Jarno Widar, un premier test concluant avec les grands

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Jarno Widar a lancé sa saison 2025 vendredi par une frustration. Dans les pentes du Mur de Fayence, le Belge n’a pas pu faire la course. “Je me suis clairement fait avoir sur le positionnement. On savait qu’il fallait être devant mais c’était juste impossible. À ce niveau, je n’ai pas l’habitude de frotter à ce point et je me suis fait déborder. J’ai attaqué le pied bien trop loin des meilleurs”, concède auprès de DirectVelo celui qui n’a, ensuite, même pas cherché à lutter. “Je suis un gagneur, faire 15e ou 20e ne m'intéresse pas. Je n’ai pas fait la montée à fond car j’ai directement compris qu’il n’y avait rien à aller chercher. Quand tu es là pour gagner, c’est difficile de rester focalisé pour aller faire une placette”.

Qu’à cela ne tienne : le coureur de la Lotto - qui pige cette semaine avec la ProTeam mais appartient toujours à l’équipe réserve en 2025 - s’était promis de faire bien mieux ce samedi, pour la première étape du Tour des Alpes-Maritimes. Sur un parcours musclé, sans un mètre de plat ou presque et avec une arrivée sur les hauteurs de Gourdon, il a pu se tester et décrocher un Top 5 encourageant en jouant avec les grands noms du peloton (voir classement). “Revenir sur (Richard) Carapaz dans la montée finale, un ancien vainqueur du Giro, c’était dingue. Dans ce peloton, il y a des vainqueurs d’étapes du Tour de France etc, c’est le grand bain !”, s'enthousiasme celui qui a coupé la ligne juste devant Guillaume Martin-Guyonnet. 

DANS LA ROUE DE RICHARD CARAPAZ

Ce premier test est d’autant plus concluant que l’auteur du doublé Tour d’Italie Espoirs - Tour du Val d’Aoste l’an dernier n’a pas eu une préparation optimale ces dernières semaines. “J’ai passé deux semaines malade. J’avais de la fièvre il y a dix jours et ensuite, j’étais encore patraque”. C’est ainsi qu’il s’est présenté sur sa course de reprise avec “seulement quatre jours d’entraînement” dans les pattes. “Je suis très fier d’avoir pu performer dans ces conditions”. Toujours aussi attentif à ce qui peut être dit sur lui dans les médias belges, Jarno Widar avait été vexé de ce qu’il a lu vendredi soir après la Classic Var. “Il y avait déjà des brèves pour dire que je n’avais pas les jambes, que je n’avais pas pu suivre… C’est fou”, sourit-il. “C’était une motivation supplémentaire pour aujourd’hui, j’en ai fait une force”.

En 2025, l’Espoir 2 a donc décidé, en concertation avec le staff de la structure belge, de rester dans la réserve, avec un calendrier sensiblement identique à celui de l’an passé, qui passera par la Ronde de l’Isard - 2e l’an passé -, le Tour d’Italie Espoirs et le Tour du Val d’Aoste, les deux compétitions transalpines dont il est le tenant du titre. “On a simplement ajouté les Boucles Drôme-Ardèche avec les pros, le week-end prochain, et on a enlevé l’Alpes Isère Tour, car ça faisait beaucoup et de toute façon, ça tombe cette fois-ci pendant la Flèche Ardennaise”, explique Wesley Van Speybroeck, qui pouponne la pépite flamande depuis son arrivée chez les Espoirs et qui est le directeur sportif des rouge-et-blanc ce week-end. 

LE MÊME BLOC ISARD, GIRO ET VAL D’AOSTE AVANT UN RÊVE D’ARC-EN-CIEL

L’an passé, Jarno Widar avait explosé en vol à la fin du Tour de l’Avenir, tant physiquement que mentalement, après une saison très intense. Alors forcément, chez Lotto, on a pris en compte ce mauvais souvenir de l’été dernier pour ne pas reproduire les mêmes erreurs. “Il y avait sûrement un peu trop de jours de course au calendrier. On va faire attention, même si le programme ne va pas beaucoup changer. Tout est bien réfléchi, calé. Jarno a son programme pour l’ensemble de l'année. On ne s'interdit pas de modifier quelque chose, bien sûr, mais normalement tout est calé”. Avec, cette fois-ci en point d’orgue, le Championnat du Monde sur route et le rêve de décrocher le maillot arc-en-ciel à Kigali, au Rwanda, sur un parcours très difficile qui devrait lui convenir à merveille. 

Le nombre limité de courses avec les pros est également voulu. “Il reste un Espoir 2, il faut y aller étape par étape”, analyse son directeur sportif. “Pour autant, il faut quand même en faire quelques-unes. C’est très important d’être ici ce week-end, comme il était important de faire la Coppi-Bartali l’an passé. Il voit la façon dont ça frotte chez les pros, il a beaucoup appris sur la Classic Var”. Quant au fait de retourner sur des épreuves qu’il a déjà remportées ? Wesley Van Speybroeck ne craint aucun manque de motivation. “Il faut penser à plus long terme. Jarno est un gagneur, il n’y a pas à douter de son envie d’être le meilleur à chaque fois qu’il prend le départ, peu importe le contexte. Et chez les pros, c’est sans pression. Si il fait un Top 10, tant mieux, mais ça reste d’abord de l’apprentissage, réellement. Par contre, en U23, on ne pourra jamais dire qu'on vient pour apprendre ou qu'on est content de faire un Top 10. Ce sera toujours pour gagner”. La concurrence est prévenue. Déjà très solide l’an passé, Jarno Widar pourrait bien être la terreur du peloton U23 tout au long de la saison. En attendant, il va continuer d’engranger de l’expérience chez les pros, ce dimanche, sur la Côte d’Azur.

 

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