Geoffrey Bouchard : « A Roanne, on pouvait tous gagner »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Geoffrey Bouchard n’oubliera jamais cette journée du samedi 30 juin 2018. A 26 ans, le sociétaire du CR4C Roanne a confirmé ses excellentes dispositions actuelles par un titre de Champion de France Amateurs, sur le circuit de Mantes-la-Jolie (Yvelines). Auteur d’un numéro dans le final, il est parvenu à tenir Flavien Dassonville en respect après avoir passé l’essentiel de la course à l’avant. Très ému sur le podium protocolaire puis en salle de presse, le Roannais voit désormais plus loin, et plus haut.

DirectVelo : Tu sembles avoir réalisé la course parfaite ce samedi !
Geoffrey Bouchard : Je ne réalise pas encore. Nous avons vraiment un super groupe au CR4C Roanne cette année et honnêtement, les cinq coureurs de l’équipe qui étaient au Championnat pouvaient espérer quelque chose. On avait tous fait un Top 5 en Coupe de France et on savait que l’on pouvait tous gagner cette course. On allait tous avoir notre chance à un moment donné dans la course. De mon côté, il fallait que j’anticipe. De toute façon, j’aime bien partir en échappée puis remettre un coup de vis sur la fin. C’est ce que j’ai fait aujourd’hui (samedi).

« JE NE SAVAIS PLUS QUOI FAIRE »

Il était donc prémédité de sortir si tôt ?
Au début, je pensais attendre plus longtemps mais j’ai relancé au deuxième tour, dans la grande montée, pour revenir sur un groupe de trois-quatre coureurs. Je me suis dit que ce n’était pas une mauvaise idée d’être devant : on était mieux là, à gérer nos efforts, que dans le peloton, même si je savais que ça allait être long. On avait anticipé le fait que la chaleur arrive petit à petit et ça allait forcément user les organismes. On a su prendre des risques et aller au bout.

Dans le final, tu as réussi à résister à Flavien Dassonville…  
Je voulais appuyer mes relais. J’étais en tête du groupe puis les trois autres se sont enterrés derrière, sans que je ne me rende compte de rien. J’ai vite pris quelques secondes d’avance, puis j’ai essayé de gérer au mieux ma montée. Puis j’ai su que Flavien était parti seul en contre, la moto info m’a tenu au courant. Là, je ne savais plus quoi faire.

Car tu avais peur qu’il bouche le trou ?
Oui, j’avais peur de me faire croquer. Je me suis demandé si je ne devais pas temporiser et l’attendre, en espérant le battre au sprint. Ou alors, j’insistais. Je l’avais récemment battu à la SportBreizh donc je me sentais capable de le battre encore une fois au sprint. Mais finalement, j’ai continué de gérer mon effort. J’avais peur dans les bascules car je sais qu’il a plus de forces que moi, plus de puissance dans les portions où il faut envoyer… Mais je creusais l’écart dans les parties montantes. L’écart s’est longtemps stabilisé à dix, douze, quatorze secondes… J’ai soufflé un grand coup après la descente puis j’ai commencé à y croire à deux bornes de l’arrivée.

« IL FALLAIT CONTINUER DANS CETTE DYNAMIQUE »

Ce titre de Champion de France est le symbole d’une grande saison collective du CR4C Roanne !
Il pouvait vraiment se passer quelque chose sur le Championnat, on l’avait senti. Au briefing, je me suis fait la remarque : nous n’avions que des coureurs qui avaient déjà fait de grosses choses sur un Championnat, comme bien sûr Jimmy Raibaud ou même Simon Guglielmi en Cadets. Même dans le staff, on pouvait compter sur l’expérience de Sylvain Blanquefort, qui avait été Champion de France l’an passé avec Flavien Maurelet. De mon côté, je n’avais jamais été Champion, même régional, alors que ça me tenait à coeur. Je prenais toujours la course à l’envers. Mais là, je n’ai pas voulu me mettre de pression. Je me suis dit que j’étais sur une Elite Nationale, jusqu’à cinq-six kilomètres de l’arrivée, histoire de ne pas trop cogiter.

Tu t’étais déjà montré très fort sur le Tour du Beaujolais puis la SportBreizh : tu sembles avoir passé un gros cap en cette année 2018 ?
Ces dernières années, j’ai toujours jonglé entre le travail et le vélo. Mais cette saison, je me suis consacré uniquement au cyclisme, dès le 1er janvier. J’avais le sentiment de ne pas avoir encore fait le tour de la question, de ne pas avoir tout exploité. C’est vrai que j’ai fait une très bonne première partie de saison, puis j’ai coupé après le Rhône-Alpes Isère Tour. C’était justement dans le but de bien préparer ce mois de juin. Je voulais être en forme à partir du Beaujolais. Je m’étais dit que j’avais quatre semaines pour être au top et me faire plaisir. J’ai bien réussi mon coup.

Tu as eu 26 ans en avril dernier : espères-tu toujours passer professionnel ?
Oui, j’ai le sentiment que c’est possible. En début de saison, j’y pensais et je m’étais dit qu’il y avait une chance sur 500 que ça marche, mais je préfère me fixer des objectifs élevés, en essayant de passer les paliers petit à petit. J’ai continué à marcher fort et je me suis dit qu’il fallait continuer dans cette dynamique, en restant sérieux, et en essayant d’aller le plus haut possible. Dans tous les cas, même si je ne passe pas pro, je resterai très content des quatre semaines qui viennent de s’écouler. Je suis heureux pour l’équipe du CR4C Roanne. Nous sommes une vraie bande de copains.  

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