Portrait : Lise Revol, dans les yeux de la Mama
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Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo
Elles ont fait le voyage d’Avignon jusqu’à Liévin ce mercredi après-midi, toutes les deux, mère et fille. Marie Revol ne loupe de toute façon jamais une compétition de sa fille, en France comme à l’étranger, alors elle ne risquait pas de manquer la course la plus importante de la toute jeune carrière de Lise. Championne de France Juniors de cyclo-cross au début du mois, après avoir déjà décroché le titre deux fois chez les Cadettes auparavant, lauréate de deux manches de la Coupe du Monde, à Besançon puis Benidorm, la Vauclusienne est une sérieuse prétendante au titre mondial, ce week-end, elle qui cumule également les titres nationaux en VTT et sur route. Alors pour l’occasion, toute la famille va se rendre sur le circuit du Pas-de-Calais pour encourager la petite championne de la famille. “On n’est pas stressés, on sait qu’elle est prête”, assure la maman auprès de DirectVelo. Prête à lutter contre les meilleures athlètes mondiales de la catégorie U19. Prête, aussi, à affronter une météo possiblement capricieuse. “Il pleuvait dès que l’on est arrivés. C’est le Nord !”, rigole la sudiste.
LA GRANDE RÉVÉLATION… EN ACCOMPAGNANT SON GRAND FRÈRE
Ce moment, Lise Revol l’attend depuis des mois, déterminée comme jamais et bien consciente de l’enjeu. Sa montée en puissance, tout au long de la saison, ne peut que la mettre en confiance, elle qui n’en manque de toute façon pas d’ordinaire. “C’est une fille assez sûre d’elle. Quand elle a un doute sur quelque chose, sur le matériel ou tactiquement, elle pose la question à mon mari qui était lui-même cycliste. Il lui partage son expérience. Mais sinon, quand elle a décidé quelque chose, elle le fait”. Marie Revol cite le Championnat de France sur route d’Altkirch, au printemps dernier. “Elle avait dit qu’elle allait attaquer à tel endroit, dans la bosse du troisième tour, et elle l’a fait”. En cumulant déjà les maillots tricolores et médailles d'or, sur les traces d’une certaine Pauline Ferrand-Prévot, comme elle avait tenu à le souligner en conférence de presse (lire ici). Lise Revol s’est habituée à gagner alors, forcément, elle envisage rarement autre chose que la victoire lorsqu’elle prend le départ d’une compétition. “J’aurais été déçue de ne pas gagner”, confiait-elle pour son premier entretien avec DirectVelo, en janvier 2023, après son premier sacre dans les labourés chez les Cadettes (lire ici). Un an plus tard, elle tiendra exactement le même discours pour son doublé. “Lise est déterminée. Elle a toujours fait ça sérieusement, tout en s’amusant. On n’a rien changé depuis les Pupilles”.
“On” car maman et le reste de la famille ne sont jamais bien loin. “On a trois enfants. Le grand-frère de Lise s’est mis au cyclisme en premier, sa sœur à la natation. Comme il était compliqué de gérer trois activités différentes pour les trois enfants, j’ai dit à Lise qu’il fallait qu’elle choisisse entre le cyclisme et la natation”. La désormais octuple Championne nationale - toutes disciplines confondues - essaie d’abord l’athlétisme et se retrouve, un jour, sur un vélo presque par hasard. “On accompagnait son frère sur un cross à Bollène. Quitte à faire le déplacement, elle a dit qu’elle voulait participer à la compétition elle aussi”, se souvient Marie. Bingo : Lise Revol l’emporte dans sa catégorie d’âge, devant les garçons ! “Elle avait déjà son âme de compétitrice, à 6 ans. Elle a gagné une coupe, un sac à dos, un t-shirt, une gourde… Et c’était parti. Elle nous a dit qu’elle voulait continuer le vélo”. Symboliquement, quelques années plus tard, c’est encore à Bollène qu’elle étrennera pour la première fois son maillot de Championne de France U17 (voir ici).
LA TÊTE DANS LES LIVRES
Entre-temps, Lise Revol s’est consacrée de plus en plus sérieusement à son sport, jusqu’à faire un choix important au niveau scolaire. Dès sa dernière année au collège, en 3ème, elle opte pour le CNED, la formation à distance. “Elle allait à l’école le matin et s’entraînait l’après-midi, puis faisait ses devoirs à la maison”. Un choix et une situation pas toujours simples à assumer. “C’est devenu compliqué au lycée, en seconde. Elle a eu de plus en plus de remarques désobligeantes. Elle était rabaissée, elle a eu des 0 à la pelle pour travaux non rendus. Elle était stressée, elle avait toujours peur de se faire gronder le lundi matin en revenant d’un week-end sur une course”. Aujourd’hui à 16 ans, la sociétaire de l’AS Bike Racing tâche de trouver le meilleur équilibre possible, mais pas question de dénigrer l’importance des études pour autant. “L’un ne va pas sans l’autre, elle le sait très bien”.
Ambitieuse mais pas obnubilée par sa pratique du sport cycliste pour autant, Lise Revol à d’autres passions, comme la lecture. “Elle aime énormément ça. On a fait 4h30 de train pour venir à Liévin et elle n’a pas décroché ses yeux des livres une seconde du trajet”. La Provençale est également passionnée de photos - “même si elle n’a pas trop de temps à y consacrer en ce moment” - et elle a récemment appris à jouer du synthétiseur, "ces pianos qui ne prennent pas trop de place dans la chambre". Autant de domaines qui lui permettent de s’évader, elle qui aime le calme et la discrétion, malgré l’obligation de se retrouver souvent au milieu du brouhaha des compétitions cyclistes. “Lise est une fille discrète. Je me souviens que lors de ses premières courses, elle mettait tout de suite les lunettes, presque pour se cacher, ou pour se mettre dans sa bulle, du moins. Elle n’aime pas se faire voir. Ce n’est pas parce qu’elle est Championne de France qu’elle va s’habiller en bleu-blanc-rouge de la tête aux pieds. Elle est coquette quand même mais elle n’est pas exubérante”. Et même si elle ne compte pas changer de liserets sur le casque ou les chaussettes, nul doute que Lise Revol ne serait pas contre échanger son joli maillot bleu-blanc-rouge contre une tunique arc-en-ciel ce week-end. Elle en a les capacités.