Une monumentale bataille à Milan-San Remo

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Une passe d’armes mémorable, un duel en arc-en-ciel arbitré par un troisième homme qui a réalisé “l’une des meilleures performances de [s]a carrière”. Ce Milan-San Remo restera dans les annales, tant la bataille depuis le pied de la Cipressa jusqu’à la dernière ligne droite a été belle et indécise. Et pour la troisième année consécutive, c’est un coureur au maillot d’Alpecin-Deceuninck qui a coupé la ligne d’arrivée le premier. Mathieu Van der Poel, déjà lauréat il y a deux ans, a remis le couvert en disposant au sprint de Filippo Ganna et Tadej Pogacar après un dernier effort de 300 mètres debout sur les pédales (voir classement). “J’ai lancé de loin car je me doutais qu’ils pensaient que j’attendrais au maximum. J’ai voulu les surprendre et je me sentais assez fort pour tenir 300 mètres. C’était la bonne tactique”, a déclaré le lauréat en zone mixte après l’arrivée.
Avant de l’emporter au sprint, le Néerlandais a dû répondre aux multiples offensives de Tadej Pogacar, tant dans la Cipressa que dans le Poggio. “Je savais qu’il allait tout mettre dans les deux ascensions mais je me sentais très bien en fin de course, après avoir vécu un début de journée horrible à cause de la pluie et du froid. Heureusement, je me suis senti de mieux en mieux au fil des kilomètres”. L’ancien Champion du Monde considère tout de même que l’actuel maillot arc-en-ciel “était le plus fort dans les ascensions”. Mais il n’a jamais lâché plus de deux mètres. “La Cipressa, c’était déjà quelque chose ! On s’est retrouvés à trois et l’entente était plutôt bonne car c’était la garantie de finir sur le podium pour chacun de nous. Puis dans le Poggio, j’espérais pouvoir contrer mais il était suffisamment fort pour suivre à son tour”.
« IL FALLAIT Y ALLER À FOND »
De son côté, « Pogi » se voulait beau joueur malgré la déception. “Il faudra analyser les erreurs qui ont été faites mais d’après moi, c’était une très belle course durant laquelle on a tout tenté. Ce n’était simplement pas assez”. La tactique des UAE Team Emirates n’aura pas surpris grand-monde : Tim Wellens puis Jhonatan Narvaez ont monté le pied de la Cipressa à bloc avant que leur leader ne mette le feu à trois bornes du sommet. “Je voulais partir seul, j’y croyais, même si ça pouvait aussi sembler présomptueux et qu'il n'était pas si mal d'être à trois”. Mais il n’en a rien été. “J’ai remis ça dans le Poggio, je savais qu’il fallait y aller le plus tôt possible mais Mathieu et Pippo étaient tellement forts…”.
Car Filippo Ganna, lui aussi, a fait preuve d’une résilience hors normes pendant une petite dizaine de kilomètres pour ne pas craquer, seul en contre, alors qu’il a compté jusqu’à quinze secondes de retard sur le duo de tête. “Dans la radio, on me disait de garder mon rythme, de ne pas lâcher. Le public m’a poussé également à me battre jusqu’au bout. J’étais prêt à tout, quitte à tomber dans la descente. Il fallait y aller à fond”. Jusqu’à rentrer aux 800 mètres pour offrir aux tifosi un sprint à trois. “Ma seule erreur, c’est peut-être de ne pas avoir anticipé ce sprint mais j’étais dans le rouge”, concèdera le puissant rouleur d’INEOS Grenadiers après coup. “On voulait tous les trois lancer au même moment, je crois. Mais Mathieu était le plus fort, chapeau à lui”, admet pour sa part Tadej Pogacar. Voilà ainsi un septième Monument qui tombe dans l’escarcelle de Mathieu Van der Poel - trois fois le Tour des Flandres, deux Paris-Roubaix et désormais deux Milan-San Remo -. “J’ai du mal à y croire. Je n’ai pas les mots. Gagner en étant entouré de ces deux mecs-là sur le podium, c’est un honneur”. Et un moment d’histoire du cyclisme moderne, un de plus.
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