Jérémy Cornu : « J’avais peur d’être démotivé »
Ce dimanche, Jérémy Cornu va se présenter au départ de Manche-Atlantique (Elite Nationale) dans la peau d’un ancien lauréat de l’épreuve. C’était en 2013, et il y décrochait alors “le plus beau succès” de sa jeune carrière, sous les couleurs du Vendée U. De retour chez les amateurs après trois saisons professionnelles du côté de Direct Energie, le désormais sociétaire de l’UC Nantes Atlantique espère briller une nouvelle fois dans la montée de Cadoudal, dont il garde de grands souvenirs. C’est ce que le Normand de 27 ans a confirmé auprès de DirectVelo.
DirectVelo : On imagine que Manche-Atlantique marque un premier rendez-vous important dans ta saison !
Jérémy Cornu : C’est forcément un rendez-vous important pour moi, pour l’équipe, et pour la majorité des coureurs qui seront présents au départ. C’est l’une des plus belles Élites du calendrier. Pour moi, c’est d’ailleurs la plus belle du début de saison. Je l’aborde avec beaucoup d’envie.
« JE NE PEUX QUE M’EN SOUVENIR »
Que te reste-t-il de ton succès en haut de Cadoudal, en 2013 ?
Cette victoire reste un beau souvenir et j’ai tout fait pour être prêt à remettre ça ! Six ans déjà, ça semble lointain, mais je m’en rappelle parfaitement. C’était le plus beau succès de ma jeune carrière, ma première belle victoire ! Jusque-là, je n’avais pas gagné d'Élites. Alors forcément, le faire en haut de Cadoudal, c’était quelque chose, devant tout ce public… Je n’ai pas gagné souvent chez les amateurs alors même longtemps après, je ne peux que m’en souvenir.
Ta nouvelle formation de l’UC Nantes Atlantique semble avoir de nombreuses cartes à jouer ce dimanche…
J’ai été habitué à cette situation au Vendée U, dans une équipe où tout le monde était capable de gagner. On m’avait dit, avant que j’arrive à Nantes, que de découvrir un autre club me changerait. Mais finalement, je retrouve un peu la même chose, avec un bon mélange entre les anciens et les plus jeunes. Tout le monde apporte sa pierre à l’édifice et on aura effectivement un groupe fort dimanche. On est attendu et pour l’instant, on a su répondre présent sur ce début de saison. A nous de continuer et de rester souder. Personne ne doit penser à lui, mais au collectif. Et il ne faut pas sous-estimer les autres collectifs, car ça peut vite tourner. Comme le disait Léo (Danès) récemment (lire ici), c’est à nous, les plus anciens, d’apporter de la sérénité.
On sentait justement, à travers les mots de Léo Danès, beaucoup de satisfaction et de plaisir à évoluer avec ce groupe, dont tu es l’un des capitaines de route, en quelque sorte ?
C’est aussi le cas de Kévin Lebreton ou de Yannis Yssaad. On essaie d’apporter notre vision de la course. On a tous un parcours plus enrichi que les jeunes et c’est normal. On essaie de leur apporter notre envie. Au début, j’avais peur d’être démotivé, de ne plus trouver l’envie… Mais en fait, je suis toujours motivé comme un cadet ! A court terme, nous sommes plusieurs à vouloir passer ou repasser pro et malgré ça, on s’entraîne et on court pour le collectif. C’est super plaisant.
« JE NE COMPTE PAS CHANGER DE PHILOSOPHIE »
Finalement, tu te retrouves sensiblement dans le même état d’esprit et dans la même situation que lorsque tu étais au Vendée U !
C’est bien huilé, de la même façon. L’école Bernaudeau m’a marqué, pendant près d’une décennie. C’est maintenant ma façon de faire et c’est dur de m’en détacher. J’ai cette image de l’équipier parfait qui faisait ce qu’on lui demandait et je n’ai pas envie de changer cette image-là, cette façon de faire. J’ai été apprécié pour ces qualités-là par le passé et je ne compte pas changer cette philosophie.
Parce que tu as appris à gagner en équipe ?
Oui, entre autres. Tu as peu de chance de gagner des courses en la jouant en solo, ou en étant seul. Le collectif, c’est ce qui fait la force des individualités au sein d’un collectif, et c’est justement ce qui fait notre force depuis le début de la saison, on le voit bien. Et tous les coureurs l’ont compris ! Pour l’instant, ça tourne bien, et ça devrait continuer de bien tourner si chacun court pour le collectif. Encore une fois, il y a une philosophie et il faut la conserver. C’est ce qui m’a permis de passer pro à l’époque.
D’un point de vue purement personnel, malgré tout, as-tu coché certaines courses en particulier pour espérer retrouver les pros à l’horizon 2020 ?
Comme je le disais avant l’ouverture de la saison (lire ici), les épreuves de Classe 2 seront prioritaires. Sur les manches de Coupe de France, je serai sans doute plus souvent amené à travailler pour le groupe, à favoriser les sprints pour Yannis Yssaad, par exemple. De mon côté, je pense notamment au Tour de Normandie ou au Tour de Bretagne. Sur ces courses-là, il y a des étapes où ça se joue uniquement à la pédale, et où les plus forts sont devant. Ce seront des opportunités.