Jaap De Jong : « J’arrête le vélo »

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

Jaap De Jong a pris sa décision. Après trois saisons au sein du Chambéry CF, le Néerlandais était retourné au pays et s’était engagé avec l’Alecto Cycling Team pour 2018. Mais, dans le doute depuis plusieurs mois, il a finalement pris la décision d’arrêter la compétition. A 22 ans, le voilà des projets professionnels plein la tête, lui qui termine actuellement ses études mais qui vit également une première expérience en entreprise. DirectVelo a pris des nouvelles de Jaap De Jong, qui réside aujourd’hui à Lunteren, dans la province de Gueldre, en plein cœur des Pays-Bas.

DirectVelo : Le vélo, c’est donc fini pour toi ?
Jaap De Jong : Oui et ce n’est pas une décision prise sur un coup de tête. Enfin… Disons qu’en octobre-novembre, je n’y pensais pas du tout : je voulais vraiment faire du vélo et essayer de voir ce que cette nouvelle aventure avec Alecto pouvait donner. Mais à partir du mois de décembre, je me suis mis à travailler en entreprise et ça m’a vite plu. J’ai commencé à réfléchir à mon aventure dans le cyclisme et je me suis dit qu’il y avait quand même peu de chances que j’y fasse carrière. Aujourd’hui, je vois plutôt mon avenir dans le commerce, le marketing et la communication. C’est plus sûr. 

En quittant le Chambéry CF, tu as compris que ce serait difficile de faire carrière ?
Je me suis dit que si je n’étais toujours pas passé pro, c’était sans doute que je n’étais pas assez bon. Peut-être que dans trois mois je regretterai d’avoir pris cette décision, ou dans deux ans… Mais peut-être également que je serai très satisfait de mon choix et que je me dirai que c’était le plus raisonnable pour mon avenir. J’ai pris le temps de discuter avec plus d’une vingtaine de personnes : ma famille, mes amis… Ils comprennent, même si tous m’ont dit que c’était ma décision et qu’ils n’avaient pas à choisir pour moi.

« CHAMBÉRY, QUELQUE CHOSE D’EXTRAORDINAIRE »

Dimanche dernier, tu as participé à la Rabobank Dorpenomloop Rucphen, une Classe 2 aux Pays-Bas…
C’était le déclic qu’il me manquait. J’ai pris le départ et j’en ai tout de suite eu marre. Je n’avais pas envie de rouler et d’ailleurs, je n’ai pas fini la course. Je me suis dit qu’il fallait arrêter. Je ne pouvais pas continuer comme ça, être le maillon faible de l’équipe, celui qui ramènerait quelque chose de négatif. Moi, je suis quelqu’un qui rigole et qui apporte la bonne humeur mais là, ça n’aurait plus été le cas. Par respect pour l’équipe, j’ai préféré arrêter et rendre mon contrat. J’ai bien expliqué aux dirigeants que ce n’était pas contre eux mais que le mal était plus profond.

Que retiendras-tu de ton expérience en France avec ces trois années au Chambéry CF ?
C’était quelque chose d’extraordinaire. Sur le coup, il peut y avoir des moments compliqués mais quand je regarde en arrière, maintenant, je me dis que c’était une sacrée expérience. Lorsque je suis arrivé en France, je ne parlais pas un mot de français… Si ! Je connaissais “bonjour” ou “bon appétit” (sourires). Aujourd’hui, je pense que je ne suis pas trop mal (l’entretien se déroule exclusivement en français, NDLR). J’ai dû m’adapter et travailler, étape par étape. Il y avait la barrière de la langue mais lorsque je suis arrivé, j’avais aussi de grosses difficultés en montagne et je ne faisais pas attention à mon alimentation. J’ai progressé sur tout ça et j’en retiendrai beaucoup de positif.

« J’AI MANQUÉ DE QUELQUES GROS RÉSULTATS »

Lorsque l’on évoque le Chambéry CF, on a l’image de grimpeurs…
Oui mais ça a changé ces dernières années, quand même ! On a vu des profils à la Guillaume Millasseau, à la Léo Danès, à la Nans Peters et bien d’autres. C’est sûr que le calendrier n’était pas toujours parfait pour moi mais il faut être bon partout pour passer pro de toute façon. J’ai disputé Paris-Roubaix par exemple, et d’ailleurs c’était génial. Vraiment, c’était une superbe expérience.

Que t’a-t-il manqué ?
Un petit quelque chose… J’étais sans doute un poil trop juste, c’est tout. J’ai disputé des manches de Coupe des Nations, un Championnat du Monde (2013, chez les Juniors, en Italie, lorsque son compatriote Mathieu Van der Poel décroche le titre mondial, NDLR). J’ai eu de quoi me faire plaisir ! Pour le reste, j’ai manqué de quelques gros résultats, de victoires. Mais je ne peux pas avoir de regrets maintenant. Encore une fois, je ne veux garder que le meilleur.

« J’AI PLEIN D’IDÉES »

Aujourd’hui, tu ne repars pas à zéro puisque tu dis avoir déjà plein de projets professionnels !
Oui, je travaille en entreprise, dans la vente, depuis décembre et je termine actuellement mes études. J’ai plein d’idées. Aujourd’hui, j’ai la chance de parler trois langues puisque je me débrouille plutôt bien en français et en anglais. J’aimerais d’ailleurs ajouter une quatrième corde à mon arc en apprenant l’allemand, l’espagnol ou l’italien. Mais j’ai encore le temps. J’aimerais pourquoi pas partir à l’étranger, découvrir encore d’autres cultures, pour le travail. Je pense à l’Inde, aux Etats-Unis… On verra bien !

Tu es toujours ambitieux, mais hors du cyclisme…
C’est exactement ça ! Jusqu’à maintenant, j’avais des œillères. Je ne pensais qu’au vélo et je n’étais concentré que là-dessus. Aujourd’hui, j’ai ouvert d’autres portes. Et je suis motivé.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Jaap DE JONG