David Boutville ne fait que du vélo et ça se voit. A l'attaque depuis le début de saison, le colosse de Laval Cyclisme 53 impose ses larges épaules en tête des pelotons de l'Ouest en ce mois de mars. Dimanche, la victoire à Nantes-Segré (Elite Nationale) a récompensé sa combativité. "Je ne suis pas rapide au sprint donc je n'ai pas d'autre choix que d'attaquer pour gagner", explique-t-il à DirectVelo. 

Rien que ce week-end, le coureur de 29 ans a passé plus de kilomètres à bouffer du vent que planqué au chaud dans le paquet. Samedi, il part après un coup de bordure. "J'ai décidé de prendre un coup d'avance en pensant qu'un petit groupe allait rentrer", raconte-t-il après l'arrivée.

C'était bien vu, sauf que les cinq hommes de tête n'ont pas attendu le coureur du VC Rouen 76, Christopher Piry. "Pour moi, c'était une erreur car je pense que la course pouvait être pliée", estime l'ancien sociétaire du club normand. C'est d'ailleurs de ses années sous la direction de Jean-Philippe Yon qu'il a tiré son sens de l'anticipation. "A Rouen, on essayait toujours de prendre un coup d'avance", rappelle-t-il.

LA TENAILLE LAVALLOISE

Le coup d'avance, c'est vraiment la tactique de David Boutville. Dimanche, à Nantes-Segré, c'est encore en tirant le premier qu'il part avec trois compagnons de fugue au bout de 30 bornes. "Je voulais passer la bosse de Nyoiseau avec de l'avance sur les costauds". L'ancien vainqueur du Souvenir André Gislard reconnaît qu'il manque de giclette. "Je suis un peu diesel mais avec l'usure de la course ça va de mieux en mieux". 

Parmi les coureurs qui rentrent de l'arrière se trouve son équipier Tommmy Pouget, déjà 2e la veille du Souvenir Louison Bobet. Sur le circuit de Segré, la tenaille lavalloise va marcher à merveille. "Tommy a attaqué et j'ai contré quand il a été revu. Je fais les dix derniers kilomètres tout seul", explique le vainqueur de Nantes-Segré.

Ce beau début de saison arrive après "un an et demi de galère sur le vélo. Je travaillais depuis deux ans mais j'ai quitté mon emploi pour suivre mon amie qui a été mutée. Depuis un mois je ne fais que du vélo. J'ai ainsi pu aller en stage, ce qui m'a mis en forme dès le début de saison", apprécie-t-il. 

UNE PLACE A PRENDRE

Au sein du collectif des rose-et-chocolat, 2e des DN2 du Challenge BBB-DirectVelo, il y avait des places à prendre après les départs de Clément Davy (Sojasun espoir) et d'Erwan Brenterch (arrêt). "Il y a eu l'arrivée de Clément (Mary) et Tommy (Pouget) marche bien. Il n'y a pas de leader désigné, c'est au fil de la course que ça se décide".

La forme du 3e du Grand Prix d'Yquelon 2017 n'a pas échappé aux adversaires. "Au Circuit de la Vallée de la Loire, Nantes a couru bizarrement, ils n'ont pas voulu rouler quand on s'est retrouvé à l'avant. J'ai bien senti qu'ils se méfiaient de moi dans l'échappée", regrette celui qui s'est classé 5e ce jour-là.

Laval Cyclisme 53 va découvrir la Coupe de France DN2 cette année. Le vainqueur de Nantes-Segré a déjà connu la DN1 avec le VC Rouen 76. "Comme je ne fais que du vélo, j'essaie de préparer le Tour du Lot-et-Garonne en avril", avance-t-il tout en rappelant que son but premier cette année, "c'est de me refaire plaisir, courir placé et de chercher la meilleure place possible". Sa victoire à Nantes-Segré lui "enlève un peu de pression" dès le début de saison, lui qui n'est "pas un grand gagneur".