France Espoirs : Ermenault s’est mis « les tripes à l'air »

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

Crédit photo Maxime Segers / DirectVelo

Grâce à un final impressionnant, Corentin Ermenault est allé décrocher la médaille de bronze sur le Championnat du Monde du contre-la-montre Espoirs à Bergen (Norvège). Le rouleur a refait son retard dans les derniers kilomètres pour devancer le quatrième de deux secondes (son interview). Pierre-Yves Châtelon, sélectionneur de l’Equipe de France Espoirs, revient pour DirectVelo sur cette médaille, sans oublier la performance de Rémi Cavagna et l'abord de la course en ligne.

DirectVelo : La médaille s’est jouée pour une poignée de secondes. Dans ces cas-là, le rôle du directeur sportif ou du sélectionneur semble encore plus important... Il faut trouver les mots justes ? 
Pierre-Yves Châtelon : J’ai joué mon rôle. “Coco” m’avait dit avant le chrono qu’il ne voulait pas que je le lâche s’il jouait le podium. Dans les trois derniers kilomètres, j’ai repris ma voix pendant une dizaine de secondes et c’est même lui qui m’a harangué pour que je continue. C’était bien de partir dans les derniers car on avait les écarts. Il s’est mis les tripes à l’air pour faire la différence.

Partir prudemment était le bon choix tactique ?
Il fallait en garder. “Coco” était six ou septième après les trois premiers kilomètres même si ce n’est pas représentatif. On avait vu sur le contre-la-montre par équipes que la côte serait le juge de paix. Ils étaient six ou sept pour la seconde place.

« IL ETAIT PARTI EN CACHANT LE CAPTEUR »

Etais-tu inquiet à l’avant dernier intermédiaire quand Corentin Ermenault est passé avec une vingtaine de secondes de retard sur le podium ?
On sait qu’il finit bien ses chronos. J’ai eu un peu peur car il était parti en cachant son capteur de puissance. Puis avant la bosse, il a enlevé le cache. Je me suis dit : “il va peut-être monter avec le capteur”. J’ai eu un peu peur mais finalement ça ne l’a pas gêné.

Cette médaille, la deuxième pour lui après les Championnats d’Europe en août, est une satisfaction ?
Oui, le titre était inaccessible. Je n’en attendais pas moins de lui. Il a une classe pure. Je l’ai secoué après les Championnats d’Europe car il l’avait vraiment fait sur la classe sans vraiment travailler. La véritable satisfaction, c’est qu’il a bossé derrière le scooter lors de notre stage. Le talent ajouté au travail, ça donne un beau résultat. On peut quand même regretter qu’il ait très peu couru sur la route cette saison. Il n’a pas fini une course depuis le Championnat d’Europe. C’est pour ça que je ne l’ai pas aligné sur la course en ligne. 

« REMI S'EST ECRASE SUR LA FIN »

Qu'as-tu pensé de la performance de Rémi Cavagna ?
Il s’est écrasé sur la fin. Je reste persuadé que le circuit était trop technique pour lui car il a tendance à lâcher la position au passage des dos d’âne par exemple. Il lui faut des chronos où rien ne vient le perturber. Il a perdu du temps par rapport aux meilleurs dans la côte aussi. Je l’avais laissé gérer sa préparation comme il le souhaitait car il avait eu des problèmes pour gérer la pression lors des derniers Championnats. Il n’y a pas d’excuse à chercher. Il a eu un passage à vide. 

Est-ce qu’une médaille peut avoir une vraie influence sur la course en ligne ?
Ce qui est pris n’est plus à prendre ! Ca enlève peut-être un peu de pression et ça crée une émulation positive entre les équipes de France. Je me souviens de certaines années où j’entraînais les Juniors et Bernard Bourreau les Espoirs. On se répondait du tac-o-tac niveau médailles. C’est ce que je souhaite cette année ! 

« BENOIT M'A A DEMI-SURPRIS »

As-tu été surpris par la victoire de Benoît Cosnefroy sur le Grand Prix d’Isbergues dimanche dernier ?
Je savais que Benoît avait le niveau. Je n’ai été qu’à demi-surpris ! Il avait déjà gagné une étape sur le Rhône Alpes Isère Tour dans ce style après une longue échappée. Ca met tout le groupe dans de bonnes dispositions après un très bon stage de préparation au niveau de la cohésion et de l’entraînement. D’ailleurs, nous avons un groupe WhatsApp avec les gars du stage. Tout le monde l’a félicité. Ce sont des signes ! 

Le dernier vainqueur de ce Grand Prix Isbergues, Kristoffer Halvorsen, avait été Champion du Monde dans la foulée !
Oui j’ai vu ça ! Ca aurait pu mettre de la pression à la majorité des coureurs mais pas à Benoît ! Au contraire ! J'ai d'ailleurs vu qu'il avait profité de son interview d'après-course à Isbergues pour rappeler qu'il savait gagner (lire ici), puisqu'on lui avait souvent fait remarquer en rigolant qu'il collectionnait les deuxième ou troisième places.   

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