lui serve pour ces grandes courses. On va essayer d’utiliser le nombre comme toujours pour pouvoir jouer plusieurs cartes et ne pas avoir toute la pression sur un coureur, afin d’être plus fort que les autres sur la façon de courir.

« UNE VICTOIRE SUR PARIS-ROUBAIX SERAIT L'ABOUTISSEMENT DE MA CARRIÈRE »

Après quoi cours-tu, finalement ?
J’aimerais me rapprocher le plus possible d’un Monument. Je sais bien que je peux gagner une Classique, je l’ai déjà fait. Mais un Monument, c’est encore une marche au-dessus. À la pédale, je sais que c’est difficile de rivaliser avec des coureurs comme (Mathieu) Van der Poel et (Tadej) Pogacar. Mais ce n’est pas toujours le plus fort qui gagne, c’est aussi ça qui fait la beauté du cyclisme. La façon de courir peut m’amener, si tout se passe bien et dans un bon jour, à avoir l’opportunité de jouer la victoire sur une de ces courses. C’est l’objectif de ma fin de carrière. J’ai gagné une étape sur le Tour, à Paris-Nice, au Dauphiné, j’ai gagné deux Classiques... Ce qui pourrait être encore mieux serait de me rapprocher de la victoire sur un Monument, ou même un podium. Une victoire sur Paris-Roubaix serait l’aboutissement de ma carrière. J’aurais réalisé plus que ce que j’ai rêvé.

Tu te verrais finir ta carrière dans cette équipe ou éventuellement revenir en France à l'issue du contrat qui s'achève en 2026 ?
Je me sens bien ici, c’est une équipe qui me comprend. Ils savent comment je fonctionne, ils s’adaptent. Au niveau performance, je ne peux pas me plaindre. C’est l’équipe qui pense le plus performance dans le peloton, mais qui est aussi très humaine. Je me sens bien avec ce groupe de coureurs, je n’ai pas de raisons de partir. Mon objectif est de faire les deux plus belles années possibles. Je suis plus près de la fin que du début. Je sais qu’il me reste quatre-cinq ans importants mais j'arrive dans mes plus belles années. Tous les ans, j’arrive à progresser. Il faut fournir mon palmarès et je choisirai au moment voulu ce qui me conviendra le mieux.

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