Steve Chainel : Sa saison, son équipe
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Steve Chainel, qui a débuté l’année 2015 sous les couleurs de la Cofidis, a décidé de se consacrer à sa discipline de prédilection, le cyclo-cross. Il revient pour DirectVelo.com sur sa saison et sur la manche de Coupe du Monde disputée, dimanche, à Lignières. Il parle aussi de son nouveau costume de manager puisque le Lorrain a créé son équipe dédiée au cyclo-cross, le Cross Team by G4. Une équipe qu’il espère voir grandir dans les prochaines saisons.
DirectVelo.com : Quel est ton sentiment après la manche de Coupe du Monde de Lignières ?
Steve Chainel : L’objectif était de s’approcher du Top 10 donc, c’est une grosse désillusion (voir le classement). Je suis très déçu et franchement j’ai trouvé que le parcours était indigne d’une manche de Coupe du Monde. En partant en 4e ligne, ma course s’est terminée à la fin du premier tour. Je passe 35e sur la ligne avec 50 secondes dans les dents sans pouvoir m’exprimer. Ensuite, j’ai pris des risques pour remonter et je suis tombé... Pour moi c’est un gros foutage de gueule vis-à-vis des coureurs qui partent en fond de ligne. On ne pouvait pas remonter. Ce qui est encore plus dommage, c’est que le circuit des Championnats de France en 2014 était top [L'UCI a demandé à l'organisation de faire des modifications, NDLR].
« ACCEPTER LES CRITERES DE SELECTION »
Un absent à Lignières, John Gadret. Tu es aussi son manager, que souhaites-tu ajouter à sa non-sélection au Mondial ?
John (Gadret) a réagi de manière naturelle et franche (voir ici sa réaction). Il y a eu beaucoup de réactions par rapport aux choix du sélectionneur, mais nous connaissions les critères de sélection depuis le début de la saison. Je dois jongler entre mes deux casquettes, celle de coureur et celle de manager. Forcément j’ai mon avis et en tant qu’ami de John (Gadret) j’aurais aimé vivre ces Championnats avec lui mais il y a des critères de sélection et on se doit de les accepter.
Après cette manche de Lignières, quels sont tes objectifs à Hoogerheide puis à Zolder ?
J’ai axé tout mon hiver sur ce mois de janvier. Pour l’instant, j’ai complétement raté mes deux premiers objectifs. La forme est bonne donc je m’accroche et j’espère rebondir. Hoogerheide et Zolder sont deux circuits qui me plaisent, je me sens capable de réaliser une belle perf aux Championnats du Monde, à Zolder. Je ne me voile pas la face, je me doute que je ne vais pas gagner mais entrer dans le Top 10 serait fantastique. Même un Top 15 qui peut paraitre anecdotique me satisferait. C’est aussi un plaisir de réintégrer l’Equipe de France avec des jeunes talentueux et une très bonne dynamique de groupe.
UN TOP 10 A ZOLDER : « FANTASTIQUE »
La création d’une équipe avec ce que tout cela comporte, t’a sans doute fait perdre de l’influx, tu le regrettes ?
Je savais que ça allait être compliqué. On m’avait prévenu mais j’ai voulu gérer les deux, ma saison et l’équipe. Aujourd’hui, je me rends bien compte que c’est impossible. On ne peut pas être à 100% coureur et gérer les partenaires, la logistique, le matériel. Même si j’ai été à 95% concentré sur ma performance sportive, au top niveau, ce n’est pas suffisant. C’était une année de lancement et je suis ravi. L’année prochaine, j’espère être plus accompagné.
Quel est l’avenir de ton équipe ?
A moyen terme, mon ambition est de monter une équipe Continentale qui se consacre exclusivement à la pratique du cyclo-cross. Pour cela, il me faut trouver un budget entre 1 million et 1.5 million d’euros d’ici 2-3 ans. La saison prochaine, j’ai envie que le projet grandisse. En février mars, nous allons nous réunir avec les partenaires pour savoir comment le budget peut évoluer. Le but c’est que nous puissions préparer la prochaine saison de cyclo-cross dans des conditions optimales.
1 OU 2 RECRUES EN 2016, CONTINENTALE POUR 2018
Est-ce qu’on peut s’attendre à voir de nouveaux coureurs intégrer l’équipe ?
Pendant la saison, j’ai reçu une quinzaine de CV. Je me suis forcé pour ne pas me pencher sur les candidatures avant le Championnat du Monde. Avant tout, c’est une question économique. Pour accueillir de nouveaux coureurs, il faut que notre budget s’accroisse proportionnellement. On peut peut-être envisager d’accueillir un ou deux coureurs pour la saison prochaine mais tout est une question d’argent.
As-tu envisagé de créer une équipe Continentale sous licence étrangère ?
L’idée m’a traversé l’esprit une seconde. Je tiens à ce que l’équipe soit française et réponde aux obligations salariales françaises. Je veux une équipe avec des salariés afin de mettre les coureurs dans les meilleures conditions. Aujourd’hui je ne peux pas présenter aux Juniors un projet sur 3 ou 5 ans qui leur permette de se consacrer exclusivement au cyclo-cross mais c’est mon ambition.
Dans quel rôle t’imagines-tu dans les prochaines saisons, coureur ou manager ?
J’ai encore la passion du cyclo-cross, j’espère courir au top niveau encore trois ou quatre saisons. Pour cela, il faudra surement que je délègue la partie gestion à quelqu’un. Ce sera forcément un proche qui défende les mêmes valeurs que moi. Je ne veux pas que les coureurs soient des simples porte-maillots interchangeables. A terme, j’ai envie de me consacrer à la détection, et à l’accompagnement des coureurs, pour être capable de les mener au haut-niveau. Même jusqu’au titre mondial, si les belges sont capables de le faire pourquoi pas nous ?
Crédit photo : Freddy Guérin - www.directvelo.com
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